Au jour le jour

Au jour le jour 555

J'ai trop longtemps été happé par ce dieu, qui a poussé mon écœurement jusqu'au voir.

Après l’extase du faire, le désastre de ne plus rien pouvoir fonder sans y réfléchir.

J’ai gardé de mes lointains ancêtres voués à la gitanerie, cet art de flotter entre la faillite et la décadence.

Plus je suis désespéré, plus j’abuse de ma peur d’en finir, et me démène dans l’existence comme un inadapté de celle-ci, qu’elle roule et double par souci d’équité.

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Au jour le jour 554

Le dynamisme de la matière, nous le détournons pour en faire des épidémies.

Je m'interroge au ralenti, je conserve la chimie de mes pensées pour en faire des reculades.

C’est le propre de l'existence de n'avoir de saveur qu'à la fin.

Mon goût pour la réserve est un goût pour le bon emploi d'une journée où je n'ai rien obscurci.

L'ouverture d'esprit, et pourquoi pas celle qui donne sur nos propres ténèbres !

Décadence de la langue, décadence des hommes, décadence de l'histoire.

Heureux celui qui n'a aucune certitude et dissimule son vertige sitôt qu'il vient à en effleurer une

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Au jour le jour 553


Ce qui m’oppresse, c’est l’apaisement qui vient après la grandeur d’un amour qui n’a su s’arrêter que parce qu’il a  été englouti dans la fierté de se taire, tel celui qui n’a pas su marquer la halte, ni y monter la garde.


La profondeur de ma tristesse, je m’y déverse jusqu’à sublimer ce monde qui m’a donné le goût de la douleur et de l’habitude à la grandir, pour pouvoir en parler comme un infini de séduction, comme à une femme qui en fera un hymne à l’amour que je lui portais.


Dans cette obscurité où s’englue mon esprit qui n’attendait d’autre plaie que celle de vivre à la juste place, voilà que de la pourriture me vient dans la bouche, et j’en vomis.


Saisi de plein fouet par une conscience abrupte de souvenirs qui ne sont pas vertueux, mon élan pour l’existence est celui d’un aveugle qui marche sur des braises, pour faire la démonstration que le feu ne pourra l’anéantir que par le haut.


Au commencement est un désir bestial exacerbé par nos glandes et nos démangeaisons, puis vient du mysticisme qui nous conduit à la lucidité ou aux larmes.

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Au jour le jour 552

Dans ce grand foutoir que la littérature corrige ou assassine, la déveine d’être m’apparaît comme le seul cauchemar à thème.

Mets de l’application dans ton horreur, ça n’aura plus l’air que d’un forfait.


Virtuellement curieux, je pousse jusqu’à l’obscénité ce regard qui témoigne d’une vie encore plus méprisable.


Tout ce qui est essentiel est caduc, voyez la vie, qui devient objet sitôt qu’on y réfléchit.


Être lucide en permanence, c’est s’acharner à démolir son corps et son esprit sans l’idée du martyre.


A l’écart du paroxysme d’un monde qui se plie et se déplie à souhait, je m’insinue dans ces horizontalités qui sont le marque des gisants.


L’éclat des apparitions nous met dans la position de ces ataraxiques là, qui ont l’air d’avoir réussi des cours d’extase.

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Au jour le jour 551


Au nom de la vérité nous brandissons toute complexité comme des hauts faits, quand il ne faudrait qu’une toute petite rigueur avec son infini de constructions pour expliquer tout acte, toute parole pris dans leur essence.

Tout devenir nous fait entrevoir comment il faut s’agiter, et combien il est ardu de ne pas se prêter à cette contamination.

Imagination : fille qui chante dévêtue dans une combe.

Au suicide j’ai préféré les faux espoirs, ceux que j’ai remâchés et ressassés, qui m’ont rendu oppressé et non oppressant.


C’est d’être en vie qui est une tare, la mort plus objective ne va pas jusqu’aux condescendances, ni jusqu’aux manquements.

Impulsif, irrésolu, je touche aux mots en vacillant, j’en sors avec l’intention de m’arrêter pour mettre Dieu dans mon viseur.

Sois bon prince ; est-il meilleur prince que celui qui halluciné se penche sur la raison pour en extraire de la glu ?

Entre la matière et Dieu nous avons érigé l’irréparable.

Tous les degrés de la perfection sont des degrés d’incertitude.

Toutes nos histoires s’expliquent par nos débordements et la lie qu’elles fécondent.

Faute d’excès à mon goût, je me répète que l’existence est un manque d’astuce, et j’y renonce pour me réveiller dans l’extase ou le scepticisme.

Vivre est de l’ordre de l’acharnement.

Le dégoût de nous-mêmes est un moyen de se soucier des autres et de leurs dégoûts.

Vie :trop plein de la matière, dégueulis des origines, épanchement de Dieu.

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