Dit pour A.B

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A  A.B

Lettres à une absente

1991

Qu’il est bon dans cette volonté liquide de ployer sous ses croyances , d’y laisser se développer toutes les idées, au toucher  clair d’une femme qui ramène à elle  les suspensions, de s’y porter jusqu’à croire que dans ses archipels, ses mouillures, ses stances et ses mots, il y a la voix de quelqu’un qui loge dans une cathédrale, qu’il est bon de s’échapper de cette attente, de se rassembler ,de mettre sa force dans sa propre dissolution, d’être de base et de hauteur, de se dire que la poudre qu’on agite explosera en grains de beauté sur la peau de cette même qui défait ses cheveux, les secoue et atteint à la grâce muette des cariatides prises dans la frénésie des siècles morts, qu’il est bon de ne pouvoir toucher à cette misère de se savoir sot, de s’en distraire pour y revenir encore et toujours…


J’ouvre les yeux, elle est là dans la fauve froideur de cette bête qu’on loue, seule au monde avec ses délices et sa vérité, poison initial d’une annonciation sous les néons, belle et chaude esclave avec un corps pour en finir de tout, sans surenchère ,sans commande, elle résonne comme une diane quand les soldats sont debout sur le gravier, et qu’à l’aube des draps ont été tirés sur leur visage pour les accorder au sommeil ou à la mort, prospère dans cette chambre où elle ne consentit qu’une seule fois au mensonge de sa nudité extrême, à ces animalités d’ange déchu, elle frissonne, elle va parler, elle se contient, et se contente d’un silence d’apparat ,ses cheveux éxubèrent encore, je dis avec la douceur d’un qui va à un enterrement, ne reste pas ,ne reste pas, mais déjà le jour se détend…


Alarme, guère d’insolence ,plus de simplicité, rien qu’une grande peine dressée comme une stèle, jeux de papiers et de verres, comme dans le feu létal brûle brillamment la crêpe brodée de chintz,  aux lèvres humides d’hier répondent ces leveuses d’hectomètres, les ensablées, celles qui prient ,qui pleurent comme des couperets, leurs torches n’atteignent que la blanche opacité d’un cœur en reliques et en breloques, je viens voir ici la dernière des potinières, sale écho du désespoir, mon exhortation à me tenir droit, ma précieuse livrée promise à d’autres ivrognes, à ceux qui témoignent le poignard sur la gorge ,que je sois amer, lamentable, vulgaire, est sans conséquence, elle se débine de moi, je veux pourtant toujours me recueillir, l’accueillir, aboutir à cette femme qui valait bien une rédemption…


Il y a deux choses essentielles dans l’existence, l’instant et le moment, mon instant et mon moment ont la forme d’un chiasme, dans ces heures déjà lointaines ,et c’est peu de le dire, je m’entretenais d’elle comme d’une belle littérature, elle était mon obscur chantier qui va jusqu’aux livres ouverts et lus, mon ciel, palme trouble de mes renoncements, ce regard de moi-même sur les jours de craie et de chaux, ma pleine lumière sur la double unité d’une figure de rhétorique qui dit la plupart du temps une osmose, un commerce équivoque, ou une contrefaçon, j’avais pour tout objet, son âme, parenté d’éclaircie dans cet isolement, conduit que je regardais fixement sans bouger d’elle avec des déraisons et des simulacres de conscience mal établie,  que ne me vient- il plus en esprit cet esprit-là ,cet invisible où j’oscillais entre la tentation pour toute les menteries d’une femme, et un bel esclavage, affolée comme une hase dans un phare, je la revois se blottir contre moi avec le corps nocturne d’une embaumeuse…


Mon dernier amour est une usure singulière figure du détournement ,du dédoublement, à bien le regarder ,c’est heurté , averti ,sensuel, misérable, économe, qu’il est encore aujourd’hui ,et dans le lointain repos où il dort ,boit et mange en appentis de regrets, il reste ouvert en globes d’enseignements, de signatures fixées sur les détours du temps, comme plus rien ne me convient ,que personne ne me convie plus aux correspondances, je mets mon corps dans les mains des filles muettes qui désertent les rues pour des crépuscules capiteux et vains, qui ont le défaut de se taire, rien n’objecte que cela vaille, mais je le fais, je fouille dans leur ventre, je roule des mécaniques, je suis obscène, elles ,elles se lèchent les babines, me tapent la queue et sur le système, rien n’y fait ,elles sont mes nouvelles attaches, mes nœuds gordiens ,roulent leur langue sur les parties les plus sombres de ma vie ,de mon anatomie, je regarde vers demain les yeux remplis d’ombre et de poussière...

 
Jours d’été obscurcis, je vais dans l’existence comme en une nuit où tout se soumet à l' infini pris dans la rétention des gestes qui nous sauvent, je me vois amer, en fait je suis las, mon sentiment n’est guère plus que la contagion d’une maladie que l’enfance n’ a pas su retenir, n’a pas considérée, rien ne me va ,ni mon sang qui gonfle ma chair et ma peine, ni la musique couverte par les images ineptes de mes souvenirs, ces choses que je croyais justes ne me portent plus dans la paix avec son fonds ordinaire, ses acclimatations saugrenues, je ne vois rien qui pourrait servir à des démonstrations ,j’aime aussi que dans ce sourd grondement passent encore ses pas, les formes que prenaient son corps lorsqu’elle était mon présent ,lorsqu’elle était mon creuset pour de beaux lendemains…


Nous buvions, nos mains s’appliquaient aux verres, déversoirs de nos déraisons, elles composaient des prismes sur nos peaux piquées d’éternité, c’était encore l’été avec le mal comme un prurit ,l’amour comme une démangeaison, il prenait l’entière place qui ne se salit pas avec le temps, celle qu’on garde jalousement ,celle qui nous était destinée quand nous étions recommandés ,celle où nous ne voulions pas de notre mort, une étoile nous était due, elle prit feu dans le globe charbonneux de nos regards ,c’était son absence qui m’ouvrait des espaces où tout toucher me rendait misérable, me ramenait à sa vie, station déserte des antiques provinces à sa bouche minérale de tant de saisons régentées par  mes émois et mes dépositions ,couleurs ambiguës des tableaux embarrassés d’échelles et de soies, dans ces livres qui prennent la poussière et le présent comme témoin, je vois des mots qui me ramènent à ses vertiges, mais de la considération je n’en ai plus…


Il pleut ,lourdes, lentes larmes, l’air est une lame sans faiblesse, les feuilles liquides s’abreuvent d’une matière à sève ,j’apprends dans le trouble de ma solitude une solitude plus trouble encore ,elle rejoint l’amour qui la contient ,le visage de cette femme offerte, belle offrande quand je la touchais, que lui soit rendue cette grâce infinie quand elle se baignait dans la matinale lumière de notre chambre ,digne oiseau qui palpite encore entre mes mains, il restera toujours dans cette aurore où s’apaisent nos vies renouvelées, l’idée qu’elle me montrera ses divines pierreries, qui qu'elle fut ,sans que je le sache ,je n’ai pas su lui demander de me presser d’être un homme ,de me parler sans la rudesse qui va à ceux qui la désobligèrent, je n’ai pas su ,et tout m’est comme une remontée d’acide dans les veines…


Dans ce réseau de songes, lorsque la femme infidèle se tient encore dans ses robes légères, ses obscurités ,ses ensablements, l’amour est un jouet brisé, les voix ne vont plus ensemble, l’or, l’argent, les douces matières laissent une place plus amère aux formes du dormeur avec ces nouveaux visages qui me brûlent, je ne suis plus dans vos ressemblances ,dans les eaux souples des fontaines, mon poids est une charge, ma charge n’est plus la vôtre, voilà que vous allez libre seule vers des horizons plus violets, que mes herbes inconvenues, ces potions limoneuses que je vous destinais parfois ne  vont plus  à votre chair qui s’ouvrira à d’autres caresses,  mais vous ne veillerez plus sans trembler, ce qu’il y a d’impur retombera toujours dans vos âges de roches ,comme sont décrochés les rideaux de votre existence, votre nudité se montrera en de tristes matins, je ne veux plus prétendre à quoi que ce soit de vous, à ce qui vous ressemble, je vais protéger  mes anciennes gloires d’attardé qui attend une autre nommée, celle qui sortira d’un labyrinthe avec des yeux de voyageuse…


