Au jour le jour 524

Où trouverai je assez de méthode pour poser le soupçon sur tout acte dont la primordialité est de nous sortir du lit ou de nous y atterrer ?


Gâté dès ma naissance, rien ne m’a paru plus grotesque que l’existence est ses affinités avec toutes ces matières qui bavent.


Rester en vie. Est-il notion plus absurde que l’on puisse concevoir ;nous ne restons pas dans la vie ,pas plus que la vie ne reste en nous, nous sommes en fait des souffles suspendus à la matière ou au zéro absolu ?


La philosophie déguise ses significations pour nous donner à réfléchir sur quelques exceptions dont le rayonnement va de la lie aux lieux obscurs de nos êtres.


Héritier au rabais d’une langue qui va de l’échange à la crucifixion, l’homme dispense pour de nobles poisons ses sentences, ses mots et leur posologie pour d’inquiétants contentements.


Plus que tout ce qui est vain, l’ennui nous amène à, penser sur nous même pour que nous puissions nous passer des souverainetés du vide.


Je soutiens qu’ignorant je pouvais assister à tous les débats sans être malheureux de ne pouvoir les rompre, mais voilà qu’en sachant je deviens interdit et insolent ,comme ce Prométhée qui a insulté les dieux tant il s’est senti leur désobligé.


Que la philosophie donne de l’éclat à toute vie me paraît une loi nécessaire, qu’elle fonde ses vérités sur tous nos mensonges également, qu’elle veuille mettre de l’ordre en toute chose me semble être du venin dans la bouche des verbeux.


Tout ce qui est capital se remarque par la consternation dans laquelle il nous plonge, tant nous nous en sommes éloignés.


On peut réussir dans l’ennui autant que dans l’espoir, l’un est le triomphe du repli, l’autre celui de l’exposition.

L’obsession, outre qu’elle se distingue en toute pensée fécondée sans cesse est la revanche de l’individu et de ses distinctions, sur l’autre avec ses rages.

La prière est parfois de l’ordre d’une provocation, qui se voudrait passer pour messagère, quand elle n’est qu’une thérapie contre le foisonnement des faussetés.

Je regrette parfois de m’oublier, et pour donner un sens à cet oubli, j’use d’une réplique sans mystère, et je mets autant d’acharnement à y penser qu’un mourant se rattache à l’existence.

Autant de raison que d’effacement.

Combien j’aurais aimé que certains saluent cette abjecte verve que j'ai parfois, afin d’avoir à me planquer des honneurs pour le restant de mes jours.

Etre c’est faire carrière dans l’illusion et n’en rien montrer.

Plus on fait abstraction de Dieu, plus on peut trahir l’homme, et y trouver quelque chose digne d’intérêt ,voire quelque science.

Fatigué, je me satisfais de n’être du côté de personne ,pas même du mien.

J’ai toujours fait en dehors de toute élevation,je n’ai observé aucun palier, aucun podium, et si j’ai quelque satisfaction aujourd’hui, c’est parce que je vis dans cet éternel danger d’y prendre goût et garde.

Plus on fait dans la vie, plus on a l’air de débuter, de commencer, c'est-à-dire d’entreprendre jusqu’aux désolations..
Il faudrait être ivre ou débile sa vie durant, pour ne résister à rien et tout porter jusqu’à la goinfrerie.

Délicieuse inertie que celle de se perdre dans ses tares, ses vides, puis déficient et las, sortir de son élément pour entrer dans une église.


C'est la déception et non la malchance, qui nous boute hors de nous-mêmes, mais honorablement.

Tout ce vulgaire que j'ai sous la main, il faudra bien que je le dépense pour des refus universels.

Devenir, c'est se détourner.

On habite sa propre ténèbre, et on y est autant éclaireur qu'en perdition.

L'homme est insoutenable, autant dans sa légèreté que dans sa gravité.

Chaque siècle a des absences autorisées, que cent ans plus tard nous appelons égarements.

Tant tout est hors de moi, et autour de moi, que dans cette suspension je ne rencontre que des charlatans, qui altèrent mes idéals, et qui se mettraient à y penser dans un pire, s'ils ne m'y voyaient.

