Au jour le jour 533

Quand je me côtoie proprement, je tords du mouvement, et j'ai beau regarder devant moi, la vie est ennuyeuse, corrompue dans l'immanence de mes propos fagotés comme des assurances contre le risque de me perdre, rien que des secousses de reculeur, des spasmes de couard, des sens inqualifiables de fausseté et de rengaines puériles et putrides, quant à la caféine, elle ne fait que me rendre plus tremblant que si j'avais devisé avec le diable, mes farces ne sont plus inventives, l’amour est sous contrainte, révisé toutes les heures ,sous le capot des dégoûts, les conseils sont de vieux maîtres assis sur leur séant avec des mines de contempteur, quand je me côtoie, je  ne sais plus prendre les bonnes décisions, mes hauteurs sont toutes en gaspillage d'idées, ma conviction d'être est élastique, mes sources ne vont plus à l'humain, quant à la matière de tous mes sentiments, elle sent la soufre et la naphtaline, je vais jouer à être fou.


Voyez dans les replis de l’amour combien de sauvagerie de lourdeur du livré et de l’inconsenti toutes les nourritures venues par la grâce retirées dans le dépit dans l’amertume les rémissions les plats froids repassés avec la même fatigue de faire croire que l’avenir est une autre altitude le même faux train distant observatoire où l’on ne voit que des corps touchés de brûlures  voyez les dépens les dispenses mal écrites l’indisponible besoin de se rattraper mais à quoi  à ce qui nous soutenait et qui s’amollit dans les perplexes auscultations voyez aussi toutes ces surfaces où nous glissons comme d’équivoques jouets sans ressort la latéralité qui n’est plus observée les chiffons rougis par d’amers émois le trouble minéral jeté au visage cette économie morale qui puise dans l’ancienne sainteté pour n’en retirer que d’impropres liquidités voyez surtout ce final lorsque les deux absences se confondent en des présences comme des chevaux qui s’emballent et qu’on ne retrouve plus..

A la mesure des arcs des cintres des voutes nous mesurons nos âges dans l’infecte prière de ceux qui sont nés dans la branle des vents amers et des combats, là où se côtoient des bêtes diurnes pleines d’un sang glacé, avides de marcher sur les gisants et portées vers les estuaires de nos grandes âmes salies, délabrées de n’avoir pas été célébrées, les poulpes, les polypes, les murènes aux gueules béantes grouillent de nos vulgarités à les saisir, et répétées en masses de flots boueux elles vont à nos mémoires, contre nos flancs raides pour s’y retracer en grelots d’opprobre et de honte.

Peuple marin, capitulant, sournois à l’odeur d’ancêtres et de naphtaline, nous ne levons plus contre le ciel que d’indicibles rires pris aux orties et aux ronces, que ne restons nous pas dans ces distances qui montent dans le firmament pour affirmer que nos fausses amantes ne sont que des compas et des sextants pour des géométries variables où nos ordonnées ne sont pas dans le bon décret, car à nos yeux où figurent encore leur visage, va aussi l’idée d’astres à rouir avec nos exactes mains, alors de s’être trop rapprochées de ces mêmes, nos cristallins se sont assombris et assombris nos naissances, nos désirs d’elles, c’est en cela que je dis qu’il faut bruler nos faces et qu’elles ne nous reconnaissent plus que dans un au-delà où elles cracheront à nos corps le chant rouge de leur corps qui nous était trop dissemblable.

Je interroge parfois sur mes habitudes à vouloir mettre mon corps un peu  partout, et qu'il ne doive aucun chant .Jusqu'à l'indigestion de respirer, mes prérogatives sont un  besoin, quelque chose de mal assuré,  de malsain, qui a la particularité de se signaler par de faux mouvements. Entre l'acrimonie du sort et celle du jeu, une douleur comme celle d’une  mère qui  crache son enfant m’est venue. Aura t-on donc jamais fini de savoir ce que veut le corps et si ça est important, avec ses pas d’ homme  nécessaire, que la médecine  du cœur, la sensation impérieuse de boire et de manger n’ont pas vomi. Moi je voudrais dire hautement que mon corps m’ est utile mais jusqu'à quel point je ne le sais pas.

Ce qui est immense en nous est ce que personne ne peut déplanquer, et où nul monstre n’intervient si ce n’est Dieu quand il est dans sa propension à se poser partout sans ordonnance aucune. Si touffue que soit la distance qui nous sépare, je le garde en moi comme un viatique, et ma mobilité est de celle d’un ostensoir qui vacille et enfume une assemblée de reîtres prédisposés aux latrines de l’âme. Voilà ce que je retiens de ce cheminement qui va de la maison à la confesse, et si je ne divaguais tant sur les zeugmes, les anacoluthes, les prétéritions, j’irais dormir dans un bocal avec les yeux ouverts comme une bête dans une serre, et qui crache des ors et des escarbilles que nul ne peut s’approprier.