Vous n’étiez pas la plus jolie mais tendiez à cette vie sans hâte et sans lourdeur, avec ce regard si clair que c’en était comme une courbe, une station où convergeaient toutes les correspondances, c’est ainsi que je vous aimais, votre beauté c’était le dessein que prenaient votre ruse, votre intérêt à me voir m’avancer jusqu’à vous dans la supplique pour d’équivoques jeux, pour un baiser ,ce buvard maculé d’amour que je vous tendais dans le désir délicat d’être deux à l’employer ,je n’avais pas à vous fouiller, votre enfance, je le sais était un immense reposoir sous des pluies de gestes charmants ,comme autant d’étincelles dans la nuit qui vous guérissent de l’immensité de ces filles qui s’abandonnent à des livraisons, comme de vieux modèles qu’on emploie, plus je vous aimais pour ces secours quand votre main  s’appuyait sur mon épaule pour vos ouvertures, vos fatigues d’eau courante aux éviers du partir,plus vous le saviez et en jouissiez, et vos mots qui me furent si proches, ordonnés aussi, avaient la teneur de ces parages où l’on s’efface pour y voir le paysage grandi de nos accords, comme des stèles, des sentences sont à présent posées sur mon chemin, dépêchée de vous mettre à l’écoute d’un autre, je me vois dans un quaternaire qui ressemble à un puits sans fond et je m’y noie….


Ce qui s’est consumé aurait pu à nouveau se consommer,  vous le saviez il aurait suffi que le ciel soit moins noir,  moins pesant, que l’herbe croisse, que les objets dignes retrouvent leur place, que des mots vous soient destinés, que vous vous mêliez à la femme que vous fûtes, que vous me regardiez comme un homme sans approximation, un être de présence soutenue, il aurait suffi que je vous croies, que vous décidiez d’être claire par tous les temps, moins lourde de vos épanchements aux portières et aux bougies, que votre corps ne se défende plus du mien, que nos vieilles images s’accompagnent de jours sans garde, et sans l’héritage des nuits qui ont joué contre nous, que ne reprenez vous plus ma main pour m’emmener entendre là où elles se trouvent, ces musiques légères qui ne suscitent pas des étranglements…


Ce qui nous vient de l’enfance est dit avec la bouche pleine d’amertume, de regret, de pleurs, la mère absente, l’attente, la durée d’un temps à compter le temps, et tant de temps dans les rêves en pleine lumière, que sommes nous devenus, nous qui n’avons pas su nous enrichir l’un de l’autre, que n’avons nous plus de larmes pour inonder le ciel des paillettes de notre existence vouée à la discorde, que n’avons-nous plus d’idées de vagabondage, de vastes plaisirs sentimentaux ,l’amour seul nous met nous maintient dans la vie, c’est une exigence, c’est un devoir que de lui rendre sa fortune, que ne sommes nous plus dans ses apesanteurs, où pour respirer nous n’avions besoin de tant de souffle, de tant d’air ,de tant de bouffées, maintenant que nos nuits soient profondes ou étouffantes, désertes, elles portent les traces, les teintes d’une douleur secondaire, vive, ainsi celle de toute perte anticipée, celle de l’amour et de l’enfance confondues, comme en un  tableau de maître où le fusain se mêle à la sanguine, et le temps n’est plus qu’un crachat, qu’un parjure qui nous montre ses forces et nos faiblesses…


L’aube est là une nouvelle fois, si ancienne pourtant ,elle traîne en elle les gonds rouillés qu’elle ramène à votre porte, à votre assistance, aux appuis que vous mettiez sur mon chemin et qui ajoutaient à mon allant tout le poids de mes sottes démesures, j’ai cru que donner me grandirait, j’ai cru que donner était réjouissant, il n’en a rien été, vous ne vouliez rien accepter, je n’ai plus aimé me réjouir, donner est devenu une idée de vol introduit en moi pour d’autres inconséquences, c’était se soumettre à ce réel sur lequel je ne savais ni peser, ni insister, je n’ai plus aimé voler, je n’ai plus voulu me soumettre à quoi que ce soit, saviez vous que dans tous mes abords il y avait une avancée vers vous, une demande, une quémande, il y avait de la prodigalité, de la souffrance, celle de retenir une place parmi les hommes, peut être ne l’ignoriez vous pas, je n’en sus rien, ce rien me devint un lourd héritage, pourquoi ai-je fait tant de mauvais usages de tous mes actes ,de ma parole et de mon corps, je paye encore aujourd’hui ma propre méconnaissance, la vôtre aussi…


Votre voix, parole proche pour ce qui se prononce, s’étire dans l’existence et lui donne ses intentions, ses inflexions, à présent qu’elle s’est tue, rien n’est abondant, rien n’est clair, je suis dans l’épuisement, tout ce qui s’échappe à mes yeux me revient la nuit pour me rouer, comme si tous les livres que j’avais lu se déroulaient dans une course de mots et de mensonges qu’il me faudrait rattrape,r  y voir la trace infecte de mes crimes, de mes belles souillures ,celles qui disaient que j’étais un autre que moi quand ça me démangeait du côté qu’on a le plus de mal à bien élever, dans ces heures qui se suivent, qui déplient le tapis rongé du temps  d’absolution, je me suis arrêté sur l’éphémère nécessité  d’être un vieillard de plus tôt, un homme de plus tard, vous, vos sommeils s’établissent dans la paix, les miens dans l’imposture d’un faux devenir, je reste en mise à jour, j’y consens, j’en conviens, il ne peut en être autrement, tout ce qui m’interrompt n’est que glu et silence, je suis pris de mots qui me pèsent ,qui me lassent, je vais contre eux et contre vous, c’est ainsi qu’est mon salut, joué contre votre vie et non la mienne…


Un accord vous est donné, il porte en lui ses parts ,ses monceaux d’hier, de la terre, du travail, du sel qui fleurit aux bouches savantes, ce réel que vous étiez le voici en ancrages, en échappées de distances qui me rapprochent de vous, mon bel amarrage, quand après toutes les courses en solitaire, je revenais  ivre de nuit d’altitude, de morne civilisation ,je vous hélais alors, mon archipel, mon bac pour aller au gué, pour vous rejoindre sans offense, et sans offensive, vous êtes encore en moi comme toutes les couleurs d’une existence qui ne s’éteint pas, comme la brûlure du lait qui repose sur le fourneau, ce vert d’émeraude comme en optique regard, celui qui ne se coulait pas dans les octobres d’ombres et de pluies saumâtres, vous étiez aussi de ce bleu des marais qui fume ses carnets de jours pour en faire des journaux qu’on mettra aux mains des voleurs, qu’on s’y noie aussi sans avoir su attendre le violet de mon désespoir, mais vous êtes ailleurs, je le sais, le contiens, ce qu’il me reste de rancœur est obscurci par mon sang, je veux me colorer d’une joie admise sans la folie brouillée de mes pauvretés extrêmes…




Le bleu du ciel est toujours bleu, je ne veux pas qu’il en soit autrement, le bleu du ciel c’est l’aveu et l’avent de notre amour, c’est la formule que prennent la pierre, le feu, l’eau, aux mains des lapidaires, c’est la couleur de ma maladie à ne rien vouloir montrer,c’est la couleur de mes persuasions, celle de l’encre qui témoignait de vous, salive, sueur mêlées dans l’improbable lit des communions hâtives, aujourd’hui encore avec l’application d’un élève étourdi de songes, d’appels inentendus, je buissonne, je me cache du monde pour mieux m’encadrer dans mes sombres peintures, cette absence qui est la vôtre m’ouvre à des toiles de bure, à des toiles aux impatiences d’enfant qui réveille l’ancien écho de votre présence, qui m’enserre de toutes parts pour des rectitudes, des angles, des droites qui dansent de funestes musiques, déchirantes sitôt qu’on les entend, que rien ne vienne se mélanger à cet abandon, que rien ne vienne me décider à ne plus me soumettre à cette pauvreté qui m’est dévolue, ordonnée comme un alignement de lits d’hôpital, comme cette réclusion où je reconnais que mes errances et mes erreurs valaient par leurs formes allouées et que vous n’aimiez pas…


