Au jour le jour 371

Une telle s’est tant soucié de moi qu’elle a voulu me grandir avec des formules et des talonnettes.


L’amour n’a aucun intérêt, ce n’est qu’un subterfuge de plus à l’égal de nos mensonges et de nos visions les plus futiles, l’amour c’est  se soucier de l’irréel, un point c’est tout.


Vous êtes nés branchés  du côté de ce cadavre qui est surprenant par sa rigidité millénaire, tel un gisant pris dans l’éternité des cathédrales que  Dieu n’a pas voulues comme la conception d’un lieu à sa démesure.


Je fais toujours dans l’immédiateté, les faits effectués, je m’aperçois que je me suis épuisé dans de l’inconsistance.


J’ai lorgné du côté de cette justesse que l’on a dans le vin, on fait alors un bond hors de la vie, les secondes qui suivent ont quelque chose à voir avec l’entrain,  la musique, voire les deux.


La musique étrangement est une part de ces petits étranglements qui nous conduisent dans un  pas de danse ou à la larme.


Peut-on restaurer un être qui sa  vie durant s’est  bousillé, et si oui, où colle-t-on la garantie de sa préparation ?


Allez-vous faire voir et entendre ailleurs, j’ai suffisamment de moi-même à observer et écouter, jusqu’à m’appuyer sur de fausses révélations.


Désavouez votre famille, une famille c’est de la glu, une fois que celle-ci a prise, il n’y a aucune méthode efficace pour en sortir, sinon celle de crever.


Il me suffit parfois de dire « Je », et j’ai le sentiment qu’il faut que j’aille voir un psychiatre.


On n’en finira jamais de sortir de soi, et si on arrive, quel désenchantement que de se rencontrer.


Une de mes préoccupations premières est de remplir chaque jour, une, deux, voire dix pages de ces vieux cahiers de brouillon qui sentent le tabac, la naphtaline , l’encens , et j’y réfléchis sur les tares des hommes  autant que sur la miennes.


On ne s’ennuie jamais avec soi-même, si cela s’avère, ce n’est pas d’un ennui qu’il s’agit, c’est d’une épreuve.


Est profond tout ce qui nous fait perdre nos illusions.


Je me suis empénétré dans l’existence comme un ver dans un fruit blet, et de la pestilence m’en  fera ressortir  en adulte gâté et gâteux.


Un petit pas de danse avec la mort, un petit pas et l’on  peut y prendre goût, voyez du côté des neuroleptiques.
Peut-on détester les hommes sans qu’ils aient commis quoi  ce soit de répréhensible, oui, le simple qu’ils soient vivants l’est…

Allez  ouste on y va
à la rouste au combat
on va foutre une fessée
à la jeune mariée
tout en bas de l’échelle
avec son tablier
un verre est à sa main
une mitraillette en tête
et d’un seul coup de pied
peut battre la tempête
allez ouste on y va
mariage ou célibat
tirons les pailles courtes
pour en barque chavirer
cherchons les toisons d’or
dans les coffres d’acier
bouffons de la limaille
crachons la dans le feu
viendra une salamandre
beauté casquée ravie
de voir que la couleuvre
s’est déjà évanouie…


Za  peut être un peu chaud
dans ma grande maison
ça peut-être un peu froid
dans la grande prison
za peut-être un peu peur
dans le noir éternel
za  peut-être un peu sot
sa crainte au grand soleil
za  peut être grandir
avec des coups de pied
ou alors rétrécir
dans l’alcool meurtrier
za peut-être un peu chiant
dedans la solitude
dessous l’hêtre et le chêne
aux sottes altitudes
za peut-être curieux
 que de craindre le képi
celui du capitaine
 ou même du mari
za peut-être z’est rien
mais ça fait un gros tout.


Laissez-moi aux désirs humides de m’infecter de vos  tièdes larves , de vos  premiers baisers, quand dans le grand  espace du lit providentiel vous disiez des dérives à faire tomber le ciel, laissez-moi au mystère d’être mystérieux, pêcheur qu’on maudira de ses maigres filets, de ses fritures amères comme autant de passé, où se sont affectées les femmes et leurs secrets, laissez-moi m’élever à toutes les formes humaines, allé m’embarrasser de figures incertaines, de prendre par les cornes le vélo de Vincent, de remettre le péché  au goût qui fut le sien, laissez-moi me leurrer de ce que de tout ce que vous fûtes, futaies, sentes et laies dans les bois vitrifiés, laissez-moi atteindre à cette austérité que je ne verrai poindre que lorsque vous passerez.

Mon navire est une conque sans proue
elle heurte un récif
le récif est de papier mâché
les rats l'ont bouffé aux trois quart
le quart personne ne l'assume plus
l'équipage est ivre
mon bateau prend l'eau
je ne sais pas nager
je m'accroche à du bois flottant
je viens de me raser la tête
j'ai celle d'un bonze bouddhiste
je regagne ma demeure
avec un poulpe dans une main...
et un harpon dans l'autre
pour fêter le Nouvel An
avec une gueule se singe sans tribu.