Au jour le jour 523


Pourquoi ce gel ,ce froid si sévères, tantôt serrés, tantôt à l’écart, avec leurs attirail de vielles, de violons ennuyeux, brouillés par les signes des singes d’une autre civilisation, l’air qui s’en charge avec son flot d’éclaboussures, je l’ignore ; larges, longues nuits d’hiver étincelantes de ne pas dormir contre vous, avec ses tics ,ses tacs ,l’horlogerie du cœur est si pauvre quand les aiguilles qui jouent contre le temps compriment mes mouvements en saccades d’ennui, de célibat obscènes, dans cet abord borné que nous touchions, vous n’étiez plus la pierre qui nous arrêtait sur ses sortilèges de brumes et de nausées, souvenez-vous de tous ces récits ,des désobéissances de notre enfance, qu’en est-il aujourd’hui, si ce n’est des bavardages de neige sale, voici un nouveau fleuve à traverser sans nocher, qu’avez-vous commis de si tragique, d’imprenable durée qu’on ne peut vous aimer que dans le dernier lieu ,l’amour est une maladie qui s’éloigne sans que je la complimente…


Veule, lourd, gras, baignant dans des aurores, des crépuscules sans matité, que résonne t -il encore en moi si ce n’est l’accent élevé d’une femme, vénéneuse enfant jouant de mes enseignements, de mes saignements en paquets d’ombre, infecte injure de son premier désespoir, me voilà chien couché, abattu d’un rifle à courte distance, humilié dans l’épidémie des sens qu’elle proclamait désuets, sans saveur ,c’est de là que me venaient mes rages d’expression, mes indécences, me porter dans les bras d’une autre me vaudra t-il un adoucissement de mon veuvage, bruyant passage d’un livre à un journal de bord, me fera t-il plus enclin à aimer ces froides beautés aux maximes marquées, je veux dormir nimbé du plus sale des souvenirs, du plus vulgaire des devenirs, et que jusqu’à mon désir d’elle meure dans la plus extravagante des idées de meurtre ou de suicide…


Je veux aujourd’hui et pour m’attitrer par mon propre jugement, ne plus me présenter à vous dans mes hémorragies, dans l’hommage ou la croyance que je vous vouais, nous sommes dans une équité de gloires et de mensonges, nos troubles sont identiques, mes humiliations sont réparties tout comme le sont les vôtres dans un temps de fièvres et de harangues, convenez en, mon intention était d’être immodéré pour vous, prononcé ,précis ,comme un canon de revolver, un chant plus haut , peut être dans la force que je mis à mes ouvrages il n’y avait qu’un froid calcul, une sévère persévérance de votre assurance si aiguë, j’ai retenu une femme mal remplie de son cœur qui ne convenait plus à mes sentiments, qu’à sa conscience n’allaient plus que mes friponneries, je ne veux pas qu’elle me parle à présent d’un ancien amour haïssable qui ne préjugea pas de ce qui allait advenir, de la sentence, une inconvenance aussi, qu’à cela ne tienne, je vais dormir pour atteindre à d’autres souvenirs…

Que s’arrêtent ici mes vaines ordalies, mes apparences, ma sainteté originelle, mon infatuation, ma tristesse, celle où je lévite tel un type plein d’aisances et de drames,qui n’a d’égal que le savoir rempli de lui-même, qui n’a pas de successeur ,qui s’appesantit en moi par la somme des mouchoirs retirés de mes poches pour essuyer mes pleurs, j’ai pressenti que dans toutes les formes mesquines des héritages, l’intelligence ne grossissait pas ma pensée qui s’incline aux tourments, se refuse à dérouiller ses chaînes, il y a bien dans mes retentissements quelque façon de dire que je veux m’accorder  à Dieu, voire aux hommes, ce n’est hélas que la gestation d’un buveur honteux, je cherche donc à devancer demain dans ma stupide avidité à vous retenir, à lever vers le ciel mes prières, mes psaumes, prétextes à des joies vieillissantes, je me fais fort de vous le montrer, vous n’en retenez rien, telle folie m’indispose une nouvelle fois, telle folie est ignoble connaissance...

Dans les humides occasions que les filles pleines de honte, de fièvre, ramènent jusqu’à moi,à ma bouche sérieuse de travail inattendu, il n’y a pas l’amour, il n’y a que le sentiment de celui-ci, que la sensation d’une vie rêvée,   elle vaut par ses petites éternités en des chambres d’hôtel,là , il y a des raclements d’os et de chair froide, moite, tiède, chaude aventure, extérieure, intérieure, quand le temps semble s’épandre dans la grâce des torcheries, celles qui me portent sous le soleil, dans le sommeil où je vais en farceur me tromper dans la rigidité du couple, certaines sont tremblantes de métaphores, d’immortel avenir, disent elles, se déverser en moi leur est une invention, une intention qui montent lentement avec leurs soupirs et leur vocabulaire, moi je tremble de le savoir, de n’en rien témoigner, c’est dans ces nuits d’obliques rencontres que me reviennent les anciennes puretés de votre langue, de vos échos, de nos ententes…

