Au jour le jour 187

Au désir de la ride opposer l’aride désir des désertions, au désir de l’araire ,opposer les vers acides de José Maria de Hérédia, à ce dernier opposer les roides connaissances d’un pope ancien perclus de solitude comme un cabot avec sa queue raide par-dessus les rampes de la discorde.

La nuit singulière qu’on peut écrire avec le même ton et les mêmes lettres que Tunis s’insinue comme une porteuse de pain là où nous pouvons la recevoir et la percevoir, là où l’espace a les yeux d’une autre femme que nous fixâmes, puis rajoutons y la suite en ré mineur de tous nos tralalas, quand nous voulions la cuisiner pour qu’elle ne se porte pas ailleurs avec les victuailles qui nous étaient dues.

Lassitude oblige, les armes que nous portons sont révolues et pèsent autant que l’ombre bleuie par les regards des cariatides sur lesquels se penchent encore des dieux en mal de séduction. Pour comprendre alors ce qui nous rebute ou nous touche ,il faut être enclin à pouvoir se tordre comme le fer que Vulcain travaille pour en faire des tridents ou des petites cuillères.


Qui trop embrasse trop embarrasse et le mal le traîne jusqu’à un dieu salvateur de naissance, sans qu’il ait à suivre la route qu’il s’est tracée. Comme le désespoir est aussi sale est dégueulasse que l’espoir, qu’un principe ou qu’un remerciement, on se met à penser qu’on ferait mieux d’en finir avec une bouteille de gaz et un briquet dans ses moustaches.

Celui qui s’applique à ne voir dans la pomme qu’un fruit aura à faire au peintre et à ses couteaux, cette stratégie du ridicule s’appelle « La part de Dieu »car ce qui est, n’est pas, comme les bénitiers donne de l’urée, les saints vont en salle des ventes, les vantards inventent un nouveau monde, voilà qui justifie l’assertion première, puis la merde des anges pour décrocher de toutes ces idées…

On ne fait pas de couillonneries en se levant tard, l’important est qu’un homme sache sécher sur son nom et ses déclinaisons et n’en rougisse pas, et que sa femme même malade le lui fasse remarquer dans sa débâcle de sentiments..

Elle dit assurément qu’il ne doit y avoir que du blanc, que le blanc invite et incite au désespoir qui lui aussi est blanc, que les vergers moussus et cousus de blanc attirent les embrassades, que des dieux et des anges s’y penchent en ouvrant leur braguette, elle dit aussi qu’elle ira habiter à la campagne pour faire sécher son blanc linge sous la blancheur des grands cieux quand ils sont noyés de blanc..

Gracieux désordre que de s’y jeter est un jeu qui ne demande aucune réflexion pas plus que d’imagination. L’adresse de s’endormir est aussi simple que l’adresse de la mauvaise écriture, il suffit pour cela de composer avec ce que nous sommes, il faut pour cela que le sentiment de soi aille avec le sentiment du personnage qui a pris très tôt la résolution de nous enquiquiner avec ce qu’il est ,c'est-à-dire un gnome sans vertu et sans esprit.

Méfiez vous de l’amour autant que de la haine, que nul objet savant ne vous éblouisse comme le ferait le ludion planqué en vous et vous rabat le caquet quand vous êtes dans le bon sens, comme un aveugle protégé par l’éternité qui le couvre. Méfiez vous aussi de votre côté marié et marin , de ce que votre main cache à l’océan, et qui a le nom singulier d’enchantement ou de désillusion.

C’est au profit de nous-mêmes que nous nous abstenons. La veille des veilles est toujours le jour où l’on nous identifie et nous prie de n’avoir aucune connivence avec le passé, c’est ici que j’oppose le verbe se rebeller au verbe se révolter, le premier me fait penser aux épis, le second à l’éteule, et ça ne me fait pas grand bien d’y réfléchir dans mes obscurités.

Qui que je sois, je ne me vois pas pareil tous les jours, jamais le même ,toujours le même ou un autre second et secondaire, l’un maniant le lasso, l’autre le revolver, avec les aisselles tâchées et le doigt pointé bien haut. Qui que je sois ,personne ne m’ôtera le goût de disparaître, de manier le pinceau, de broyer du noir, d’essuyer le lavis de mes paumes encrieuses, de m’ennuyer comme j’aimais le faire à dix ans. Qui que je sois, m’étant rendu odieux ou priant en de basses chapelles, mouillant mon front aux fontaines abaissées, sortant des labyrinthes, jamais l’enthousiasme ne me portera. Qui que je sois, écrivaillon, rimailleur lymphatique, ancré aux vastes mots autant qu’à la grammaire, assis, debout, couché, idiot, je ne chercherai qu’à poudrer mes cahiers des vocables incertains avec la certitude que qui que je sois, je suis, et ne peux m’en débarrasser.

Toutes mes mythologies
C’était çà
Balancer tes chapelets
Les dépeler
Pisser dans tes ostensoirs
Ouies de violons désaccordés
Geôles dérisoires
L’ocre des jours au pain azyme
Le cadavre de mon sexe
Mollesse dans tes reins
L’envie ne me manquait pas
D’être ivre salace
Je me taisais
Sanglots dans tes mouchoirs
Ceux qui te serraient
Les hanches et la croupe
Les yeux clos
Revenant de loin
De si loin de toi
Je cherchais une autre enfance
Epineuse de jeux et d’entrain
Que tu rendais banale
Pas à tes rémissions
Que tu sablais de suie
Avec tes mots
Pleins de tes souverainetés...