Dans l’apathie comme dans la solitude, notre morgue est une combine ontologique.


Ayant voulu attenter à ma vie, j’ai aujourd’hui largement de quoi m’abandonner à ma déplorable habitude de choisir jusqu’à mon plus petit retrait.


Quoique je commette, j’ai le sentiment d’avoir orchestré des représailles, et en suis honteux comme un Job sur son fumier.


En mon for intérieur un Hamlet dort dans un sarcophage, et Djoser s’arrange avec des reîtres.


Rien n’existe en dehors de ce que je saisis du monde quand je suis livré à l’ivresse, et que celle- ci a été brodée sur le comptoir des contentieux et des désespoirs.


Dans chaque amour naissant je suis un globe tendu des déceptions à venir, et rien ne peut me réconcilier avec la chair, pas même de m’y voir grandi, gagné d’une indéniable beauté.


Dans la nostalgie, les croix ont de célestes attitudes, dans l’ennui, elles sont dans le sens d’un défunt monté dans l’azur fatigué des hommes et de lui-même.


Dans mes insomnies mon corps est sans signification, pourtant il supporte cette vulgarité des heures qui sert la conscience, en lui donnant à réfléchir sur ses propres insignifiances.


Lorsque nous nous engageons dans nos raisons absentes, l'espace la fête et l'esprit ne reconnaissent pas les milles visages du bonheur provisoire de nos jeunes âges ,celui-là qui n’était n'est pas surprenant ,il nous empoisonne du jaune des égarements ,de celui de la maladie et endormi à lui-même il ne s'est aggravé  que par l’ordre d'arrivée des soldats d’une troupe avec dans les mains  des exigences ,aux grandes cabanes de l'histoire sans aucune provision ,nous voici  aller à celles qui ont acquis des médicaments pour exister, qui débarquaient dans la vie nouvelle avec des marins bachiques  qui ne contenaient aucune autre lumière.

Comme pour un rachat, une nouvelle séduction, mes mouvements se sont faits dans la circulation oblique qui va de l’aorte aux ventricules ,elle est lente, sourde, lente, lourde, sans effet et sans détonation, loin de vos appartenances, mon devoir à présent est dans un lieu calculé qui n’est pas le mien, là où d’autres femmes marchandes d’habits et de leurres m’abritent pour me poser aux lèvres des baisers méthodiques, c’est ainsi que je suis devenu un intermédiaire entre mon désir et le leur, toute la panoplie d’une surveillance contraignante,  rien que je ne puisse commettre à présent et qui vous irait comme une belle ordonnance, mon paradoxe réside dans ma crédulité, je ne me contente plus de mes faiblesses, je les prononce comme de vieux modèles qu’on a pris soin d’épouser, me voici donc friable, cassant ,sec, je vis dans une privation argentée, elle ne me suffit qu’à augmenter mes vides et mes fumeuses excellences d’homme esclave de son ennui, tous les sens qui me convenaient, que vous différiez de moi pour un combat dans l’enceinte ardoisée, les voici qui ont des méthodes d’examen et de féroce esprit…

Ne vous fiez pas aux hommes exemplaires, ils le sont trop ou pas assez, leur langueur, leur ennui, ne sont que la somme de leur manque de fraternité, c’est là leur second visage, le payerait il de quelque injustice, non, ils ne savent pas  que dans leurs cercles de feu quelqu’un les regarde fixement, et leur pointe un canon à la face ,c’est cela leur endettement, vivre dans de bas héroïsmes, dans l’oisiveté des sens et de l’esprit, mon refus d’eux est droit, touchant, clair, abrupt, mais ce n’est  pas à moi de faire de leur station un chemin de croix sans chute et sans calvaire, ils sont dans l’expérience de vivre, et bien qu’ils vivent et rampent, ces vers répartis sur le globe pour bouffer de la terre animale, semblable ,mais moins regardée, mon approche de l’épousée voulue était à ce prix, rouler au sol ventre à terre pour des privations d’air et des façons de reptile hasardeux, quoique je veuille tout corriger à rebours, je n’y arrive pas, il m’est bon et utile de le savoir, je suis d’un vieux modèle qui manque d’instruction…