Les souvenirs aux liqueurs bleues s’écoulent sous les réverbères les soirs de fête, et nous nous établissons dans de sinistres jugements avec nos chapeaux de feutre et nos mains sans digitale, sans nos chemises oubliées aux nocturnes laveries où ne vont plus que des filles impudiques pour y dérober nos regards mornes. J’invite la nuit à se poster dans le rageur apparat de nos consternations à les voir comme telles, comme des crapaudines qui vont faire bondir à nos visages des crachats et des microbes, celle de nos enfances sacrifiées. Dans les méandres savonneux et glissants des tissus qui se froissent de nos paralysies nous changeons nos textures, aux murs qui nous font face ,de stupéfiantes images vont et viennent en poudreuses déclinaisons de couleurs délavées, en cercles concentriques, et nos yeux ne peuvent s’en détourner, c’est dans cette indistance que nous aimerions nous corriger, mais de quoi, cela nous l’ignorons, nous avançons à petits pas de fougères et de menthe dans l'obscurité pour aller nous vêtir de nos oripeaux, puis passer à des longitudes qui ne vont plus à la mer ,ni à nos anciennes coutumes et libertés.
Nous qui aimons la grâce
Au visage ajoutée
Comme un sommet de neige
Se révèle d’un été
Et laisse au ciel étale
Sa couleur attendue
D’une invisible noce
Comme d’un palais venue
Nous aimons qu’au rebut
Où nous jetons notre âme
N’aillent que nos sommeils
Et chacun de nos drames
Celui de cet enfant
Ange consubstantiel
Qui ne s’est arrogé
Aucune autre merveille
Que de rester penché
Au dessus de son gouffre
Et de ne pas savoir
Qui de la branche libre
Ou du livre entrouvert
Peut mieux le ramener
Singulier et sonore
Vers ces astres muets
Délivrés aux aurores
Et qui sur la plage blanche
Ecumeuse de fuseaux
Laisse entrevoir la mer
Au premier rang du temps
Et d’un même univers…
Ce fut un temps à repousser les coutelas, à rire sous cape de ces promesses de vieillard insensé, rendu fou par de sombres sortilèges. A la rousseur des jours sans signaux, il advint que d’autres voulurent rajouter l’esbroufe du sentiment, des zones d’attraction, des phénomènes d’approche et de consentement, ceux qui vont de l’entrejambe à nos rougeurs, traversés de vaguelettes translucides comme autant de suées salées. Le jour qui est une invective de devenir, ne se voulut plus dans la verticale des objets érigés pour des célébrations, aussi pour nous coucher dans le noyau d’un corps mobile, nous dûmes nous rabattre sur des objets sollicités par les mains de déesses infirmes. Puis c’est la distance qui nous prit, dans un intact paysage de brumes et d’encens, quant aux correspondances, elles arrivèrent sur le tard et personne n’en tint compte…
Chère absente avec tes élémentaires soubresauts de sornettes ,des journaux que je suis seul à lire ,voici ce que je te dis, que le trouble de la guérison m’ordonne de courir après les furets qui feront le poil de mes pinceaux, n'existent plus à ce jour que tes desseins, et bien que ton frangin arrive pour fêter ta présence, je n'y vois que la durée du destin sur le départ d'une vieillesse annoncée, tu me mets lugubre contre le vent, mais mes misères circulent contre l'annonce faite aux faux mariages ,ceux de la délibération, de l'entretien ,aussi entends moi, je n'ai d’égal que l'égalité ,et la rapidité de mes incorrections marche au bec des oiseaux souverains qui cendrent le ciel avec leurs peines à d'innombrables démences mal entretenues, suis-je dans la correction si je te demande de me donner le certificat même de la capacité à t’introduire dans ma vie nocturne.
Il faudra bien un jour
Que l’ombre qui nous tasse
Avec ses fièvres lentes
Et ses filets tenaces
Décolorés aux encres
Des folies meurtrières
S’écrase contre les murs
En rejets de lumière
Contre les stèles vives
Des objets stupéfiants
Et non pas sur la pierre
Ecrite contre le vent
Qu’un deuil insignifiant
Sans refrain sans colère
Livre à nos couplets saints
Ses antiennes roturières
Qu’à la bouillie des morts
Aux rainures de nos mains
Ne restent plus que feinte
De nos anciens chagrins
Qu’au couchant où s’altèrent
Toutes nos divinités
Naisse une nouvelle chair
Venue de ce néant
Où chaque membre qui bouge
S’inscrit contre le temps.