Au jour le jour 538

L’amour est une révulsion du mensonge, et s’il ne l’est pas, c’est que notre lucidité est une reconnaissance nourrie d’un passé où nous avons failli.

La pensée est un fil rouge, un fil de sang converti en foudre et en éclair, une fois que l’on a palpité ou tonné, la pensée n’est plus qu’une pulsation de regrets chromatiques.

Ma tristesse est ancestrale, journalière, de loisir, pour une descendance et de la condescendance qui ont su rester devant ma porte malgré ce que j'ai porté  ailleurs, dans les alcools et tout ce dont j'ai abusé.


Aux stigmates j’ai préféré les encres et les pinceaux aux fronts ceints d’ortie j’ai préféré rosser et injurier des enfants fuyant la grammaire ,j’ai à livrer aujourd’hui un combat plus singulier pour de petites récompenses.


Lorsque nous sommes dans le vrai nous savons que notre naissance s’est établie dans la douleur de celle qui nous porta dans ses entrailles puis sur son cœur.


Là encore la banalité s’abat sur nos jours comme une vieille miraculée sur les bancs d’une église ,là encore le monde a des apparences touffues, s’écrit avec quatre chiffres de l’alphabet arabe, et nos arabesques en théâtre intérieur sont d’une nature de colimaçon.Toutes les années j’échoue dans mes tentatives de me souvenir des années qui passent.


Nulle autre forme de mémoire ne pourrait me rendre radieux que celle d’oublieuse, c’est pourquoi si singulière qu’elle soit je l’abreuve de conventions pour rester dans le vertige d’être tout simplement.

J’ai toujours su que ma volonté était veule, et que trop ébloui par mon poids terrestre, mes ombres ont altéré mes yeux et mon cœur, c’est pourquoi de cette race qui m’est nécessaire pour m’extirper de ma douleur , je tire des couleurs et des plaintes pour en faire les tableaux manquants de mes désirs inférieurs.

Toujours dans cette scélératesse ces blasphèmes ces aubes rougies aux voraces couches des campements d’hommes étrangers à leur terre et au terme si haut que nul n’atteint encore des pics et des faîtes des lances des sommets saillants pour agiter l’ennui encore des pertes au prix du feu du temps avec ses larges plans ses plaies béantes et de toutes parts des extrêmes floraisons des promesses et des dotations amères puis cette femme sur la rive qui est une hôtesse inquiète de toutes nos quarantaines de nos quaternaires lorsque nous marchions dans des espaces réservés aux morts…

Et c’est grande matière de dire le nouveau nom des hommes l’inquiétude et ses parages les passes des ans au tamis des inimitiés sincères et c’est grande matière ce sourire aux lèvres des filles ces ariettes ces gués bornés dans le jaillissement des chansons douces et c’est grande matière que ces enchantements de mots dans la bulbe des orages ces mots si coutumiers dans le désordre du temps dans la basse pénombre qui se coud des poches aux braies guerrières quand se jouent aux prés transitoires la folie et la gloire des humains vagissant et c’est grande manière cette tiédeur dans les plaisirs radieux pris dans le mouvement des verres levés contre le vide des mesures insensées les aigrisures égotistes et c’est grande matière que sur la terre encore nous versions dans les larmes nos saisons et leurs dates sans résonance…

Les nuits sont devenues de profondes violences de mornes légendes avec leurs sombres officines de craie et de rayures leurs noires forfanteries le bruit est un dialecte obstrué par ces grâces adipeuses et tout amour levé dans le chant des griots est pour la femme couchée d’un repoussant  repos qui célèbre une science infestée de gloses roturières et crasseuses vieilles de tous les craquements de chair les amours cavalières ne sont plus sérieuses nos songes abouchent à des villes pillées étranglées d’un soleil froid les paysages sont de braise et de feu la droiture fournie est innommable et sur les barques qui nous emmènent vers des paradis contrefaits de contrées magmatiques nous ne sommes plus que des poulpes visqueux serrés contre des charognes…

Par le jeu de l'oubli des armes et des ordres

après dix mille abords et dix mille degrés

voici ma terre brune les cheveux en désordre

voici de mes paupières tout le sel augmenté


altéré de lumière autant que de beauté

chacun cherche matière en soi-même attenté

pour des génuflexions des prières ou un cœur

qui se serait trop tu aux dallages des couleurs


établis sur la toile ou un cahier noirci

or voici que tout  l'homme en songes inabordables

se réveille à sa vie en mémoire insondable

avec de grandes lunes et  de grandes fantaisies


la question de l'esprit  en déluge final

est-ce une arche une main ou bien un abandon

nul ne saurait répondre à ces mêmes questions

restons en eau profonde comme une hydre idéale.

Ce n'est jamais  qu’ arrivé à destination auprès  d'un ami fidèle, que timoré je laisse se passer dans mon corps des évitements, comme si  j'étais en lévitation, certains experts estiment que sans véritable identité ,on ne se rend pas compte de ses belles  compagnies,  les miennes ont la  liberté, l’inflorescence de ces trajectoires en droiture ,où  tantôt on est à la base puis au sommet,  jamais dans le volume ,jamais dans la distance sèche ,de ma cervelle je veux extraire de l'urée ou de l'acide ,la balancer sur des visages émouvants, un des miens peut-être, avec dans les yeux un chien comme maître minéral, qui attentera à la nuit des autres pour y noyer dans leur sommeil ,ses marionnettes qui parlent des régions absolues dans un seul le langage qui vaut la science et la raison.

Mangeuse  bouffie d’égoïsmes ,voilà ici une page volontairement sibylline, ce serait folie que de vouloir pousser toutes les tractions de la vie vers les nouveau modèles , même si elles vont au trajet de leur ignorance, ceci certes n'a pas été lu et dit à l'aune de ma physionomie, cadeau caduc ,avec de larges épaules pour des enseignements et des rouages aux évidences de finesse et de fièvre ,dans ma chair même les nerfs à vif  ,j’écoute la multiplication des substances malignes  dans un intellect aliéné par ses créations ,aussi peu que je détruis  de moi ,je le détruis proprement, et le regagne ailleurs ,là où je de vrai payer une somme d’activités entre l’alcool et les somnifères ,et si Dieu n’en a cure, je lui dirais que je me fous de ses éternités ,de son carrosse, de son vacarme et de ses vacances...