Au jour le jour 530

Tant d’éternités sans appels, tant d’aujourd’hui et de demains sans couche.


M’étant retiré de ces relais que je n’aurais su soutenir ni de mes mains, ni de mes bras, je n’ai joui de la solitude qu’en fanfaron, qu’en petit employé, tel un instituteur en villégiature.


Subalterne, voilà ce que je suis, et mon sommeil tout entier est de l’ordre d’un cauchemar qui ne suggère aucune épargne.


Dans mes insomnies quand le sommeil m’apparaît comme une sacristie qui n’est vouée à aucun culte, je me dis que j’aurais dû épargner à ma descendance d’en arriver là où je suis.



Désastre que d’être venu monde et de méditer sur ce désastre.


Repenti,  et c’est en cela que je me distingue des repentants, je dois à mes ancêtres de ne pas m’être gâché en des rendez vous où je n’aurais été que sur mes gardes, et non à leurs enseignements.


Vivre dans tant de crépuscules intérieurs, et ne pouvoir s’en échapper que pour finir que sur une grève criblée de pluie et de vent.
Mourir a le goût d’un vivre affecté par toutes les purulences des vaines désolations.

Et si mes vanités n’étaient que les compensations de ces proximités où je n’ai pas su accorder mes faiblesses à mes gloires ?


Quelle lâcheté distincte nous a fait fâché ou fâcheux, et qui n’a rien à voir avec un déni ou un rengorgement de Dieu.


On dirait que sur ces parcours où nous avons posé le pas, s’est inscrite la science funeste, et de cette supposition sont nés nos clichés et nos aberrations.


Entre l’exacte furie et fureur de paraître et celle de se révéler, trône une fratrie de démons qui va dans les joutes autorisées et frise jusqu’au paroxysme de la noyade.


La vie jalouse d’une matière vouée aux épreuves de l’inertie, s’est comblée de nos symptômes à vouloir être.


Combien dans ces rencontres, faibles accompagnements, le risque d’une épreuve s’est établi, et combien j’ai pensé à un calvaire, et combien j’en suis revenu.


L’homme s’est tant appliqué aux enfers de la raison, qu’intenté par ses adhésions au bonheur, ou de faire  don de soi dans la gratuité des actes dirigés ailleurs que vers lui-même,il a traité son dilettantisme comme on traite un mensonge, avec ménagement.

Mon ennui a les tonalités d’une atonie, d’une aphonie ou chaque mot imprononçable traduit une turpitude, une limpide torpeur.


Comme on devient brouillé on s’oppose.


La tristesse traduit souvent les élans d’un cœur obéré par les invasions d’une matière purulente, celle des mots entre autre, qu’elle en devient autant un retrait qu’une retraite.


Ma fatigue de l’homme n’est autre chose que la fatigue de l’existence.


Nulle part ailleurs que dans ces substances agitées dans les ciboires que sont nos corps, le sang n’est plus âpre et plus douloureuse.


Ma part de Dieu est épineuse.


Je voudrais que tous mes ratages (tardives consolations) détonnent dans l’agitation cosmique, dans la lumière asséchée des célestes chiures, pour garder cette nostalgie de dieu jusqu’à mes nacelles qui ne vont plus vers aucune hauteur.


Il y a des instants où si fatigué d’élargir mon esprit aux surmenages, mon corps se décolore dans la fatuité des nobles exigences.


La pratique de la vie est une pratique obscure, quand elle s’éclaircit, c’est dans la peur ou dans l’ennui, tous deux architectures d’un corps qui cherche à s’en dégager pour rejoindre l’esprit.


Tous les gaspillages du corps, gaspillages qui vont de la respiration aux douloureuses inerties de la parole et du sang, sont en nous pour prendre une autre voie que celle où s’est dissipée notre plus grande part de nuit.


Je ne me consolerai jamais d’avoir cru possible un entretien avec les hommes, je compte bien en rester là.


Faut-il se surmener dans l’impossible terreur d’exister ?


Tout est terreur, et exister, terreur rythmée par les non sens du décor où elle s’anime.

Il y a dans  toutes les oppressions qui m’ont accablé comme un besoin de prière, de remords ou de mélancolie contre lesquels mes potentialités de sicaire ne peuvent rien…



L’amour est une révulsion du mensonge, et s’il ne l’est pas, c’est que notre lucidité est une reconnaissance nourrie d’un passé où nous avons failli.

La pensée est un fil rouge, un fil de sang converti en foudre et en éclair, une fois que l’on a palpité ou tonné, la pensée n’est plus qu’une pulsation de regrets chromatiques.


Créer dans la frénésie fulgurante qui va du cœur à la main en passant par les couleurs et musiques d’un cerveau qui cherche à évoluer.


