Au jour le jour - 15

Et la femme alitée en somme incontournable
N’attend plus de la nuit que la douce sentence
Un homme s’est levé tôt un autre redoutable
S’st couché au matin au son de la cadence
Du tic tac d’un réveil épris de déraison
Aux secondes se suivent les secondes trop épaisses
D’attendre que l‘aimée nous vienne en décision
S’assoir à cette table comme une vieille maitresse
Un pot de miel du pain un bol inattendus
Sont dressés pour l’hôtesse que n’atteint pas l’amant
A trop croire en l’idée exercice attendu
Il n’a plus d’idéal n’est plus que ce passant
Altéré d’une grâce qu’elle n’a pas su saisir
Au lendemain de voir et celui de l’attendre
Et dire que d’un amour on peut ses souvenir
Et que le souvenir ne reste jamais tendre.

Ivresse des grands saules aux gencives salées, exhalaisons de tan, d’ocre, de toux, dans les fondrières où les insectes  dotés dans les temps anciens d’accoutrements obscènes, des filles de treille, de vigne et de cachette aux couleurs sombres vont dans l’attente de cet homme levé contre la douleur, anobli aux restrictions extrêmes, celle d’un enfant mort trop tôt dans les basses couches, ces nids ruraux de l’être malséant ,ce tuteur espéré d’épreuve et de confusion requis, dans le demi doute de la danse et de l’épreuve, d’un coté un dieu se lève de l’autre un second se répand avec ses simiesques faces des dimanches de l’oubli, les figures hypostasiées des saintes aux mamelles déchirées, celles des religions muettes aux grandes vertèbres brisées sont d’un peuple qui se veut souverain qui a adressé des lettres au désert, aux cathédrales, à la plaine que nul ne traverse plus, si terreuses et terrestres soient elles, le salut n’est plus dans la foi, il est dans ces sales psalmodies d’un siècle de retraites, de fuites, de renoncements et nous ne savons plus où mettre nos flambeaux si ce n’est dans le vent le plus haut qui les mâchera avec ses dents de palmes et de pelures.

D’orgueils, de vanités, de pelures sales des citronniers roulés par les ouragans, par le sable bleu des déserts entendus, nous voici déplacés dans le sillage des sérails ,brève apparition d’un désert annoncé, les ilots ,les filles matinales, les oueds, les ergs de nos consciences sont d’un marbre froid et macabre, des faces de singes et de rats sont des cartouches que nous déchiffrons en les frottant de nos humides torchons, que nous jetons au visage des hommes aux ignobles feintises, et dans l’air, aux premières carcasses de la lumière se joignent les feuilles d’acanthe et d’acajou, piécettes rapportées des oliviers où se posa la colombe première. A la tête d’un roi mort de servitudes, vient une couronne de ronces et d’épines, puis c’est aux marches des beffrois que nous levons nos mains au ciel, pour y jeter la poussière éclatante de toutes nos fatigues, sur les stèles froides, là où les noms sont en capitales nous retrouvons celles de nos pères ensevelis trop tôt, des étrangers que nous ne saluâmes pas, ceux qui furent en suspension au bout d’un canon, d’un fusil pour des meurtres que l’histoire rachète aux taux zéro de la mémoire. C’est la nuit, qui met tout du mauvais côté quand nous ne dormons pas contre le giron des aimées, et que nous n’accomplissons rien d’autre que le dur labeur d’exister dans les images qu’elles fabriquent et résorbent aussitôt dans l’eau de leurs sales ablutions, entre les cintres et les autels à domicile où leurs vêtements sont des bures rapportés par des pèlerins qui les quitteront quand l’heure dernière du jour éclatera comme le chant d’un grand coq hérissé de sauvagerie ultime.