Promenade avec un cerisier

Proverbes détournés

Heureux au jeu ,malheureux en amour : une heure aux jeux, malheur à mon amour.

Plus on est de fous, plus on rit : plus il y a de garde fous, plus on les plie.

Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures : les plaids sans broderie commencent avec les mains du tailleur.

Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es : dis moi qui te hante, et je te dirai qui tu hais.

Qui se ressemble, s’assemble :  qui me semble rat, rate mon ensemble  .

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C

1979

Post horoscope vierge.

1979


25.6

Géographiquement vous vous êtes placé entre l’hôte et l’autel, c'est-à-dire entre un cierge et une vierge. Comme vous vous êtes méfiez de l’eau rance des bénitiers, des maux d’estomac de gorge et de prière vous sont venus, logorrhées adverbiales et paroles insalubres en direction d’un dieu qui n’est témoin que des imbécillités du monde.

26.6

Comme elle vit encore vous lui téléphonez, comme il est mort vous vous abstenez, ce pourrait être vous à l’autre bout du fil. Monologues et soliloques, pensées absurdes et pansements dans le parcours de ce jour, ponçages de toutes sortes aux dépens d’idées de large et claires. Soleil dans la maison carré et celle du curé, ce brouillard de l’après midi dans la région de l’hypothalamus n’a rien auguré de bon si ce n’est du bonheur insipide de tous ceux qui vieillissent en le sachant.

27.6

Fin juin, vous faites vos vaccins. Vous avez repris vos habitudes entre latitudes et altitudes, le mal du scaphandrier vous occupa dans la soirée. Bourbonnade à domicile. Entre errances, erreurs et ergastules vous avez oscillé, ce ne sont pas elles qui vous sauveront des élans du cœur puisqu’il a dérivé de la nef au triforium. Les livres mal lus se sont moins ouverts que les glossaires en lettres capitales. Mercure n’a rien retenu du chrome des gingivites et des pas en arrière, quant à Jupiter, il sentit du derrière, ce qui vous mit d’humeur chagrine.

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E


Parfois il lui prépare un dîner, d’autres pas. Quand il a décongelé la pain bien qu’il sache qu’elle en achètera il dresse la table, deux assiettes, deux fourchettes ,deux couteaux, deux verres. Puis il attend. Il attend qu’elle rentre, allongé sur le divan du salon, où il n’y a de place que pour un, mais où toux deux s’endorment souvent repliés, serrés comme deux oiseaux qui ont rogné sur leurs ailes. Elle, elle rentre tard. Il a attendu, il n’aime pas attendre, l’attente est une longueur de trop, elle est sa crispation,ses nœuds à l’estomac, et ces ainsi que les heures passent. Une fois qu’elle est rentrée, il descend les escaliers, s’assied à table en face d’elle, elle lui parle des piles de documents à classer, de ce sombre idiot qui est venu faire du foin au guichet, de cette autre qui est toujours absente et ne branle rien, et il écoute, où il n’écoute pas. Quand le repas est à son terme, il débarrasse la table, pose les couverts dans l’évier et s’en retourne s’allonger sur le divan. A la télévision, zapette en main ,rien n'est à son goût, il ôte alors ses chaussettes qui schlinguent et qu’elle s’empresse de laver, rejoint le lit, se recroqueville comme un petit animal contre le flanc de sa mère et s’endort aussitôt. Le lendemain, la vie molle recommence, comme elle doit aller elle va….


D’autre fois il boit, il boit trop et il le sait, il boit pour endormir son esprit. Il s’assied alors sur une chaise de la cuisine, appuie ses coudes sur la table, enserre sa tête entre ses mains, et lui dit « Veux tu que je m’en aile »,elle répond « Non »,alors il reste. Il monte de son poids de mort l’escalier qui mène à la chambre et s’endort. Le matin, elle s’est levée la première, s’est douchée longuement, a passé le fœhn dans ses cheveux, s’est maquillée, a préparé le petit déjeuner. Souvent il la conduit à son travail,le soir il l’attend près du lieu où elle gratte, dans le bistrot le plus proche et lui envoie un petit message qui dit « Je t’attend devant un café ».Il attend qu’elle sorte. Elle est en retard, elle est toujours en retard, un long retard, il ne dit rien. Il est devenu un homme qui se tait, commode et conciliant, de l’âge sensé lui est venu avec le temps, plus jeune il aurait maugrée et davantage. Quand ils rentrent à demeure la table est mise, la maison est propre, et bien qu’elle le soit, elle s’emmanche d’un balai et fait le tour de chaque pièce, faisant résonner ses pas de trotteuse sur le parquet ciré, puis tous deux dînent comme tous les soirs, en se parlant où en ne se parlant pas. Quand le repas est clos ils rejoignent le canapé, allument la télévision, fixent leurs regards sur l’écran et s’endorment, silencieux de tout et de rien…