Emporté, contraint à des brusqueries que je croyais jaillies de mes insinuations et sinuosités, me voici nageant en profondeur dans une aurore rouillée de larmes, sans charme aucun, sans octave, du ciel minuscule hauteur, tombe par cent fois l’idée testamentaire d’un désabusé qui tord les pages d’un bréviaire, j’avais alors vingt ans, âge sans férocité, j’allais où la peine avait ses venaisons, je suis en quarantaine mais je ne veux toujours pas avoir tort, c’est une nouvelle fois avec insolence et orgueil que j’atteins à la cécité, aux extrémités d’une vénéneuse chair par trop aimée qui s’époumonait à se vouloir plus tendre encore, je serre contre mon cœur tous les lieux sacrés de mon enfance, les lois que j’y établis, ceux où plus tard nous nous attablions pour des noces barbares, pour rire, boire ,pleurer et le tout à la fois…


Dans ces branles,  boucles où tout est initial ,que d’apprêts, d’apaisements ,de tourments familiers, et qu’aurait-elle d’indéniable cette souffrance trop extérieure à moi, pour que je décide de m’en séparer ou lui passe mes commentaires corrompus ,votre ennui tenait à cette simplicité, peu de moyens, trop d’attente, d’attentats absurdes à votre encontre, j’en étais le dépositaire attitré tout ,cela vous mit dans les dispositions d’une femme qui chercha à se recomposer ailleurs, je le savais, mes corruptions, entre mes sincérités et mes bravoures inconcevables étaient des éclaboussures, des offenses, j’ai ouvert jusqu’à cette haute faiblesse de vous estimer, mon corps entier, mes chemins se sont alors bornés sans que rien de présent n’y soit offert ou donné ,vous, pour vous délivrer de ce regard noir, de ces notes, de ce poids de mots qui vous empêchaient de respirer en gobelets d’air, vous vous mîtes dans la lumière d’un autre, l’amour reste le fanatisme d’un pire que j’expie encore aujourd’hui…

Vous reveniez parfois dans ma demeure, inquiète, tourmentée, votre présence était lourde, je me taisais, vous n’aviez plus le sourire de ces filles qui sont enceintes et qui entendent par delà les murs tous les bruits des belles fécondités, de celles qui ont été vues, puis se sont données quand le vin s’était répandu,  qu’elles le buvaient à d’autres bouches gourmandes, vous étiez pourtant la même, à quoi cela vous servait il de vouloir m’éclairer, moi qui ne me souciais que des anthracites, des cyan,  des violets de mon âme sévèrement obtuse, une nouvelle fois à se déverser sur le versant abrupt de l’existence, oui je voulais me cramponner à vous qui étiez de cette présence qui cherche une autre poigne, je n’ai pas requis de vous retenir, qui devait ce jour là le secours à l’autre, je l’ai oublié, maintenant dans ce présent, je dors comme un vieillard en des loges inférieures, je vous élève encore, vous reconstruis, afin que je puisse achever ce que j’ai commencé et défait aussitôt, un amour qui est ce terrible acteur et qu’on applaudit plus…

Celle qui venait à moi par sa volonté et s’absentait par la mienne est de mon histoire elle me ravit aux livres à l’écriture aux putrides sentiments des amantes mal éveillées aux ombres qui me forcent à couper court au corps monstrueux de la nomination à ce jour tenace comme une injure singulier par l’intérêt que je garde à y figurer en adulte impatient de se tendre j’ajoute que ne me conviennent ni sa fatigue ni son goût pour mes numéros de faussaire quoi qu’elle ait effacé elle ne pillera pas mon espoir ma confusion je déserterai bien avant qu’elle n’ait mis ses yeux à mon visage d’ivrogne soulevé de terre pour une exaltation sur ma pauvre figure arithmétique d’un autre cas cette manière qu’elle a de ne plus m’entendre de rester dans les aguets dans la tourmente d’une enfant qui ravive l’écho il faudra bien qu’elle décide de l’ordonner qu’elle devienne plus sage ou plus trompeuse afin que je ne me taise afin que je la questionne…


Elle a démesuré son cœur en coutures d’oubli pour parcourir le monde, a donné sa joie aux douceurs aigres des colleurs d’affiches, s’est pendue au cou de tous ceux qui tourmentés revenaient en demeure dans le divorce de leur vingt ans, avec leurs mains bandées après des bastons méconnaissables. A ses lèvres les paroles ne s’éventaient pas en odeur de charbon ou de naphtaline, on eût dit que de toutes les trempes et les trempages sa bouche se souvenait pour des sourires de bonne que personne n’a moquée. C’est une femme sans triste écho,sans mémoire de fausseté,sans mensonge,et les longs fils de doute qu’elle met en pleine lumière pour trouver le repos,sont des mots doublés dans le patrimoine de ses idées odorantes,cachées de leur cran secret,de leur brûlure,de leurs rêves de rebord en frissons d’eau et e roches,de lampes qui endorment,ajoutant à son silence cette enfance dans une vallée préparée utilement pour le passage des bêtes sages.

Dans les humides occasions que les filles pleines de honte de fièvre ramènent jusqu’à moi à ma bouche sérieuse de travail inattendu il n’y a pas l’amour il n’y a que le sentiment de celui-ci que la sensation d’une vie rêvée qui vaut par ses petites éternités en des chambres d’hôtel il y a des raclements d’os et de chair froide moite tiède chaude aventure extérieure intérieure quand le temps semble s’épandre dans la grâce des torcheries celles qui me portent sous le soleil dans le sommeil où je vais en farceur me tromper dans la rigidité du couple certaines sont tremblantes de métaphores d’immortel avenir disent elles se déverser en moi leur est une invention une intention qui montent lentement avec leurs soupirs et leur vocabulaire moi je tremble de le savoir de n’en rien témoigner c’est dans ces nuits d’obliques rencontres que me reviennent les anciennes pureté de votre langue de vos échos de nos ententes…