Au jour le jour

Au jour le jour - 36

Après l’écrasement de son pouce
Pointé vers le ciel bas
Comme une traînée de poudre
L’ourse lécheuse d’étoiles
D’orties et d’ortolans
Avec sa flûte à bec
Alerte les anciens dieux jumeaux
Des fusibles qui ont pété
Sous les voûtes inviolables
Les fusillades frétillent
Les cadavres prennent
Des airs d’horloger à la retraite
L’effraie part en navire
Croiser les grandes croches
Dans l’erre inviolée d’un chariot monstrueux
On a droit au regard
De tissus de soie
Jetés sur des écrans
Les ombres s’approprient des lézards véreux
Plusieurs visites ont lieu
Dans un temps qui nous est étranger
Puis dans un hôpital champêtre
Là ou s’égouttent des parcelles de nuit
Mon oncle
Avec ses paluches de pelures et d’orangers
Vient s’enquérir
De toutes les invisibles formes…

Entre la terre et toi
Ma raison est d’être
Dans la tiédeur
De cet homme inconnu
Qui n’a pas souffert
De sa sensible conscience
Toi qui dis
Que les hivers sont
Des injures indigestes
Entends le saule prier
Le chêne retentir
La fontaine s’irise de gel et de givre
Chacun est de sa propre couleur
Le défenseur inaltérable
Chacun a la certitude
De ses feuillaisons à venir
Rien n’y résistera
A la liberté de devenir
Tous ont une place
Ainsi je serai près de toi
Comme pour un simple bonheur
Tenu serré
D’une seule main
Oubliant l’autre
Avec laquelle je t’étranglerai
Ou t’étreindrai…

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Au jour le jour - 35

Le plus petit fragment de moi-même est situé non loin d’un monde qui s’abîme dans l’implacable posture d’un corps désastreux éclaté dans la roche. Mes os sont devenus des défaveurs, ma chair triste, et seul mon crâne qui garde en lui toutes les formes de mon ennui, de mon désespoir me ramène à ma stature de bête apprivoisée. Il y a une infinité de mots que je ne dis plus et qui attestent que mon sol est devenu visqueux, sans arpège, que je ne m’y foule plus, et que ses mystérieuses mains levées sont autant de racines élémentaires qui ne saisissent plus rien. Me voilà sans ressource, sans agrément, je ne persiste plus dans aucune protestation, tout est de faille, mon passé est un colosse qui a les pieds dans la tourbe, et que viendront repêcher des chercheurs à la barbe naissante.

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Au jour le jour - 34

Comme du mimosa, celle du crément s’obsède à lui ressembler, celle du vinaigre a des ailes bleues, opus de bromothymol, celle du bordeaux ne connait rien à Marylin,mais peut déborder de ses jupes à tous moments, celle du beaujolais à l’odeur des chais et des vieux paniers, celle du vint qui ravit, et que mon père buvait, plonge dans les verres comme un scaphandrier qui n’a pas fait ses exercices d’apnée, celle de l’Arbois a l’œil vif d’un archer, celle du devoir le fait et donne au joue un peu de son charbon, bref, toutes les mouches que j’ai connues sont pattues ,aileuses et ventrues, un peu comme ces filles qui vont au bal et qui se plaqueront contre des mâles qui ne vont plus à la treille et qui ont besoin de somme.

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Au jour le jour - 33


Quand l’Eros ratiocine, Simon s’étire ,soupire et rit. Rita attire alors les rats sur son radeau, et tous deux s’apitoient sur le sort des souriceaux. Simon mal nommé défend qu’on le sermonne, puis las, taré et tari se défait sur les lames du canot.
Niquedouille et lubilis bistouraient leurs oscilleux complexes. Il arriva qu'un jour, cramolet et négrotif s’enfuirent de leurs blizures, lubilis l’apprit ,c’était une bazaine méditative pour un frontain sans géluvin, puis tous de ligurner les overnons pour des retrouveuilles de fixité.

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Au jour le jour - 32


Du microsillon
A l’asphalte
Pressée nue
Parce qu’il faut parler
A voix haute
Et ne savoir quoi prendre
De cette subite envie
Elle se veut large
Mécanique insoumise
Ses vertèbres
N’ont rien d’un frottement
Elle est debout
Trop abstraite
Elle ne trompe personne
Ses seins sont des formes tues
Des feutres des fourrures cassantes
Ils ont la teneur des torches
Avec la lenteur
D’une qui se délie
Sous les commandements
Elle dégage ses jambes
Elle va partir
La voilà plus roturière
Qu’avec ses anciens ornements
Et toute enchantée qu’elle fut
Elle ne vaut pas une mère
Qui a perdu son enfant.

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