Celle qui venait à moi par sa volonté et s’absentait par la mienne est de mon histoire, elle me ravit aux livres, à l’écriture, aux putrides sentiments des amantes mal éveillées,aux ombres qui me forcent à couper court au corps monstrueux de la nomination, à ce jour tenace comme une injure, singulier par l’intérêt que je garde à y figurer en adulte impatient de se tendre,j’ajoute que ne me conviennent ni sa fatigue, ni son goût pour mes numéros de faussaire, quoi qu’elle ait effacé, elle ne pillera pas mon espoir, ma confusion, je déserterai bien avant qu’elle n’ait mis ses yeux à mon visage d’ivrogne, soulevé de terre pour une exaltation, sur ma pauvre figure arithmétique, d’un autre cas, cette manière qu’elle a de ne plus m’entendre, de rester dans les aguets, dans la tourmente d’une enfant qui ravive l’écho, il faudra bien qu’elle décide de l’ordonner, qu’elle devienne plus sage ou plus trompeuse, afin que je ne me taise afin, que je la questionne…


Quand les convenances et les conventions ne sont plus que ruine, l’esprit peut il s’enorgueillir de ses facultés à paraître puis à disparaître, qu’y a-t-il d’imposé, d’inapproprié en nous, sinon ce qui reste dans la fabrique des ténèbres, et qui ne va plus à nos sens, que le cœur est le seul à entraîner dans sa grammaire, pour le faire figurer en témoin dans le regret ou l’abstention, je frémis encore de toutes ces variétés de scrupules que j’avais à sa vue ,en sa présence, de ces tentations soutenues qu’elle distinguait dans la mollesse d’une femme du dernier rang, je me posais à elle comme un être de chair, répétant qu’il ne comprenait rien aux roulures du temps, pressé de voir dans ses ébranlements le plus infâme des subterfuges, ces mêmes vestiges où fleurissent les émois et le temps ocre de pourrir, les troubles aussi avec leur force centrifuge qui m’amenaient à sa vraie nature, à son vrai corps d’amoureuse…


Distance et poussière, voilà à quoi vous êtes aujourd’hui convenue, charme caduc de toutes vos entreprises à faire de moi un homme, un énergumène qui se tend et se tait, et vos doigts qui se portaient sur les crochets des violes, qu’ont-ils accompli, sinon du geste d’adieu, peuvent ils à présent serrer et soutenir quelqu’un, je retiens qu’à votre ancienne peur de me perdre vous ajoutiez les accessoires d’une parole qui m’entraînait du coté de la croyance, des herbes miraculeuses, et s’il m’arrive de penser à vous ,j’y pense comme à ce qui s’oppose à la laideur avec le travail sérieux de l’esthétique,  l’amour est du genre humain, est ce parce que nous nous cachons l’un de l’autre ou est ce parce qu’il y a ce tumulte que nous ne comprenons pas que nous restons deux saboteurs au seuil des tours sans contrôle, quelque regard que vous ayez, et que j’ai encore pour vous, ils sont sur le mode de la perpétuité, cette brutalité, cette intimité aussi que je retiens d’hier, vous ont-elles tant accablé que vous n’osez me dire que j’étais un double trop ingrat et trop solitaire…


J’apprends à reconsidérer l’existence comme une menterie, une application à la gravité, à la raillerie, sans facteur de risque, aux affronts et affrontements, serai je l’obligé de la plus offensante des indiscrétions que vous n’en sauriez rien, de la plus secrète des duperies, vous ne l’apprendriez pas, que n’avez-vous su m’expliquer, les applications, les beaux entendements, le doute, la peine incongrue , j’ouvre la voie à des instructions sur moi-même, défi et paradoxe d’un homme que de hautes intentions ont rendu plus indécis encore que celui qui apprend ,se tait ,se contient dans le silence, infecte vanité de croire que tous les serments nous renforcent et nous élèvent à des leçons, à s’instruire de son métier de vivre, du personnage à la traîne qui se meut en chacun de nous, dans le sens de s’allonger, et qui d’autorité se place dans le naufrage ou l’amour, cet objet superflu de l’existence que l’existence sert pour nous mettre des chansons au cœur et les nerfs en pelote…


Vous m’étiez un fief où il fallait être attentif aux voilures du ciel coiffé pour des orages, l’enchantement des ennemis qui auraient pu trouer les nuages, ou s’y construire des dômes et un trône, une assise d’orge,  de blé, dans les plaines aux brûlures violettes, et qu’y aurait il eu dans cette éternité d’aimer, si je ne m’étais rempli d’un nouveau devenir, celui où j’aurais pu m’alanguir ou m’encanailler, ici dans ce corps dans tous ses états, qui ne pense qu’à s’endormir, je suis un incendiaire au repos, je ne me couche plus dans le faste des rêves aux étranges saluts que j’avais l’impression de reconnaître à ses couleurs muettes, à ses odeurs de maladie, de vomissures, voici que je suis dans les dispositions de celui qui s’approche du feu furieux, de ses disharmonies, et qui tente de l’éteindre avec ses mains bandées, nulle grandeur, si ce n’est celle de la stupidité me chaut ,et ne peut mieux montrer ma nature, prenez pour acquis mes doses et leurs dosages de vous…


Ne vous fiez pas aux hommes exemplaires, ils le sont trop ou pas assez, leur langueur, leur ennui, ne sont que la somme de leur manque de fraternité, c’est là leur second visage, le payerait il de quelque injustice, non, ils ne savent pas  que dans leurs cercles de feu quelqu’un les regarde fixement, et leur pointe un canon à la face ,c’est cela leur endettement, vivre dans de bas héroïsmes, dans l’oisiveté des sens et de l’esprit, mon refus d’eux est droit, touchant, clair, abrupt, mais ce n’est  pas à moi de faire de leur station un chemin de croix sans chute et sans calvaire, ils sont dans l’expérience de vivre, et bien qu’ils vivent et rampent, ces vers répartis sur le globe pour bouffer de la terre animale, semblable ,mais moins regardée, mon approche de l’épousée voulue était à ce prix, rouler au sol ventre à terre pour des privations d’air et des façons de reptile hasardeux, quoique je veuille tout corriger à rebours, je n’y arrive pas, il m’est bon et utile de le savoir, je suis d’un vieux modèle qui manque d’instruction…


La faculté d’entreprendre un ouvrage, une entrée en matière, quelle fut de bruit ou de prétexte, attire l’attention de tous ces inélégants que la morve et l’entrain placent sur les estrades, je connais ce sentiment, le désavoue, l’abjure, ce n’est pas ainsi que j’entrevois la correcte harmonie des mots, de leur emploi, de leur tâche, je tenais à vous le dire, que je me pose dans le retrait l’honnêteté ,les retournements, mon labeur me rend exquis parce qu’il est suspendu à mon corps comme une danse orientée vers l’avenir, je vous ai connue dans ces mêmes dérèglements des manches du demain, quand  parmi la faune des souvenirs vous ressortiez indemne pour me montrer la pratique de l’enfance, sans cesse criblée, sans cesse reçue, votre distance partait de là ,c’était une prévoyance, un égard, je m’en contentais dans cette nécessité de perdre l’habitude de vous attendre, quand vous rentriez à des heures incertaines, je garde en compassion l’homme que j’étais, infatué, certes, mais attentif, pas en pourriture de son âme, je voulais briller par mes belles lettres et leur service, je n’ai été qu’un dilettante libéré du culte de votre imagination…


Je sais qu’aimer tient de la reprise, des cordes et des lendemains qu’on brasse doucement avec les mains de l’homme que l’on devient, de mes méprises, de mes mensonges, de mes prières levées pour bruire à la face d’un saint cramoisi, vous ne retîntes rien dans mes badineries, mon sang épais lui seul fut le plus falsifié  des arguments que je vous jetais au visage, ce n’était plus une théologie, mais une science hasardeuse pour vous donner à croire que j’étais dans l’honneur des sentences que je m’infligeais, mes alléluias, mes axiomes, mes théorèmes étaient augmentés par mes soumissions et insomnies, faut il précise que je ne me prescrivais pas ces élucubrations, mais qu’elles venaient à moi dans la beuverie et la pharmacopée, je voulais croire en quelque vertu d’éclat, en quelque constance, je me suis écarté de tout pour des douleurs plus viscérales que des grêles, j’anticipe sur ce temps où ma disette vaudra mes grotesques goinfreries d’aimer et de me taire, celle de chérir ,d’honorer,  de ne pas tendre en fureur vers cette femme invariable d’aise dans tous les angles de sa vie…


