Au jour le jour

Au jour le jour 515

Quoi qu’on dise de l’éternité, on le dit mal, voilà pourquoi je ne me soucie guère de ne pas y penser, sinon dans l’a peu près d’un syllogisme voué à une réflexion sur la fausseté de croire. 

L’homme en quête d’un absolu dont il ignore tout, s’enveloppe d’un manteau d’illusions, et part l’âme toute en consistance vers des lieux où Dieu l’a précédé, et où il croit rencontrer ce qu’il y a de moins extrême dans son maigre bonheur et qui ne soit pas monstrueux.

Comme il nous est donné d’appartenir au monde sans y être invité, avec nos faces que la nature change pour nous donner à croire que nous avançons dans la vie, nous voulons malgré tout nous porter atteinte, alors que déjà quelque chose de plus haut que nous s’en charge sans que nous y réfléchissions, sans que nous n’y puissions rien.

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Au jour le jour 514

Résigné de et par nature, mais respirant malgré tout, parfois même surpris de n’être pas anéanti par cette résignation.

Tout ce que nous acquérrons comme savoir est souillé d’avance, j’envie davantage les fous que les outrecuidants.

Parfois vivant comme un anémique, d’autres fois comme un boulimique, cette oscillation fait tous mes inconforts.

Toute douleur éblouit, une douleur qui n’est pas signe d’émerveillement tient du charlatanisme.

A quoi bon encenser l’homme, chacun de ses actes tient du discrédit, autant celui de la matière que de Dieu.

A l’égal de tous c’est ce misérabilisme qui m’indispose, et que je formule comme un silence, en fait ma lie.Vivre, c’est se différer.


En prise avec mon âme et mon statut de mortel, Dieu, quelle merde, et quelle fanfaronnade.

Ménageons Dieu de peur qu’il ne se venge en nous faisant bosser dans ses latrines.

Je sombrerai avec et dans le réel, n’ayant pu m’y établir, c'est-à-dire me ranger parmi les comédiens, les comparses et les souffleurs.

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Au jour le jour 513

La santé et la lucidité nécessitent d’incessants contrôles, contrôles auxquels je ne me suis pas soumis, pour me dresser sanguinolent parmi les hommes, et donner à voir ce qu’il y a de vivace dans la désolation.

La vie, c’est de la matière obligée à paraître, et qui montre jusqu’où la supercherie du voir peut nous conduire, sans que nous y ayons aspiré.

Tous les jours me semblent si tardifs, qu’il me faudrait une immensité de temps pour les caler dans ma fatigue de ne pas avoir pu y faire entrer ma connaissance et ma tristesse.

Je n’ai pas eu d’entrain, je suis resté en ma réserve, comme un animal inavoué, et qui pense, tout en regardant le ciel, que toutes les transparences ne viennent pas de la lucidité.

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Au jour le jour 512

Toutes les tentations vont de la maladie à l'erreur ,en passant par les diligences de la parole et l'éthique sale du paraître et du montrer.

La fatigue tient de l'absence, c’est un mélange plein d'une grande vitalité toute  en soubassements et en  barbaries qui versent dans la planque  et la neurasthénie.

Je me suis assoupi dans l'existence quand  d'autres y sont entrés, pour des ardeurs que je ne connaîtrai que les veines tailladées.

Mes sentiments me semblent être les seules perfections que je puisse mettre en avant, tout le reste va de la litote à l'homonymie.

La matière même est folle ,mais elle  se débrouille pour ne rien laisser apparaître, sinon les impitoyables thérapies prises dans les solutions  d'un univers gangréné de pureté.

Dans le respect qui caractérise les premiers élans de l’amour, un serpent et un singe se réconcilient pour gagner en sauvagerie.

Dans ces nuits, cancers agrandis à la lueur des souvenirs, ma vie  me semble être un jeûne où j’ai  rogné jusqu'à la déception.

Le cynisme d'en appeler à Dieu pour n’être qu'avec lui ou en lui.

Lorsqu'imbibé de la cruauté d’exister sans élans, je me lève et oscille  entre la course et le piétinement, mon corps tout entier semble dans les molles festivités d'appareils affectés par toutes les relégations.

La pratique de la vie est une  pratique obscure, quand elle  s'éclaircit c'est dans la peur ou dans l'ennui ,deux architectures de l'accord qui cherche à s'en dégager pour rejoindre l'esprit.

Tous les gaspillages du corps, gaspillages qui vont de la respiration  aux inerties dans lesquelles nous nous abritons pour échapper à nos voies, sont faites  de ces substances  où s'est dissipée de la nuitJe ne me consolerai jamais d’avoir cru  possible un entretien avec les hommes ,je compte bien en rester là.

Faut-il se  surmener  dans les possible ?

Tout est terreur ,et exister, une terreur rythmée par les non-sens du décor où elle s’anime.

Entré de plain-pied dans les excès qui font trembler ou obéir ceux qui vont de la soulographie à l’anathème, ma vie  qui s'en était cachée y revient, dans les phénomènes des raisons propres à me plonger si intérieurement en moi,  que c’en  est devenue une véritable péripétie.

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Au jour le jour 511

Sur les scènes dérisoires de l'existence est-il nécessaire de posséder, de détenir quoi que ce soit, j'ai dressé un inventaire pour la millième fois, je ne vois rien qui me commanderait de rester debout, si ce n'est l'amour et l'amitié ; toutes les stratégies de comprendre comment le sang monte à la tête,ceci n'est que d'un faux entretien, il m'arrive lorsque j’ai trop bu, trop abusé, quand je me suis trop arc-bouté sur les comptoirs en ne monnayant aucune idée de partage de croire que la vie est un compte,une somme due, il n’en est rien. Je vis au rythme de cette démonstration, cette part d'humanité justifie que j'ajoute chaque jour à ma foi d'exister un nouveau mécanisme qui me permettra de regarder l'homme comme  l'objet le plus lumineux qui ne cherche pas dans les provisions de la chair à se mettre en ébullition, à se damner pour une tête d'épingle, un nœud papillon, ou une mignonnette. J'apprends, j'apprends encore,  cela tient de la contrefaçon, mais j'apprends et beaucoup devient consistant.

La lucidité est si épouvantable, qu’elle mène soit à la pâleur, soit à l'humilité, soit à la désolation, voire au suicide.

Dans cette ténèbre où ma soif de cruauté s'accorde à ma soif de désastre, seul Dieu expie, tout le reste s'est résolu à m'exaspérer.

Le dégoût, tous les dégoûts qui conduisent au suicide sont des prodiges.

Sur fond de vulgarité ,ma conscience en a tant appelé à des consolations, que je ne sais plus vers quel saint me tourner pour me corrompre avec lui de nos conditions.

Etre homme est si inconfortable, que je voudrais m'exercer à ces primautés de singe sans avoir à y réfléchir.

Dans cet enfer que chaque mot, chaque geste attestent comme les preuves d'une réserve annoncée, je me réveille entre la sensation de vouloir tout saboter et celle de me souvenir que j'en suis toujours resté là.

L'esprit est cette sonorité du dedans que les sens ne  rendent voluptueuse que si elle se mesure à l'aune de nos apaisements.

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