Aphorismes 150


Peut-être avons-nous besoin d’orgueil pour nous porter dans du crédit ou de l’embrouille ?


Toute passion est partiale, et dès lors ne peut se concevoir que dans cette désertion du quotidien, qui passe par l’envergure ou la charogne.


Souvent, tard dans la nuit, je voudrais que tout me soit hostile, et me donne une raison, une bonne raison de tout faire sauter ou de capituler !


Je répugne à la question, cette saloperie déguisée des tortionnaires, qui s’arrêtent sur un mot, comme en un cimetière.


Je déteste tout ce qui est profond et se mesure en intensité.


Toutes les théories sont des possibles, ou de l’a peu près édifiés sur des persuasions.


Le comique, excepté celui du laisser dire et faire, met en scène la plus belle des idées sur la pire des faces.


Mon désir est un désir de préposé aux postes.


Du semblant, des faux, des emmerdements en lois maximalistes, et puis de la naphtaline pour de sales embaumements.


Dans le commerce du pire, avec des godillots et un manteau piqué.


Le ver se fout de la fonction et du goût du fruit.


Toutes les théories sont à mi chemin entre le pochoir et la décalcomanie.


Au plus fort de mes dysfonctionnements, du temps en anomalie, du temps avec sa morve et son embonpoint, du temps debout.


Me serais je inventé toutes ces dégénérescences que je ne saurais y être mieux présent et mieux représenté.


La vie est une sclérose rudimentaire exagérée par l’optique.


Mon inélégance réside dans le fait que je cherche à expliquer mes perplexités, sans l’exercice de la désinfection , celui de la réflexion.


Ma soif de défaillance altère ma soif de jugement.


Etre contribue à des tocs dans le jardin des tentations.


L’homme est un paisible tyran tant qu’il n’a pas été saisi par toutes ses dépositions.


Croire est de l’essence même de l’imbécillité pensée et pesée comme telle.


Mon corps sait que j’existe, mais sait-il que je le sais?


Se tuer pour ses apathies, ses antipathies et ses névroses.


Tant Dieu a fait dans l’artisanat, que la matière même de nos désespoirs, n’est que glu dans fossé, dans du scepticisme, dans l’irréparable façon de nous comporter juste.


L’ennui, c’est ma récompense d’avoir bravé les hommes et de m’en endormir, tout cela sans défaillir,sans les bons ou mauvais motifs qui font des écorchés, et des verbeux souteneurs d’infects gloses.


Plus je respire, moins je m’embarrasse d’air, et plus je ressemble à ce passager happé par son propre tournis lorsqu’il s’époumone à crier dans un désert.


Ayant fixé une nuit durant ma pensée sur l’objet de mon inconfort, j’en suis sorti plus pathétique et plus dévisagé que si j’avais assisté à dix enterrements.


Le tout va à de basses et fausses réalités et s’y démène comme une bactérie dans une fiole.


L’alcool aidant, j’ai pu croire parfois que j’étais solidaire de quelques hommes, voire leur souteneur, mes nouvelles ascèses participent de cette croyance.


Dynamiter tout ce qui suscite quelque profondeur, et rester en surface, en surface, sans respirer…


Rien qui ne puisse assez punir l’homme que de vivre en le sachant.


Tant tout touche à la contrainte et à l’astreinte, que je me vois déjà regrettant ce temps où je pouvais fuir et dormir impunément.


Le Tout s’épuise à la pensée du Rien qui l’exténue à tous moments, en tous lieux.


Toutes les civilisations sont des exemples de sale compromis.


Mon idéal dans sa ténèbre volontaire, domaine éclairci par le terme, ajoute à mes indemnités cette application que je mets à y voir le plus beau des extrêmes.


A un pur sang nulle simple hauteur n’égare l’elfe qui va à…


A la vie bête sotte idéale informe Josépha répond qu’ici tout est un O…


Quand autrui est à la sieste, je suis dans cet opéra comique où l’on passe à tabac ce même autrui,  terroriste ininterrompu et qui ne peut s’endormir que parmi les souteneurs.


Toutes les positions devraient se convertir à un sommeil idéal où il serait interdit de rêver d’une disposition.


Le faire affirme ou infirme la personne.


J’ai convoité une forme de peur qui m’a fait renoncer à toutes les sollicitudes, à tous les entretiens, me voilà dans la peau d’un subisseur qui infecte la parole.


Ma vie fut une industrieuse manière d’être, et plus j’ai avancé dans l’âge, plus je me suis licencié pour un enfer d’où je ne peux plus fuir.