De la méthode, du champ, pour ses escapades, pour ses subornations, qu’en mon esprit subordonné cette mesure, cette rencontre arrivent pour un autre moi-même, si je n’ai pas fait fortune avec ce corps institué comme un maintien vertical, obligatoire,avec ses poings tendus, qu’au moins il me serve à servir, je ne sais plus si je possède de solives, d’arcs boutant, de cintres qui ne braillent pas, mais quoi qu’il arrive, je ne veux pas rompre, je ne veux pas plier sous le joug de ses fanatismes ,je vais rentrer dans un cérémonial qui va de l’aube au couchant, et tel un chien établi dans les étoiles et qui tire un chariot, ne plus me déplier, sinon pour des songes d’herbes vomitives, voici mes aises,  mon comportement, je peux convenir qu’avec certaines j’ai été dans tous les points du globe, attaché à leurs moyens de m’ennuyer, cela je ne le conteste pas, je ne mourrai donc pas de ces détonations là, maintenant dans mes cagibis, là où je recompose pour les rendre visibles, les jouets de mon vieil amour sont pétés,je reste un rapporteur d’éternité, puisqu’il garde en lui les explications des chambres où l’on s’affairait pour des drames aux yeux cernés, c’est donc d’autorité, pour des raisons qui me sont propres que je veux rester dans la folie des puretés de son langage et de sa musique savante rongée par un pendule autoritaire, commandeur de temps morts et d’arrêts, quelque nouveau labeur que je ferais, elle le saura, pour disposer de moi de mes réconciliations,  de ma peur de me savoir aigre sur ordonnance, pas aigri, pas amer non plus…


Excuses, toxines du cerveau ,pitié, amour qui se découvre mort ,qui a voulu se clore,  s’arbitrer dans une mauvaise rencontre, coté adjacent de la cour,puis se charge d’un millésime amer, neutralité inoffensive à domicile, j’absorbe du dégoût comme d’autres ravalent leur morve, il ne m’est plus besoin de sérénité pour une villégiature lointaine hors de votre portée, comme il m’est écœurant ce poison que je prends tous les jours pour mettre mes pieds dans les godillots qui me fait supporter la musique des étranglements, en me poussant dans la restriction, le jeûne, l’artifice, mon ascension est une descente aux enfers par la porte cristalline des souvenirs, boues, miasmes d’un vocabulaire ordurier me ramènent au pathos d’un qui a voulu gueuler ses éclats, ses éclaboussures à la terre entière, infigurable sur le registre des naissances, mon âme en appelle à cette passagère qui m’orientait, ne figurent plus en moi que le mot foutre et le mot dieu ,ainsi que le vivre qui en décroît, j’évolue en spirale dans le fonds inépuisable de toutes les saloperies de la nostalgie et de l’enfance…


D’odeurs assassines levées pour la seule survivance d’un éros de naphtaline manquant de saveur sentant, le sexe étroit des ébats abrupts, voici mon esprit qui dérive d’un homme que tous les objets ont devancé par leurs chagrineries d’automne et de pluie, passager désireux de ne céder sa place qu’à un mort solide, je vais dans la nuit me planquer de mes pauvretés, ma conscience en appelle à vos bras primordiaux, à votre bouche, elle ne va pas à ces filles sans douleur, disposées à remarquer la mienne pour une promesse d’aube, d’espace, dans les salines, temps de torts,  de torpeurs, de dérisions ,de fumisteries, chenapan qui tient trop compte de ses broches volées dans les maisons de maître, je n’ai plus l’idée de l’amour, qu’ai-je encore à ménager qui ne tiendrait de la déveine ,de la dérive, du ressentiment, si ce n’est ma charge d’homme avec sa volonté, ses accords et ses réticences…



En dehors de ces apparats, torture que la réalité place aux points les plus noueux de l’existence, qu’existe-t-il, si ce n’est de la belle inespérance, de la sottise à vouloir aimer là où aimer est à sa juste place, celle qu’il faut intégrer à son instinct ,aux beaux instants qui ne vont pas dans la mortification, je suis devenu sommaire, esclave d’une douleur inconsentie, armée de glaives, d’injures et de rancunes, le glaive pour frapper où ça trimballe du sens, l’injure pour ouvrir à sa folie la porte des maisons charmantes, la rancune pour croire qu’on est resté un enfant inconvenant, dans mes écarts où toute chose est entachée d’un devenir ordurier, sale, mes nerfs pèsent, mon sang tout autant, aucun traitement qui ne m’aille, le silence seul n’est pas une ruine médicamentée outrancièrement, voici ici mes sœurs d’éternité, les anciennes amours prises dans les délices de la chair et de l’émoi, l’amitié coupable qui est devenue sèche, nulle valeur ne me va plus, je n’atteins plus à quoi que ce soit d’essentiel, mon arrogance fait se débiner ceux que j’aime, j’ai trop péché contre tout et tous,je vais dormir avant une dernière auscultation, renégat que je suis, et qui relève des concrétions les plus acides les plus âcres…




Je vous souhaite de vous retourner dans votre corps, dans votre peau, sur la plus extrêmes des solitudes, de vendre votre âme inavouable pour de viles, de basses caresses, de vous perpétuer jusqu’à la pourriture d’un âge infesté, d’un temps de cris de labeurs,  de peines, et qu’aucune main ne sache vous tenir ou vous oindre, que dans vos nuits les chiens gargouilleux de désespoir viennent laper vos songes, qu’ils y déversent leurs cosmiques sanies, leurs inepties biaisées en fleurs de rhétorique, toutes les ignominies verbales de ces maîtres pleins d’une vacuité sans nom, que dans vos jours s’altère l’idée d’un homme bon, que désœuvrée vous alliez sous les cintres, les voûtes, prier un dieu retors, inattentif, qu’il vous foudroie de ses lacets d’argents, de ses thyrses d’anthracite ,qu’aucune de vos idées n’atteigne plus au ciel, que tombée au plus bas de vous-même, vous vous écoutiez geindre, jusqu’à en vomir, ayant su que vous n’étiez que dans cette oisiveté d émotions, de couleurs, de farces célestes, une paresseuse spectatrice de ce qu’elle pense, je me mets au plan de celui qui n’a pas à rougir de lui, je veux en rester là…


Maintenant que vous m’êtes contraire, que dans votre adversité vous vous manifestez dans d’odieuses disgrâces, vous vous pressez de vous instruire de ce que je fus, c’est là une de vos contusions, une de vos confusions ,petite débauchée, écervelée ,ramassée, imprécise, dépendante d’un sexe opposé, qui croyiez vous tenir contre votre sein, sinon un homme sans contentieux,un homme qui vous tenait la portière et s’inquiétait de vos traversées  diurnes, sous l’autorité des complimenteurs réfractaires à vos internes déchetteries, foin de vos définitions, de vos belles occasions, de tous vos vieux soupçons rapiécés comme des serpillières, que dans votre légitimité vous pleuriez à présent d’une jeunesse qui passe ne me chaut pas, vos mensonges étaient bien dits ,charmants, tenaces, stries gratuites en plein d’un cœur qui s’aorta tant de fois, vous ne me jugiez pas digne d’être dans votre vie, à votre vue, que dans vos jours plus un seul service ne vous vienne, quand vous serez dans la demande d’une aide ou d’un mouchoir, celui avec lequel vous me bâillonniez pour m’exclure de mes mots, que tout vous porte atteinte que vous vous démeniez dans le corps d’une que la solitude dévore, voilà mon souhait, et que vous ne trouviez quiconque qui vous prenne la main pour l’enserrer dans la sienne…