Depuis neuf mois ils dorment ensemble, parfois serrés l’un contre l’autre, d’autres pas. Chacun a son côté, lui à droite du lit, elle a gauche, une ligne de démarcation, voilà où ils en sont le plus souvent. Cette ligne, c’est de l’ordre d’une signification, on ne baise pas, on dort. Pourquoi en sont ils là, il l’ignore, elle n’en sait pas davantage, ils sont deux à ne pas le savoir. Il est peut être passé sur l’autre versant du sexe, de celui qu’on conçoit de vingt à cinquante ans et qui au-delà devient impropre, impersonnel. Aujourd’hui lui viennent d’autres désirs, d’autres envies, celles de la quiétude, de la sérénité, le partage des choses simples, stupides, communes, bref le vide et son attirail de mots mal entendus. Bien qu’elle aimerait encore cette sauvagerie des sens et de l‘amour ,il n’y répond pas, il ne bande pas, il ne bande plus. Elle ,elle le désire encore et c’est avec un baiser dans le cou, une caresse qu’elle le lui dit. Il se met alors sur son flanc gauche, ne la repousse pas. Elle comprend alors qu’il va à nouveau s’endormir, attendre que des rêves lui viennent et que le lendemain il lui dira au petit déjeuner. Au matin ,c’est le même jour qui est là…


Comme il ne bande plus, il lui dit que c’est son désir qui a pris la tangente, s’en est allé dans une autre direction, qu’il est dans un temps sans éclaircie un temps sale, nuageux, qu’il attend d’en finir avec ces jours carbonifères, qu’il aimerait qu’il en soit autrement, mais cet autrement tarde. Il dit aussi qu’à la fin de l’année quand tous ces emmerdements auront terminé leur cours, il ira mieux. Il y pense parfois à ce sexe qui ne lui obéit plus, qui ne se raidit plus, qui est là dans son entrejambe comme un paquet de chair molle juste faite pour pisser, et puis des idées lui viennent sur son âge, sur cette andropause qui doit forcément y être pour quelque chose, oui c’est ça, cela ne peut être que ça. Elle ,elle lui dit ne pas lui en vouloir, que sa propre sexualité est dans une reculade, chacun croit chacun, chacun gagne à être cru, c’est une vérité lourde et sévère, elle fait le pois de leurs deux solitudes tous deux s’en accommodent, comment en serait il s’il n’en était pas ainsi ?

 

Ecrit en une heure...

1978


Je me souviens avoir eu du mal à écrire Malesherbes.

J’achète pour trois cent balles des bouquins tirés à quatre vingt dix mille exemplaires, pour quatre vingt mille crétins, dont soixante dix mille fonctionnaires, l’un d’eux est le « Luther » de Claudion ;dans l’heure qui suit je le balance dans le caniveau..

J’aime cette phrase « le ministère des travaux publics prend l’eau »

Cet onaniste d’Onassis..

Idéal de vie, fonctionner..

Zorro était –il un mou ?

Oui, à condition de rester dans les coulisses…

Je n’accepte plus que le comment se taire…

Nouvelle idée de Dieu, il naît, ou il ne naît pas…

Patricia a des orgasmes, wasserfalls rimbaldiens…

Soutenir une taiseuse, se bien placer sous la causeuse…

Bomber le torse, forcer une blonde, tomber une corse, tenir une plombe…

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Bestiaire de JIL

 

La poulela poule

La poule s’écrit avec un P comme pays, plouf ou pou. Le P quand il est majuscule ressemble à une pipe ;lorsqu’il est minuscule, à un pape ou à un pope. Le O de la poule est l’œuf qu’elle a pondu, et son zéro de conduite si elle ne traverse pas dans les clous. Son U, fer à cheval qu’elle a dû traîner, porte malheur sitôt qu’elle parle à un âne. Son L au singulier l’empêche de voler, si elle en a deux, elle est de luxe, ce qui plaît au coq. Quant à son E, phonétique de poussin à venir, il traduit sa malchance et notre insistance à la mettre au pot.

 

 

L’œufl'oeuf

Quand il est pondu, l’œuf tient autant d’une boule de billard qu’un pis d’une tirelire. L’œuf possède à sa finale un F, comme France, faribole ou Fanfan, c’est pourquoi les maris honnêtes, lorsqu’ils sont bien ficelés crient cocorico, et finissent dans un frigo, ou dans les basses besognes, autrement dits cours. L’œuf sert parfois de toupie, de juron, de victuailles aussi. Un œuf seul donna naissance à une poule, plusieurs œufs réunis inventèrent la douzaine. Faire l’œuf c’est aussi faire le con, la poule ou le coq, c’est pourquoi au carré ou au cube l’œuf s’appelle un comité.

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