Etre est du mouvement aperçu…


L’ennui a été une de mes ébriétés au point de me faire perdre la tête pour un retard ou une virgule.


Le mystère hésite entre l’intuition et le sacrilège.


Qu’ai-je exagéré qui ne s’est aussitôt affaibli,si ce ne sont ces heures où je fabriquais de la bile pour d’admirables mélancolies ?


Toutes les opinions puent et suscitent en moi quelque maladie entre la suspicion et l’égarement.


Vivre  tient de l’égarement et de la perpétuité.


D’un désir sans motif j’ai fait une farce pathétique d’où je suis sorti ivre d’impertinence obséquieuse, celle où j’étais autant le patelin que l’ogre vieillissant abusé par son poids.


Tant tout m’empêche à de vastes célébrations, que je ne sais plus si je pourrais divaguer dans des églises sans passer par le déambulatoire ou par la sacristie sans aucune trace sur mes membres.


Ayant trop souvent officié dans le minimum de la parole, je doute pouvoir faire mon exégèse sans finir dans la vacuité.


Acharné à des jours sans réplique et sans réflexion, où toute parole m’apparaît comme une infecte grâce, je me cramponne à l’idée que la science elle-même ne peut expliquer mon inanité et j’en ris pour n’en pas devenir le jouet.


Toutes les actions contre la mort tiennent de la bouffonnerie et de la boutade.


En dehors de mes déceptions je me demande quelle autre forme d’injustice naturelle que celle qui m’a donné un corps de silencieux, s’est appliquée à mon cerveau pour me faire si déparleur, si emmuré.


En appétit de pires et de prières.


Mon incuriosité tient à la forme et à la somme des réponses que je ne fais qu’à moi, quand je suis dans le corps d’un homme qui s’absente.


En dehors de survivre, que faisons nous qui prête à l’estime ou au mépris ?


J’ai toujours considéré la fin comme la dernière note de la portée et que nous n’aurons jamais aux lèvres.


Tant ma douleur est illisible, tant elle m’apparaît dans sa molle noblesse, caduque et vulnérable dans son caractère d’inobservée, entre la caverne et le bénitier,entre la stance et l’ultimatum.


Je ne considère rien qui vaille la peine d’être partagé si ce ne sont les abus.


La forme la plus honnête pour se construire me paraît être l’omission, le reste sert à des attachements discordants, discordieux, aux nœuds,voire à la pire des afflictions.


Sortir avec un « Je  »inescorté pour rencontrer un double si extérieur à soi qu’on s’y méprendrait en reconnaissance.


J’ai banni  toutes les présences et j’erre à la première de mes personnes dans des marges altérées de fausses notes.


Bien que mon sommeil m’apparaisse comme une petite pulsation inadéquate et inappropriée, je ne cherche pas à en sortir indemne, sinon pour échafauder.


Tout ce qui procède de l’exception m’écoeure, comme si je ne pouvais me résoudre à y voir la trace d’un dieu dans l’orbe d’un devenir.


L’univers tout entier m’apparaît comme le sens d’une stupeur qui cherche à émerger dans une présence.


Rien de nouveau que je cherche à légitimer par des calomnies, sinon ce moi fourbu et fourvoyé de naissance qui m’arrache des cris et du ressentiment.


Mon poison n’est ni l’insomnie ni ce découragement que je m’accorde pour me glorifier de rester à l’écart des hommes, mais bel et bien le cours ininterrompu du temps qui n’a ni pauses ni intervalles.


Qu’ai-je subi et n’ai pu étaler pour qu’il me soit donné de vivre autrement,de voir autre chose qu’une chair flasque et qui pourrit ?


A ce crime obligé qu’est la vie répond cet autre crime qui est de le savoir.


J’ai fait faillite dans un corps qui cherche une thérapie pour une odieuse guérison.


Mes ébriétés ne m’ont pas fragmenté, je suis né avec des tessons dans les mains un point c’est tout.


Ponctuel comme s’il me fallait autopsier le temps, je n’ai connu plus nette folie que l’exactitude à la durée et qui eût valu que je l’explique.


Les mots sont des enfers de salissure et de pureté dans la bouche de l’homme qui cherche à s’en absoudre.


Ayant épuisé Dieu jusqu’à l’incuriosité, ma glose fraternis avec cette ironie,avec ce faux embonpoint.


Tout ce qui est intolérable a eu mes préférences du temps où j’étais tolérant.


Le court terme me donne du vertige et des torticolis.


Vivre nécessite quelque odieux courage qui se traduit par l’injonction ou l’exemplarité.


L’extravagance d’une vie insondable et insoutenable…