Aux ordres d’un jour où la levée de mes tristesses s’effectue comme une armée sortie de sa torpeur après avoir mis à sac son campement et la campagne, elle apparaît encore, elle est debout dans les ornières, sa voix s’est chargée de l’identité de cette autre qui dormait près de moi telle une enfant aux cheveux blonds qui harangue la mer pour la faire frissonner,elle s’est assoupie dans une enfance aux noces de pierres et d’ors, joueuse nourrie des pataphysiques des esprits qui touchent à la faculté du surnaturel, de la crécelle et du tambourin, bien que ses yeux pèsent deux années de colères, de silences, elle est terrible dans ses aiguisements, dans ses dédains, par toutes les logiques de ses pores et de sa chair en pain de sucre auquel je n’étais mêlé que dans mes beuveries, j’y vois encore ici cette affamée de moi, qui changeait ma terreur de vivre en simple retardement, me reste malgré tout la peur immense de cet inélégant qui marche vers un trône ou vers un crime qu’il serrera contre sa poitrine…


Par le plus amer le plus vil des truchements me voilà tel un plaideur dont la cause est perdue, nommé pour un jugement où je ne suis garant d’aucune compétence, c’est le dernier jour pour l’apparat, pour des propositions mal orientées, qui m’auraient mis dans les dispositions d’un être de moins de moins de ténèbres, de moins de nœuds, comme ceux qui s’organisaient contre elle dans mes lieux communs et nos communes mesures ,puis que je concluais en rodomontades ,elle n’a gardé que ces petites histoires de monstres aux dents, à l’esprit acéré, celui d’une langue de feu sous le couvert de ses attentions grossières, les inepties sans équivoque,les lois qui permettent d’aller déplier son cadavre sans peser sur la mort, rien que de la déformation, dans cette innommable injustice,je la soupçonne de ne pas voir l’intérêt que je partageais avec elle pour ces jours sans barbarie, je cherche dans un rapport sans autorité à la revoir pour me réveiller….


Après deux années d’épousailles, dans la belle lessive du sentiment, quand l’impérieuse nécessité d’aller vers un autre lui vint à l’esprit, ses dégueulis de pulsions lui firent un tintamarre au ventre, du tapage, actes solaires,  sens comprimés, elle ne se gouverna plus, elle ne tint pas le coup, c’est un revolver qui retentit à ma tempe, c’est là qu’elle jouit de toutes les violences viscérales qui furent toujours dans son affaire, elle fleurit dans mes écarts, donna son corps entier comme une obole à des mains renégates, spongieuse en son centre pour être mieux pénétrée, minérale dans son courage où tout flamboya à nouveau, c’est dans ces moments que je décidai de porter un ceinturon moins, de masse, plus de poids, autre chose à étrangler, j’y pensais dans le désir d’une pendaison, quand se soulevait la mandragore objet de convoitise, de charme inquiétant ,de magie ,mourra t-elle dans sa cécité, je l’ignore, mais elle mourra, je n’y vois là que le juste cours d’un feu qui s’éteint...


Signes de ces nuits sous un auvent, inquiétant de clartés mortes, une femme dans un recoin qui a pris un billet pour des théâtres d’ombre, un chien roux, frénétique, un éclat de voix sérieuse, celle d’un départ, un livre ouvert traitant de la façon de voir les choses en oblique, une bouteille de vin, une grenade, une serviette humide, peut être un suaire étendu par des mains sales, puis grandissant, s’alourdissant, prenant le dessus sur tous les visages, sur toutes les images, sur tous les objets, la forme même de son détachement, forme insupportable sur un plan incliné, d’où s’en vont les souvenirs, l’amour atteint cette aimée aussi malade de son pouvoir qui s’avance, qui vient à moi, elle a des atouts, des prétextes, dangers immédiats, les bonnes cartes lui sont adressées, tout le poids de ses armes et de ma solitude ne sont plus que charge et décharge, je veux fermer les yeux, j’attends de son tribunal qu’il me condamne dans la minute…


Elle dit la vie en miniature n’a pas de saveur, mettre ses chaussures à talons hauts, se froufrouter, marcher dans la ville, cossue de son poids d’alertes nécessaires, boire un café sans sucre aux terrasses inondées de soleil,  tenir la main d’un autre que moi ,ne se soucier que du peu, être légère, court vêtue ,suçotteries aux oreilles des empanachés, des empaffés du verbe considérable, voilà à quoi elle était dévolue, elle dit aussi que la vie à elle seule peut être un miroir placé dans une poche où l’on se regarde mourir dans l’attente du mourir, mais qu’a-t-elle retenu de nos immenses joies, de nos courses sous les peupliers le long des routes à brouillard,de nos hauts plaisirs ,de nos commisérations,  du palmarès de nos états d’enfance, de ces matins aux conciliabules comme des cervelets d’oiseau mouche, de nos départs pour des noces ardentes, de nos mots, de la lourdeur de nos corps après des encablures dans un lit d’hôtel à mille balle la nuitée,des hosannas qui nous coulaient en bouche, sont encore en moi des notes, des chiffres, des phrases et des clés comme un jour de remise de prix…

Il est rare que l’intelligence prenne le visage d’un homme inconsolable qui va voir une femme pour s’entretenir  des marchandises du ,ciel de conforts de l’enfer, je tiens ces propos d’un de mes oncles, castagneur ,pleureur, adorateur de mauvais genres, qui lui s’appuie sur l’idée transmise par un de mes aïeuls, qui disait qu’un mauvais mariage vaut mieux qu’un célibat de maquignon ,j’ai gardé, me suis gargarisé de la brutalité de ces bons sentiments, avec leurs aspects rustres, leur altérité, mes actions sont aujourd’hui à mes paroles ce qu’est l’échafaudage à un à pic, j’ai beau encore tenter de rester un adolescent qui s’acharne à vouloir se planquer des hommes, j’en reviens toujours à ces putains d’économies de relief et d’importance, comme je ne mens pas, je suis toujours pris en défaut de belle compagnie, celles des mots que ma famille toute entière s’exerce encore à prendre pour des farces, des boulimies,des éteignoirs de sens, je tiens quant à moi à celui que j’ai été, que je suis quelqu’un qui s’est mal orienté faute d’avoir su saisir les bonnes occasions…


Ne serait ce qu’une petite damnation, que j’aurais préféré dans la lourde affaire qui m’échoit pourrir dans l’exercice de cette fonction où j’avais établi mes parts de réel, combien aujourd’hui de magie disparue, de lèvres intouchables, de voyages gommés de lieux où je ne me fonde plus que sur la distinction de mal exister, est-il quelqu’un qui pourrait me rendre indispensable aux yeux de cette aveugle qui marche dans la neige, sur son nom visible dans tous les alphabets j’ai posé les pierres du renoncement, voici que dans mes lettres n’est plus l’amour de l’avenir, que dans mes mots ne sont plus ses témoignages, ma parole monte vers un ciel mal orienté, c’est un mauvais constat…

Alarme, pas d’insolence, rien qu’une immense peine dressée comme une stèle ,jeux de verre, de papier sur le feutre des salons, là où le feu se coule dans le chintz mêlé de lin, aux lèvres humides d’hier répondent les leveuses de hectolitres, les ensablées, celles qui pleurent capricieusement comme de vénéneuses fleurs tombées sur les caveaux moléculaires de leurs maigreur aiguisée tel un couperet, leurs torches n’atteignent plus à la blonde opacité des cœurs communs en reliques répartis, je viens voir ici la dernière des potinières, mon exhortation, ma précieuse livrée promise à d’autres ivrognes, à ceux qui ne témoignent que le poignard sur la gorge,que je sois sot, lâche, lamentable, ne me va pas ,je le sais, je veux encore cueillir de cette femme la santé de ses stances qui valent toutes les rédemptions…


A cette place dit elle, aucun cours, aucun étiage ne m’arrangent, j’ai suivi tant d’hommes dans leur fuite que j’en suis de forme lasse dans les dédales où ils tressaillaient, dans les décombres où ils se décrochaient de leurs noms propres, de leurs hontes, de leurs larmes ,j’ai entendu leurs cris, vu leurs étourdissements ,porté haut leurs victoires, je ne veux plus qu’il en soit ainsi ,j’étais sœur, amante ,celle qui se rompait aux travaux, j’ai gardé le silence, me suis tu pour ne pas me flinguer, ai craché sur mes instincts, ai bousillé tant d’instants dans des disgrâces de bête effleurée, me suis attendrie en eux quand ils ne pensaient qu’à des étranglements, j’étais l’amie ,l’aimée quand telle était leur volonté, la putain qu’on ravive pour lui ravir ses beaux objets, et puis dit elle, par cette aubaine qui n’est plus d’aujourd’hui ,je ne peux plus croire en eux, ni m’appuyer sur quiconque…


