Au jour le jour

Au jour le jour - 26


Les plus sûres
Ont des seins en apparence
Elles sont couchées
Sous les arbres
Elles retiennent leur souffle
Accrochées à cet amour
Que ne corrompt
Aucune image
Aucun blasphème
Elles se relèvent
Elles sont chromées
Toute en effusions
Récitantes des anciens bals
Quand les échansons
Leur servaient
Du tourment et de l’absinthe
Leurs vies sont encore
D’ouverture
Et dans cette corbeille
Que dessinent leur poitrine
Il reste tous les fruits
De nos amours vaincues
Tous les sucs suffisants de nos offenses
De nos affronts
Qu’il tombe encore des mots
De leur lourde panoplie
Et nous voilà comme des chiens
Cachés entre leur sexe.

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Aux touches troublantes
Où l’eau rougeoie
Voici à la fois
L’écorce et le tain
La valise et le voyage
Cette lucidité de voir
Quand il faut
Partir le premier
Sans rien tenir en main
Sans rien falsifier
Ni la science soigneuse
De nos habilités
A mentir
A se tenir droit
Ni la pensée
Ferment
D’une douleur idéale
Elles
Elles peuvent se tendre
Casser péter les aubes
Y gronder
Avec leurs sourdes misères
Se mouvoir
Du clocher au campanile
La première qui touche au drapeau
Y enroule sa chevelure
Puis ira par les tribunes
Se cacher en ces lieux
Que n’atteindront plus nos cécités
Nous les chiens larvés
De peu de race
De tant d’audaces obscènes
Avec tous nos hivers
Brisés par leur droiture
Que pourrions nous
Garder retenir d’elles
Si ce n’est cet autre congé
Plus froid que l’environ d’un port
Quand les marins ivres
S’en vont sans un au revoir

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Au jour le jour - 25



L’enfance idiote du voyageur
Patenté pas frileux
Avec ses renaissances et ses armes
Le désir violent qu’il berce
Pour toutes ces femmes anémiées
Le voilà moins chaud
Dévasté
Presque cérébral
Avec ses scarabées de nœuds
Ses lèvres
Vers la paix orientées
Comme une luciole
Sur un fruit gras
Moi qui vais mal ouvert
Au-delà des îles
De ces orbes absolues
Que je traverse en songe
Je ne vois plus de cette enfance
Que le veuvage d’une mère
Ses crépuscules
Sa terreur tumultueuse
D’avoir été une femme
Dans le frisson d’une autre terre.

Comme il est bon
D’avoir rougi sa mémoire
Ses façons de chien couchant
De s’être débattu
Aux ventres des murènes
Importées dans nos sommeils
Par les craquements de la mer.

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Au jour le jour - 24

Avec vos mains savantes

Vos nocturnes équipages

Les insectes ignorés

Aux caves et aux arènes

Vous chantez inclinée

Affamée de mes nuits

Des motets d’avenue

A terme défendus

Votre terre en pelures

De ciel et d’orages

Dans vos gradins couverts

Je m’y livre

Avec mon amour de coche

Mes putains de maladies

La calomnie

De mes aveugles naissances

Et mon flot d’épaisseurs

Aux nuées étendues

Exécrées par mes lois

Avec vos nouveaux cultes

Vos cendres constellées

Est un ennui de feutre

De peur et de sagesse.

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Au jour le jour - 23

L’obscur été

Avec ses chiens assis

Le brasier

Autant dire la menace

Le voici

Plus émouvant encore

De la treille au grenier

Chaque aube

Chaque roue

Tous les marbres

Avec leurs recours

L’élèvent au ponant

Avec l’ennui traîné

Avec l’émoi tracé

Avec l’amour qui s’apaise

La livréeL’endormie

Avec la main

Où grandit la réponse

Avec ce qu’il faut nomme

rAvec ce qu’il faut taire

Voici l’obscur été

Qui me trouble et me troue.