La matière en fouillant dans ces passés où nous avons régurgité nos vies, n’y trouve que la trace d’un voile sali par nos distractions de solitaire.


Toutes les géométries de nos êtres sont d’étroites colonnes serrées comme des arbres dans une saulaie où les branches en se voûtant font des arcs et des cintres que nous ne savons plus contempler.


L’air est jaune, il augure d’une respiration fétide, nous voilà comme des bêtes entremêlées et qui courbent l’échine, puis s’écrasent sur le sable des torils où l’homme se rue pour les caillasser.


On regarde toujours trop haut.

Se ruiner en habitudes, pour finir dans cette suprême barbarie que la vie a placée sur sa route pour se donner un adversaire à sa mesure.


Les faits, tous les faits me stupéfient, j’y vois cette rage de la vérité à s’ancrer dans nos esprits, pour donner à nos stupeurs nos raisons d’être, et transformer nos mensonges en litotes ou en hyperboles.


Nous allons de mal en malgré, comme des itinérants imbéciles que l’on atteint plus, si ce n’est quand ils respirent.


Je suis un déçu spontané, s’il m’arrive à réfléchir sur ces déceptions, me voilà aviser d’autant d’existence molle et inutile.


Toutes mes stupeurs, mes craintes, mes hantises, viennent de cet autre qui est contenu tout entier en moi et que j’abandonnerais s’il me faisait moins mal.


La vie se gâche, s’essouffle dans les métamorphoses et les prodiges qu’elle corrompt sitôt qu’elle les comprend.


Le processus de toute imagination ne saurait dégénérer en névrose s’il n’a pas connu le miracle du vague et de la nonchalance.


La calomnie de vivre passe par ce partisianisme de la matière, de ce corps que l’on bafoue pour qu’il serve à nier l’univers qui le tient pour portefaix de sa propre grandeur.

De l’aube au crépuscule, dans ce brouillard qui révèle les avantages de la parole, est il un instant où j’ai été profond, et où j’ai obéi à l’étrange cruauté de débattre sur l’infini du n’importe quoi ?


Rien ne saurait davantage me pousser au crime que cette vie que je ne comprends pas, et qui est légitimée par tous les signes qui créent des espaces où je dois contrer ou me taire.


Il y a dans  toutes les oppressions qui m’ont accablé comme un besoin de prière, de remords ou de mélancolie contre lesquels mes potentialités de sicaire ne peuvent rien…


L’amour est une révulsion du mensonge, et s’il ne l’est pas, c’est que notre lucidité est une reconnaissance nourrie d’un passé où nous avons failli.


La pensée est un fil rouge, un fil de sang converti en foudre et en éclair, une fois que l’on a palpité ou tonné, la pensée n’est plus qu’une pulsation de regrets chromatiques.

Créer dans la frénésie fulgurante qui va du cœur à la main en passant par les couleurs et musiques d’un cerveau qui cherche à évoluer.


La matière en fouillant dans ces passés où nous avons régurgité nos vies, n’y trouve que la trace d’un voile sali par nos distractions de solitaire.


Toutes les géométries de nos êtres sont d’étroites colonnes serrées comme des arbres dans une saulaie où les branches en se voûtant font des arcs et des cintres que nous ne savons plus contempler.


Toutes les descentes dans l’homme se terminent dans en spirale dans le bête.

Objet extérieur que ce sourire indéfinissable et qui témoigne aussi bien de notre insensibilité, que ce dont nous sommes pourvus pour nous dilater ailleurs qu’en nous même.


Quand je pars d’un moi instinctif j’arrive à un moi restrictif.


Tous les objets douloureux qu’on affectionne, comme dotés d’une noblesse qui nous échappe, s’ils savaient combien nous ne caressons que leur extérieur, pour ne porter notre regard que sur ces parts de nous qui leur ressemble.


Je ne pardonnerai jamais à l’homme de s’être vidé de son malheur, pour  des partages qui sont autant de glissements vers les non sens des contemplations obligées.


Toutes les purifications vont jusqu’aux soubresauts de cette âme qui ne nous regarde qu’au travers de nos peurs et de nos pâleurs.


Je m’agite, et l’expression est regrettable, je m’agite sans motif, et ça l’est davantage.


Quels que soient mes accès à la mélancolie, ils gardent de leur vulgarité l’attendrissant cliché d’une pente avec un calvaire.


A chaque fois que je me suis lassé de la vie, j’ai appliqué à mes propos l’imbécillité du dormeur, l’idiotie du moribond.


Que je me sois tant trompé sur l’existence n’explique que mes antiques impressions tiennent autant de l’amertume que de la concession.


Vivre en paresseux, mourir en exalté.