Qu’il est bon dans cette volonté liquide de ployer vous ses croyances, d’y laisser se développer toutes les idées d’un toucher et de teintes claires, ceux de cette femme qui ramène à elle la moindre de mes suspicions, qu’il est bon de croire que dans les mouillures, les anses, les archipels sonores de ma mémoire, il y a la voix de celle qui aimait se recueillir dans les basses chapelles,  qui signait par ses prières un pacte pour mes présences, pour de nouveaux détours, qu’il est bon de ne plus mettre sa force dans ses propres dissolutions, d’être de base, de hauteur, de se dire que de la poudre d’or est ajoutée sur la peau de celle là même qui fermait les yeux quand j’agitais mes mains pour laisser retomber sur son visage des parfums vanillés, qu’il est bon de n’être plus dans cette misère de me savoir nu, idiot, sans excuse, qu’il est bon de s’en échapper pour y revenir y revenir encore…


J’ouvre les yeux, elle est là dans la fauve froideur de cette bête qu’on loue ou qu’on va chouriner, seule au monde avec ses délices, ses calices, son poison, insane vérité d’une qui jamais ne se mortifia, amour poussiéreux qui cligne des paupières sous les néons des étals des boucheries diurnes, sanguinolentes des cerveaux écrasés, chaude esclave avec un corps pour se débiner ,pour tout fuir, tout retourner sur son passage ,elle résonne comme une diane quand les soldats éveillés avant l’aube ont tiré leurs draps sur leur visage peint des trouvailles de la nuit, propice dans cette chambre qu’elle ne vit qu’une seule fois à la faveur d’une désertion sans nom ,pour de dextérités d’ange exquis et désinvolte, elle se contient, ses cheveux débordent en franges, elle s’impatiente, elle se tait, je dis avec la tonalité d’un qui cherche à s’endormir ,reste, reste mais déjà le jour s’est aboli…

Comme il y a la douceur des vieilles arithmétiques, il y a la détresse des élèves aveuglés par le phosphore des notes ,des accusatifs, des mètres cubes ,des virgules et des points, aux problèmes posés celui qui sait, se tait,n’attend aucune correction, multiplie son angoisse, n’est pas un état de siège, c’est un silence renforcé sur le tableau noir tendu comme d’ignobles connaissances, voici les feintes, les encombrements, les graviers du savoir absolu, les zéros méprisés avec leurs mâchoires, les majuscules d’une haute époque, les hiéroglyphes dressées comme des stèles, toute la vie touffue avec ses heurts, ses nacelles, ses éloignements, quant au maître dans le sillage des heures avec leurs veines marquées, il voit passer le jour inscrit sur les paupières de ceux qui pleurent, de ceux qui rient…


C’est aux endroits habités par la douleur que le force est la plus grande, on a beau y balancer ses fringales de mourir, ses sortilèges, ses peurs, toutes ses intestines boucheries, rien n’y fait, cet endroit résiste, c’est une casemate, et même si on veut y barbouiller les murs de ses précipices, de ses centres confus, on sait indistinctement que le temps effacera nos traces nos résistances, c’est là aussi qu’on peut rencontrer la connaissance, celle qui va montrer sa face au soleil, et qui nous éclaire une vie durant, elle est blanche, noire ,mais elle est , elle vit, nous va, elle n’a rien d’un constat ou d’un contrat ,elle sert ,c’est tout ,parfois c’est un lieu qui ressemble à un désert de sensations qui nous sied le mieux, on a beau alors porter à son cerveau des idées et un idéal, rien n’y fait, voilà un nouvel accident de roches et de croches,je n’y mettrai donc pas toutes les photographies de mes désirs, cette lucidité ne m’envoie pas dans les pharmacies…

Parfois les compliments prennent le costume d’un vieillard indifférent à nos guêtres, à nos redingotes ,à nos belles fagoteries, et plus notre chapeau est haut ,plus les bêtes savantes sont ulcérées par nos vaillants désirs, nos maîtres ont beau eu nous confier leur connaissance acerbe, mais devant leurs inconstances, nous ne voulions pas nous déprécier, c’est pour cela que nous sommes devenus moins hésitants, moins lointains, et plus on usait du langage plus nos ingrates molécules se fortifiaient de nos brutalités raffinées comme une révérence, nous ne voulions plus de la représentation de ces roulures avec leurs venins cachés, leur faux ciel d’acajou irréel au plus haut point du jour ,que même nos chants, nos liturgies en sont devenues des fleurs avisées pour ne pas aller à la renverse, nous ne somme pas à bout, nous n’avons pas d’abcès, nous vivons, nos cortèges ne sont plus dans le froid ni dans les saignements… 


D’odeurs d’hiver jetées dans le grandir des hommes, le pain,  le sel, comme de vaines nommées, comme en flot de nervures, tu dis que te conviennent leurs sillages et leurs erres, sous la coupe de ces êtres favoris du partir, les choses te sont dues, dans les bras de ces mêmes étirés tels des poulpes mangeurs de foin et de friandises tu passes, les festins sont dans tes faveurs, tu restes ainsi au corps le plus aride une aimée fanatique, voilà qu’une foi nouvelle ouvre ton corps à l’étonnement de toutes ces petites morts qu’il est si facile d’emporter dans un baise en ville…

D‘ordinaire je sais que mon imagination est toute en fausses nuances, ciel ratatiné, gris rossignol pilleur de nids, vaste camp retranché où des marins s’enivrent sur le compte de marins plus ivres encore, ai-je une seule fois eu envie que me parviennent les pitreries de mon enfance quand dans les bras rustauds d’un  père sans langage je pressais mes mains de m’ouvrir de vastes horizons à la mesure de ma petite taille, ai-je voulu que dans mes sommeils, charmes discrets, entrent des filles sans alibi, rogneuses de jouvence et de neurasthénie ,bruissantes comme les portes qui se rabattent dans un cliquetis de sabots monstrueux, ai-je rêvé à ces chantiers sous la feuille,  la cendre ,là où des insectes numérotés comme de la paperasse s’affolaient en des mouvements de brouilles sur fond de bruit d’eau,  de calculs, tout en donnant à l’herbe ses formes, et au vent des mensonges à diffuser aux heures précises du dormir ,non arrêté sur toutes ces commotions qui sont aussi mes ignorances, je me tais, me recroqueville, délice sans contour de ne rien vouloir comprendre, de ne rien vouloir commettre…


Ce n’est rien d’être, il faut encore y parvenir, vous trouverez ici une musique légère venue après des brocs déversés qui fait mièvres mes modesties, mon orgueil insolent, ma fragilité plus rigide encore qu’un pieu de soldat ,et qui n’est pas en portefeuille, quand d’autres sont tirés aux quatre coins sous les adroites mains des veuves qui s’en tapent de les savoir proprets, quand par cent fois je désirais qu’une fille se pende à mon cou, je m’égarais ingénument dans une ancestrale fatigue, et toutes de croire que j’étais celui qu’il fallait qu’elles déversent entre leurs bras, la curiosité les poussait dans mon monde, lieu sans vertige, sans visage, sans travail, sans richesse, c’est là qu’elles dérangeaient ma bouche avec d’insipides baisers, hélas toutes ces émotions n’étaient que fausses notes, j’obliquais donc pour des mots mineurs, épouvantables, que je leur lançais à la face, il me reste aujourd’hui le sentiment d’une loyauté à mon égard, d’un règne où je ne suis plus un renégat, mais un homme commis d’office pour être un honnête homme…

J’ai laissé le hasard avec ses marchandises bon marché prendre le pas sur ma douleur, et le canon a tonné dans mes cages de verre, autour de moi avec ses moues enfantines l’air est irrespirable ,il n’est plus rempli des louanges, des motets d’hier, il se déplace sur les échelles du temps pour se reposer dans les baissières où des ânes ont gerbé, l’herbe est d’une pauvreté extrême, la terre est en renflements d’à pics frontaux, brutaux, que je ne sais franchir, les buissons abritent d’acres odeurs de pain moisi, de pitance inconvenante, mon séjour est pourtant ici, c’est une position mal  défendue, je dors dans une guérite faite de bois mort, contre laquelle un couple débordant de tendresse oppressante s’embrasse, s’accommode de ses serments quand la nuit point avec ses ombres,  ses obscurs travaux, je suis à nouveau indifférent aux formes de la mer, de l’amitié et de l’amour...