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Au jour le jour - 22



J’ai ramassé un bout de temps ramassis de jalousies de rivalités de trivialités pimpant comme une rigolade une gesticulation rond rouge comme un coquelicot pauvre comme les psychologies j’en ai usé si fortement que m’est venue une fièvre sèche luminescente dans ces tourbillons d’être que pouvais je commettre de détonant d’étonnant sinon quelque tapage diurne que les bons entendeurs ne saluent pas mes voisins voyaient dans mes liquéfactions une injure à leur vertu me rappelèrent le bons sens celui qui est en ligne droite en angles obtus équerres et règles mêlés j’ai beau eu pouffer de rire sourire béatement faire le malin ne m’en tenir qu’à ma chienlit d’espèce je me dégonflais peu à peu restent dans mes panoplies un costume de chevalier blanc un masque de fer de la verroterie une femme qui plaisante dans mon dos et un endroit crasseux pour m’asseoir et douter…

La façon qu’a la pince de dégrossir les pierres froides garantes de toutes nos contrefaçons est d’une complexité exemplaire j’ai vu dans ses mâchoires rouler des graminées du béton armé du laiton du cuivre de l’airain plus ancien que tous nos souvenirs en prosodies de comptines savoureuses des années de puanteur tout ce qui commence par de la charité et finit au point le plus bas de nos efforts objet de convoitise la pince est à elle seule un musée plein de minuties de renforts de gestes augustes de perfections une gloire certaine lui est venue avec les âges et quoi qu’elle mette en pièces quelque motif qu’elle ait de mordre ou de désobéir elle reste toujours une virtualité de faiseuse de poinçons je vous laisse à penser sur la féminité de ses courbes..


Au lendemain des dépositions pressée comme après un effort violent la joie éclate sort de son trou de sa piaule ennuyeuse de sa réserve enfle remplit la ville et jusqu’aux beffrois tout s’anime s’imbibe d’allégresse les étendards on des façons d’air qui rime de canaille aussi elle grossit la foule la nuée de ceux qui s’essoufflent à l’admettre or ni le vent ni la paresse n’en veulent la voici qui se signe et du grand saut qui la déplace de gauche à droite ne subsiste que l’idée d’en élan dans sa descente vers les parties obscures de notre être elle se vêt des odeurs exquises de la noce d’une douce sainteté de plumes odorantes s’affriole d’encens d’éclats de rires à la force des bras nul ne peut la déplacer la soulever l’acquérir et pour dix roupies ou dix pfennigs il parait qu’elle s’est déjà quelques fois mise à poil cela quand l’appréhension et la honte ne lui venaient pas…


Si je me conduisais comme un rétiaire sans noblesse un sicaire sans dépit un diable sans ses serments j’aurais mon instinct bafoué j’aurais à le porter dans une autre religion dans cette escarmouche où aucun ennemi n' est en vue m’est venue l’idée que si je m’emportais moins me portais plus loin peut être aurais je gardé dans le regard cette façon qu’ont certains de voir ceux qui marchent qui oublient qu’ils sont des hommes d’empoignades de saignements et qu’à nouveau mes yeux embrasés observeraient ce qui leur est adressé exposé rien ne m’est apparu neuf depuis et de toutes les magies de tous les sortilèges de tous les océans de larmes  de neiges symbole d’un monde qui se mine en s’animant je garde la froide monotonie puisse l’existence me proposer un nouvel accident afin que j’y figure moins infâme que tous ces adultes gâtés…


Mon dernier amour ressemble à un chiasme singulière figure du dédoublement à bien le regarder c’est heurté insane sot ridicule misérable altier asservi sensuel qu’il est encore aujourd’hui et dans ce lointain repos où il aime mange dort dorlote d’autres que moi tout lui reste savoureux délicat comme plus rien ne me convient je mets mon corps dans les mains de ces filles qui n’en sont pas jalouses belles rotondités exquises énergies qui ont peut être le défaut de parler moins que moi rien ne me dit que cela vaille et pourtant je le fais je fouille dans leur ventre  leur mémoire leur lèche les babines déroulent en elles mes dimanches fuselés que je ne veux plus entretenir elles elles me tapent sur le système la queue posent leur langue là où il faut aux beaux endroits de ma vie et de mon anatomie je regarde alors vers demain plein de honte de désarroi je vais me desserrer d’elles pour ne pas finir entier…