Au jour le jour 548

Tout ce qui est, sera, d’où toutes mes pauvretés, mes manques et mes superstitions, pour parer à ce nouveau et terrible constat. 

Foi en l’avenir ! jusqu’ où la niaiserie peut elle aller dans l’image et la croyance ? 

Quiconque vit, s’enchaîne, au comble de cette assertion réside le débat sur toutes les formes de la sujétion. 

Un évènement c’est du temps en exercice. 

Peu profond, jamais éclairé, je vis dans la perspective de ne me rallier ni aux hommes, ni à leurs idées, je suis mon seul régime, je suis seul à vouloir disparaître sans m’être arrêté sans rien, je n’ai compté que les révolutions des astres et des morts, rien d’autre ! 

Est précis tout ce qui nous empêche de penser en dehors des cercles, de tous les cercles 

Arrive un moment où tout mot pue le désarroi, la matière même de nos plus petites figures inventées paraît pitoyable, il est temps alors de se considérer comme un objet vacant.

Attendre, attendre que la nuit avec ses peurs, ses pauses, ses hésitations, ses suffocations, applique ce qu’il reste de lumière ,c'est-à-dire le filtre jaune de ses ricanements.


Je ne m’acoquinerai plus avec le sort.


A mes éminences, à mes tertres, d’inattaquables perceptions, mais à quel prix !


Si je ne m’étais tant résigné à être un petit caractère, combien j’en aurais désolé par mes convictions.


Surenchérir sur la pâleur de l’existence, en s’introduisant massivement dans la ténèbre.


Qu’y a-t-il de plus terrible ,si ce n’est de lutter contre tous ces ennemis qu’on a laissé croître en soi ?

Ayant trop pris goût à mes pérégrinations, j’en suis aujourd’hui à me demander si toutes les passions qui m’ont habitées n’étaient que d’essentiels leurres.


C’est à vous guérir d’être malade que tout cet amour superflu et qui ne laisse pas de trace.


Je me fous de tout ce qui est raisonnable et pour cela j’évoque la raison.


Ma nature est dans le renoncement, pourquoi alors cette douleur qui vient par une absence, par les mots qui veulent en faire abstraction ?

Etre, c’est se défaire d’être.

Lui répondre que tous les beaux moments de la vie, j’ai dû les mendier pour n’avoir pas à abuser du merci.

La hauteur des misères humaines se mesure en écarts et écartèlements.


Telle opinion a une odeur de soufre, telle autre de charbon ou encore d’encens, je tiens en haute estime toutes celles qui ont une improbable santé et puent de façon délibérée nos falsifications d’être.

Aux spectacles des vanités dont je suis un dépositaire indigne, j’aurais préféré voir comment j’aurais pu me repentir si j’avais été moins artificiel.

Des jours durant il m’est arrivé d’avoir suffisamment d’énergie pour m’effacer ,et répugner de m’en acoquiner.


Nous ne devrions pas insulter l’art, quelque forme qu’il prenne il est toujours la démonstration d’un surmenage érigé en miracle de voir.


Qu’aurais je accompli qui eût valu la peine qu’on le nomme comme tel ?

La réalité me rase, et je ne peux m’empêcher d’y voir cet homme qu’on écorche sous mes yeux de peur qu’il ne souffre davantage ailleurs.

Toutes les idées qui visent à bouleverser l’homme sont des idées de vertige et de profondeur.

Né furieux, avec une âme de rossignol et un regard de cocu.

Prédisposés à la logique, nous aurions voulu liquider tout degré de cette vitalité qui nous pousse vers les fluctuations et le conditionnel.


Irrité par le mot, sans cesse dans l’obsession d’un silence qui renfermerait le monde et la musique, je fais et défais cette expérience qui est de me taire et de ne parler que dans la terreur et le drame.


La vérité s’exhale dans les jardins où fleurissent l’excuse et le pardon.

Entre les hommes et moi s’est imposée la sournoiserie, je cherche à comprendre pourquoi de l’aube au crépuscule, je n’y vois que la charge du compromis et de sa lèpre.

Toutes les maladies, si sincères et objectives soient elles, ne sont que la toute première manifestation de l’agonie de devenir.

Etre oblige à des putréfactions.


La prière est le seul endroit où les larmes côtoient cette connaissance dont nous ne nous vantons pas.

Le meilleur de l’homme est dans sa désolation.