J’ai beau vouloir me soigner des abandons des femmes adultères, me résigner à laisser ma paresse apparaître pesante, ma chienne de gourmandise gueuler dans les vestiaires, rien en dehors de ce que je peux tenir d’une seule main ne vaut la peine d’être commenté, je ne me réjouis plus de celles dont le regard s’est posé sur moi quand elles dansaient sous les tonnelles comme le veut l’usage et la chanson, je n’ai plus l’ambition d’absoudre leurs péchés,  leurs grossièretés, leur ignorance aussi, je ne veux plus les placer dans le luxe des lettres qui leur parvenaient ,toiles couvertes de bon usage et non de désarroi ,je veux mettre mon obstination, ma force, ma gravité à les oublier, mais qu’adviendra t-il si aucune d’elle ne me soutient plus, si aucune ne me dépêche à la retenir, si aucune ne veut plus de mes ivresses, de mes simulacres, je l’ignore, ce fait est imprescriptible…


Parfois ma poitrine est soulevée de sanglots, trois points rouges s’ourlent, perlent à ma face, je veux crier, rien qu’un sourd bruissement prend la forme d’un ronflement d’endormi, je porte les mains à mon front, paluches tant de fois inefficaces pour éponger la saumâtre suée qui délibère à ma figure, la foudre, friandise préférée d’un dieu méprisable me frappe, ma chair et mon pouls témoignent d’une mésaventure perfectionnée, mon dessein était de louer celle là même qui me fit grand mal, je lui dois mes malaises ,mes encombrements, je ne veux plus lui tirer ma révérence, la servir, sans autre écart que celui de me tenir à cent mètres d’elle, échanson qui n’a pas vidé les verres, ma punition est désolante, point de forfait commis et pourtant une sentence est là, je n’ai par ailleurs pas bu dans les calices, ni humé les fleurs qui ne m’étaient pas destinées, mais moi qui tremble de toutes mes malveillances, qui ai fouetté tant de bêtes sur le chemin des alpages, ai chassé les levrauts, ne portais rien à la boutonnière, moi dont l’éros s’est absenté pour une ordalie par les roses, voilà que je vais offenser à la sortie des églises des nouvelles communiantes, et de nobles personnes qui se sont absorbées de Dieu pour mieux me le balancer au visage…


Je voudrais que lentement ma vie gagne sur moi, sur mes terrains vagues avec leurs sols argileux, leurs grimaces, leurs crevasses sans fond,je voudrais qu’en mon agile misère du sentiment me revienne, des élans de la servitude aussi, celle qui a les mains jalouses et le corps en repos, cette nouvelle santé sans spectacle, sans corrosion, je la voudrais pour toi avec solennité, dans le calme revenu et que tu touches en bonheur ébauché cet homme qui est à sa place parmi ses amis et la chimie langoureuses des objets qui se contractent...


Matin crépusculaire, ton visage en douce pente est une seule et même vague, ta main est un fil d’encre, ton sang une escarbille dans les yeux qui se penchent aux fenêtres, ta tête pleine d’ors  de lumières dans les eaux paisibles met ses tempes, sa bouche, dans cette ancienne patrie où j’ai perdu toutes les guerres, je rêve encore de rivalité, de trivialité réparties en un seul globe, les pieds au sol que j’ai choisi me retiendront là dans les hauts degrés de ta soif de me reconnaître, tu m’y conduiras, j’y ferai les travaux dans l‘intervalle qui va de toi à moi et qui se sera restreint...

 
Vient la désolation comme une sombre palme, comme une lyre affectée par ses sourds tremblements, aucun secret n’embarrasse ces filles qui le murmurent aux oreilles de leur amant supposé, leurs gestes ne les endorment plus dans les zéphyrs violents pleins des amnésies de leur enfance sans surveillance, mon sommeil où la couche est du plus vieux modèle qui soit est une vague refroidie, et jusqu’à mes rêves, fruits douceâtres, tout se fane, se dérobe malgré les bouches qui m’affleurent pour de célestes nourritures, j’aurais tant aimé que du sentiment me retienne de mentir, qu’il me traverse dans mes chers foyers, que des images me reviennent telles des célérités promises, que la fièvre monte jusqu’à me fleurs surannées ,qu’elles retournent bleuir la cendre de mes artères, mais rien de chaud, de doux ne fait plus mon ordinaire, si ce n’est la coloration des jours sales où il faut vivre, peser et poser...


La nuit quand les abandons ont passé des accords avec des filles imprenables  violettes de désespoir  je vais jouer avec ma gourmandise en de furieuses échappées  dans des bouges  salles borgnes de l’existence  là où s’éteignent ma peine et les lampes  où le sanglot a vêtu ses socquettes polissonnes  et qu’il mouille jusqu’à mes mâles inconstances  la peur m’est un ventre tiède  un nid d’aldutérines rencontres   dans mon sentiment la musique dépouille des femmes de leurs sordides attraits  là aussi je brûle ce qu’il me reste de vous  de ma faculté à vous endormir  quant à tous mes écarts  mes voltes  mes débordements  hectolitres de confusions  de râles  d’alcool sans étiquette  ils vont à ces compagnes d’un soir qui se pètent la tronche contre des enseignes où la lueur n’est qu’une flasque flaque de sang...


Avarie de rancunes  de vertueux secrets  avec ses laines et ses tisons je cherche dans le pire des chagrins à penser à ceux qui me furent chers  qui marchaient en rang  qui donnaient du mouron aux spatz enfarfouillés  serrés comme des gouttes avant l’envol bleuâtre dans le champ du ciel ramassé comme des lames ortilleuses, je les entends encore déposer tout le poids mort de leur vie clandestine  leurs fièvres  leurs placides vertus  dans la clameur des troupeaux encombrés de viande et de vocabulaire  mais ni leurs blancheurs  ni leurs travaux ne les désespèrent plus  d’être nés pour rejoindre l’ingrate nuit… 


Ma prison est une cale de navire qui fait vibrer ses toux et ses quintes sur les vagues d’un océan cornu, de toutes parts par les hublots, yeux sombres des femmes venues à moi pour des confessions, des éternités souveraines ,je vois la brume avec ses facultés de mystère, pire aveugle qui soit, elle dessine tout se qui se dérobe à moi parce que je ne sais plus voir, ni regarder, lorsque je marche sur les boiseries luisantes du vaisseau, il me semble traverser un parc plein des bruits d’une ville qui fond dans les eaux menaçantes, ce n’est plus un lieu d’aises et de vertiges, et les chères rencontres ne sont plus que des cadavres qui attendent qu’on les noie, voilà que je ressens, ma jeunesse comme un coup de poignard, de pistolet, du souffre, et des arctiques du cœur où j’aimais m’endormir, ne me parviennent que les cris rauques des goélands, quand les amarres seront jetées, je réfléchirai à ce qui me menace, que je ne sais pas nommer, peut être une prison que traversent des prismes infectés de divines lumières…

Au crime assujetti avec ses talons hauts, son tronc nu ,ses tendons noués, te voici tel l’aplomb des filles maigres,  légères, jetées dans les bras des hommes qui regardent d’un œil vide les grands ruisseaux muets confluer vers la mer dans leur glissante destinée, les pentes sont douces, les écarts sans menace, la fatigue lointaine, ignorée dans ces jours dérisoires gainés comme des joncs, toi la bien nommée, l’altière, autre figure avec tes étoffes, tes taffetas, combien de compagnons as-tu heurté de tes mains en poudre de quartz acéré, avec pour effronterie une conduite aux plus extrêmes des rebords et des débords…

