Au jour le jour

Au jour le jour 530

Tant d’éternités sans appels, tant d’aujourd’hui et de demains sans couche.


M’étant retiré de ces relais que je n’aurais su soutenir ni de mes mains, ni de mes bras, je n’ai joui de la solitude qu’en fanfaron, qu’en petit employé, tel un instituteur en villégiature.


Subalterne, voilà ce que je suis, et mon sommeil tout entier est de l’ordre d’un cauchemar qui ne suggère aucune épargne.


Dans mes insomnies quand le sommeil m’apparaît comme une sacristie qui n’est vouée à aucun culte, je me dis que j’aurais dû épargner à ma descendance d’en arriver là où je suis.

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Au jour le jour 529

Dans les extases fécondes et réciproques qui vont de l’homme que je suis, à la femme qui consent à mes baisers, il y a le sourire universel d’une nature qui n’a été envenimée par aucun néant.


Je m’imagine parfois que mes racines ont recueilli tant d’humidité, tant de putridité, que je ne pourrais plus rester debout, et qu’aucun fruit ne naîtra plus de mes pensées fussent elles fécondes, c’est là que je deviens insignifiant.


Il faut penser l’amour respectueusement comme lorsqu’on rentre dans une église pour y rencontrer Dieu, dans la nef, la flamme étourdie d’un cierge, là où nul ne pose son regard, si ce ne sont les vieillards avec leur humble prunelle.


Le monde ne peut se passer de l’oubli, s’il s’en passait nous crèverions tous des douleurs qu’il a mis dans les prodigieuses musiques.


Dans chacun de mes atomes, dans chacune de mes cellules, s’endort le chaos, il y stagne, de sorte que je vais toujours vers l’homme avec mon rire jaune, et un sourire biaisé.


Écoute Dieu quand il traverse ta solitude et ta tristesse, il veut t’apprendre à ne pas le chercher dans ces instants où tu meurs dans le moderne héroïsme des suicides à l’extérieur.


Siècle de vulgarité phénoménale, et que nous soutenons en étant des prototypes, des métaphores éteintes, une ombre profilée de la mort qui ne donne plus même d’inspiration.

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Au jour le jour 528

Et d'autres sont encore à ta raison et dans ce happy end, le terme se pend le premier, il remet son amour de diablerie avec adresse aux bras des filles de paille , moi qui ne suis pas pris dans la détente , je vais dans une tente faite de jute et de feuillages verts, ma vie s'y étend petitement, cette autre a des yeux en corolle, c'est une urgentière depuis vingt ou trente ans, c'est avec elle que je fais du rhum blanc et des préambules sur ce que je suis devenu, donner un amour à celle qui se pendrait à mon cou n'est plus mon lot, et je descends jusqu'à la maison mon père qui n'habite plus avec moi.

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Au jour le jour 527

Ainsi est la suite à l’orchestre naissant et maladroit d’une année qui s’agrège de ses buissons au pathétisme d’aveugle qui marche dans la neige, les bords de mes lignes font un bruit de tribunal, et celle qui est sans signature s’enrubanne des ballons rouges de nos enfances offensives, j’entraîne loin de mes affrontements un visage incertain au jour qui devra durer par sa fête singulière, et mes amusements qui sont tant d’oubli de ma roture seront névrotiques, laqués à en faire baisser les yeux, vous vous serez à la portière d’une voiture que quelqu’un vous ouvrira, votre robe sera gaie, vous le serez tout autant, je ris dès à présent de l’oubli et des jeux qui vous animent à mon encontre, soit, on ne peut allumer ce qui brille déjà, soyez riche pour chacun des êtres qui ne sont pas encore pieds nus, les portes s’ouvrent trop rapidement sur l’enfer, la vigilance est une mise obligée dans ce monde où l’on dévide, cambriole des cerveaux pour en faire de la chair sanieuse qui ira à la balle, à la ceinture, pire à la clef à bras…

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Au jour le jour 526


A toutes les profondeurs abstraites vont les cailloux rêches et amaigris que l’ivresse d’un grand regard poignant a déplacés de nos fatigues pour des abysses sans enchantement ; là aussi la fatigue du serviteur rend compte de toutes les oiseuses convoitises, de toutes les volées de son cœur, et chacun de nos départs est salué par une femme qui a travaillé dans la bâtiment. Ayant détaché de moi le mot avec ses faces peintes prise aux schistes amers des saisons roturières, je palis dans un palais de glace à la vue d’un cercle de danseuses nues qui attendent qu’on les peigne avec la lenteur d’un officier de marine qui est un pourceau ombrageux

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