Au jour le jour 552

Dans ce grand foutoir que la littérature corrige ou assassine, la déveine d’être m’apparaît comme le seul cauchemar à thème.

Mets de l’application dans ton horreur, ça n’aura plus l’air que d’un forfait.


Virtuellement curieux, je pousse jusqu’à l’obscénité ce regard qui témoigne d’une vie encore plus méprisable.


Tout ce qui est essentiel est caduc, voyez la vie, qui devient objet sitôt qu’on y réfléchit.


Être lucide en permanence, c’est s’acharner à démolir son corps et son esprit sans l’idée du martyre.


A l’écart du paroxysme d’un monde qui se plie et se déplie à souhait, je m’insinue dans ces horizontalités qui sont le marque des gisants.


L’éclat des apparitions nous met dans la position de ces ataraxiques là, qui ont l’air d’avoir réussi des cours d’extase.

Tout pouvoir est une fraude qui nous fourvoie dans cette action de la parole et du geste que nous aurions éviter sans elle.


L’insomnie en bonne élève, répète les leçons du sommeil et les projette dans cet avenir là où nous n’aurons plus ces faveurs.


J’écris par restriction de la parole, j’ai l’esprit occupé à des commandements autres que ceux de la langue et du palais.


Je me glisse dans ces journées comme un singe maladroit et en crise, qui se réserve des détachements pour faire figure d’humain.


J’économise sur Dieu, c’est le seul moyen que j’ai de ne pas le perdre jusqu’à la quarantaine.


Le tout se gargarise du quelquefois.

J’aime que les voyages me rendent tristes, et que le ciel évoque un Staël suicidé, indifférent à mes secrets et à mes peurs.

Les points de suspension sont des yeux morts qui fixent les parallèles de nos désenchantements.

Plus remonte le ciel, plus l’existence me pèse comme un objet retiré d’une noyade ou d’une confession.

Maladie, accoutumance des désastres virtuels.

La musique restera un de mes ressentiments, combien j’aurais aimé que brûlent toutes les partitions, pour qu’un feu éternel s’accorde à mon malheur de n’avoir su la comprendre,  la retenir.

L’aise nous limite dans le champ des prodigalités.


Mineurs sont tous mes mensonges, mais j’en possède tant, que je peux vivre sans m’acharner à des vérités muettes et aux assagissements qu’elle commande.

L’éternité me donne suffisamment de motifs pour ne pas entrer dans ses actualités.

Dans ces nuits où je réfléchis à ce qui me paraît être des convictions, je sais qu’elles m’ont mené jusqu’à la déception, sans qu’elles me protègent de mes partialités et de mes désertions.


Mes préférences vont à la clandestinité et aux pèlerins, c'est-à-dire à ceux qui se cachent ou avancent, mais qui se cachent de quoi, et qui avancent vers où ?


La vie est vacuité, mais vacuité suprême, et c’est cette suprématie qui génère tous les poisons.


Est neutre tout ce qui ne génère que de muettes apparences.


L’illusion est une forme d’hymne du vide érigé en supercherie de voir.

Entre le soupir et la pause, parfois la portée des assassins.


Aucune philosophie ne vise à se saborder, voilà pourquoi je m’y réfère, mais subjectivement.


Dans ce lieu idéal qu’est le cerveau, parfois une ténèbre ou une lueur, nous voilà fantôme ou fanfaron.


Je garderai toujours cet air de déçu, dussé-je réussir en quoi que ce soit !..


L’ennui m’a lavé de toutes les exagérations liées à sa saveur et à ses probités.


Être, c’est se subir.


Méditer sur le n’importe quoi vaut bien une consultation avec n’importe qui.

Plus j’avance dans la vie, plus je suis amer et consterné ;mais voilà, je veux encore être, et c’est en cela que résident toutes mes insanités.


Entre les connivences et la trahison, toute la panoplie des « Rhétoriqueurs »et de leur matière à leurrer.


Tant la solitude m’emploie, qu’elle me dessert jusqu’aux relégations.


Pour prouver mon intérêt à la vie, je l’ai servie ;j’ai en connaissance d’avoir été spolié, et plus encore, dans une position qui m’interdit tout blasphème.


Conserver, c’est se consulter et méconnaître les subtiles sensations liées au prestige de se taire.


Me saborder !En ai-je quelques motifs, non, en inventerais je que je n’abuserais personne.


Où chercher Dieu si ce n’est dans la prière, le jeûne ou un désert, ailleurs même, peut-être dans la science avec ses entraves et ses enclaves ?