 
L’après midi avant d’être mangée, la glophe va uriner contre un chêne, se met en boule, attend que toutes les coutures, les coupures de son corps se referment, elle se tend alors de tous ses côtés nacrés, va vers la forêt avec ses yeux à fendre l’aube, secrète un suave parfum qu’il suffit de sentir une seule fois pour en produire tout autant, rit, s’emporte contre le monde qui la retint trop longtemps dans des lieux aux sérieux travaux d’approches et de renoncements, cherche à se dominer ,à ne plus rien soustraire ni multiplier, c’est là que son ventre gonfle, que ses bras s’allongent, que sa bouche se découd, sa voix devient un hochet de fausses sonorités comme après une grossesse difficile, il lui sort, juste avant qu’elle se confesse, de sa tête enrubannée de feuilles,de branches, de la sève qui l’engloutit, combien j’aurais aimé assister jusqu’à la nuit tombée ces autres glophes qui en l’espace d’une minute devenaient des arbres ou des statues de sel…

On connaît peu de chose sur la naissance et la provenance des rameaux, parce qu’avec leur rudesse, les hommes les ont dressé sur des buses artificielles pour des sacrifices qui prennent la forme de l’air et de l’eau, ce qui laisse peu de place à notre imagination de les voir ailleurs et autrement, bien qu’ils respectent cet ouvrage plusieurs fois l’an, ils s’en remettent mal, et gonflés comme après une attaque, ils vont dormir dans le chœur d’une église ,c’est en juillet, dans la torpeur des harmonies d’un ciel humide, que leur désir de n’être pas rompus est au plus haut,c’est pourtant dans cette période qu’ils se liquéfient le plus ,en quête d’un nouveau luxe, ils constatent que les rameaux peuvent paisiblement être empotés pour des liturgies à venir, quant à moi, j’ai fait la promesse de ne participer à aucune de ces élévations, j’aime à dire cette pauvreté…


Dans mes voyages en altitude, j’ai rencontré un peuple qui vit appuyé contre la montagne, peuple plein d’influences divines, peuple qui fait la grue, regarde se déplacer las, placides,les nuages, le soleil, les horizons violets, peuple lourd comme les solives du ciel, comme des madriers, peuple de pleurs, de regrets, de joies et d’effrois mêlés , qui me salue avec des mains calleuses, des mains aux passions excellentes plus lumineuses  qu’un quignon de lune, peuple sans intervenants, avec de subtils crachats ,qu’il en noierait la mer, que le paysage qui s’y mouille devient nuit, j’aurais voulu vivre et croupir parmi ce peuple, debout près des rocs qui grincent comme des moignons, comme de stridentes vertèbres, comme des roseaux sous le vent, comme des fougères après qu’on les eut écrasées, hélas ne me vient aucune hauteur, je suis resté un gnome infatué qui se  repousse dans ses sombres ornières, et qui s’endort dans ses saletés de petites satisfactions…


Toutes mes extrémités sont des chapelets tropicaux que des mains de femme imaginaires tripotent comme on tape sur un clavier qu’il faut fendre pour des notes d’ébène et d’églantine, dans mes vergers, où les lambris du temps sont des parquets vernis, le printemps est moucheté de sel et d’albâtre, j’ai parfois cru que dans les glaces de l’hiver qui le couvrait de ses dentelles blanches, voir un dieu poilu dévoreur de gypses et d’enfants,immobile tel un curé après des vêpres, plus je tardais en mon intérieur, plus m’est venu un sourire de diable idiot, boiteux, sourd aux injonctions des vierges avec leurs caprices de petites filles modèles, mais à trop répéter ces turbulences avec leurs gammes de couleurs, tout est devenu ardent, brûlant, ma vie n’est plus faite que de glissades jusqu’aux vides échancrés qui se dessinent sur le col qui conduit aux frontières où des ogresses desserrent leur ceinture de feutre…


C’était dans les bastringues où l’on devenait fou à regarder les filles pliées sur les comptoirs, vicieux, viciés, pervers, nous attendions la vie, la belle nommée ,pas cette préhistoire où nous étions des chiens voués aux caniveaux, nos fatigues venaient sans qu’on les convoque, trop d’alcool pas assez d’amour, dans les rondes frénétiques nous posions nos pas, ils nous ramenaient toujours à des esquives, puis ce furent des râles, du radotage aussi, avec des hoquets frénétiques, c’est là que nous posions nos fronts meurtris sur les genoux de ces mêmes qui admettaient notre grotesque existence…

Comme il est difficile d’être ,d’y parvenir, de s’y assurer, de s’ajourer, de s’ajourner, de se prêter aux jeux des divinités fétides, de s’apprêter, de faire, de faire encore ,et à nouveau il faut sans cesse monter ,descendre, descendre, monter vers qui, vers quoi, des hommes, des femmes sans préface, sans préfixe, trouver la juste place du dormir, celle de la solitude, la bonne cause, l’idéale inertie, la froide beauté qui s’efface aux crayons gris de mes sales nuits, tourner les talons, serrer des mains, empoigner des pognes, récidiver, verser fracas et larmes, user du bâton, de l’estoc crisper ses mâchoires, les desserrer pour d’ordurières nécessités, les mots avec leurs grasses fragrances, odeurs méphitiques d’être, encore et encore guetter une arrivée, une arrivante, une arriveuse ,s’échapper, réapparaître,être distingué avec ses breloques, ses reliques, ses défroques, ses grilles et ses grillages mortifères, gagner du terrain dans le vaste horizon mais verticalement, porter jusqu’à la grâce ce corps qu’on entretient comme un pont de navire, douter, redouter, tirer, louper sa cible, puis tout recommencer aux identiques lendemains…


Au cœur de la mêlée, la semence qui est dans la poche des premiers parnassiens a les mêmes propriétés que Monique avec ses rondeurs, ses petites moues, ses petits trous, qu’un  rêveur remplit de victuailles, de diverses friandises gélatineuses, cet éphémère mineur a des mains d’étranger, vit en groupe, se contient de tout élancement au bord des routes où les arbres sont voûtés comme de vieux moines senestres qui ne prient plus  au milieu des baliveaux fantastiques, sa sueur, son sang se mélangent, et c’est une liqueur nouvelle qui vient au jour pour abreuver des souillons,  des demoiselles italiennes qui ont épousé des arbitres, qui outre atlantique corrigent des fautes de tirs sur des terrains de chasse, où deux équipes de morveux parvenus s’ affrontent, ce qui donne au schème mondial la forme d’une grosse glande baveuse qui se déverse dans la mer vers laquelle se dirigent des coureurs corinthiens pleins d’énergie et de drame qu’ils ne dévoilent pas, tout ceci parce qu’ils n’ont pas les émoluments qui correspondent à leurs dérapages, c’est la condition d’une autre époque que de quémander, celle aussi qui se fondait en deux binômes distincts, entre la chimie et l’improbable soleil, juste sous l’endroit où les filles ne sont pas à vendre tant elles sont accablées de chaleur …


Jamais je n’oublierai la forme de cette femme qui mit ses meubles dans la lumière des lampes tristes, avec un talent et une précisions inégalés, d’une consultation avec la mort elle garde en mémoire le son qu’elle rendit aux cloches sylvestres, faites de plomb et d’airain, son qui chaque samedi dans les villages claquait comme un drapeau au vent, c’est ce que prenait en compte un abbé souabe qui raisonnait sur tout,  en particulier sur une jeune fille faisant le ménage avant de se suicider dans un naos, m’apparaît comme déraisonnable cet acte inquiétant, aussi parce que les hommes qui sont à l’aile gauche pourraient en faire tout autant une fois la maladie arrivée, à la frontière, le droit fut en retard sur la bonne heure de se signaler par ses déclinaisons, n’oublions pas que c’est un gourmand plein de pouvoir qui rend au roi franc des objets qu’il aurait voulu garder avant de monter sur scène pour des extravagances, et de les lancer à la face d’un ange grec qui n’est pas venu sur le plateau pour s’approprier des récompenses sans numérotation, moi-même qui décida un jour de l’arrêt des contacts, je n’ai connu personne qui aurait aimé emménager dans ces lieux pour y jouer du pipeau ou du fifrelin…