Au jour le jour 514

Résigné de et par nature, mais respirant malgré tout, parfois même surpris de n’être pas anéanti par cette résignation.

Tout ce que nous acquérrons comme savoir est souillé d’avance, j’envie davantage les fous que les outrecuidants.

Parfois vivant comme un anémique, d’autres fois comme un boulimique, cette oscillation fait tous mes inconforts.

Toute douleur éblouit, une douleur qui n’est pas signe d’émerveillement tient du charlatanisme.

A quoi bon encenser l’homme, chacun de ses actes tient du discrédit, autant celui de la matière que de Dieu.

A l’égal de tous c’est ce misérabilisme qui m’indispose, et que je formule comme un silence, en fait ma lie.Vivre, c’est se différer.


En prise avec mon âme et mon statut de mortel, Dieu, quelle merde, et quelle fanfaronnade.

Ménageons Dieu de peur qu’il ne se venge en nous faisant bosser dans ses latrines.

Je sombrerai avec et dans le réel, n’ayant pu m’y établir, c'est-à-dire me ranger parmi les comédiens, les comparses et les souffleurs.


La réussite est une option que je ne prendrai pas de peur de me voir juché sur une estrade.

Un évènement c’est du temps qu’on place et qu’on déplace, un grade de plus sur l’échelle de l’avenir, bref c’est une anomalie pour les mémoires à venir.

A la suprématie de dire, je préfère celle que confère l’admirable perfection de la prière silencieuse.

Est petit tout ce qui prête à une autopsie.Il a bien fallu qu’à un moment je m’entende avec moi, pour n’être pas trop violent à l’égard des autres.

Ecrire est une forme d’emblée d’un suicide sans passer par la maladie des mots morts nés.

Je n’ai aucun goût pour la saloperie et je le regrette.

Le bonheur de trahir, peut-il répondre en mieux à celui de s’user dans la réplique ?

Ayant rompu tous les ponts, y compris celui qui mène à la désespérance, mais n’ayant pas expulsé l’homme hors de moi, alors à quoi bon ce ratage ?

Improductif mais cérébral, aux antipodes de tous eux qui s’expulsent par de la glose et de l’idée, mais alors à quoi bon vivre, fut ce dans un corps de larve promis à la science?

Les idées se font parfois dans le provisoire de l’éveil,les rêves dans celui du sommeil,la conjonction des deux nous ramènent au sentiment ou à la nostalgie.

Entre Don Quichotte et moi, quelques décrets en trop, quelques superlatifs dont nous aurions dû nous passer.-

C’est bien assez de me punir d’exister, pourquoi encore m’enquiquiner avec les questions sur cette même existence ?

Le constat de tous mes rapport avec autrui sont simples, de la merde, avec la propagande de cette même merde.On ne se méfie pas assez de toutes nos décences qui sont à quelques exceptions près un point de vue sur du vide, sur l’inertie inhérente à tout état larvaire.

Combien j’ai dédaigné tout ce que j’avais acquis de béatitude simplement parce que je n’étais pas passé par Dieu.

Mon équilibre consiste à user autant de mon mépris pour l’homme, que de mon goût pour ce même, c’est cela aussi mon désespoir.

La normalité engendre des tristesses, que seule l’inexistence peut effacer.

Dieu ce qu’il faut d’effort pour sembler être !Vivre n’est pas de ma taille.

Mon goût pour le mensonge m’a ouvert aux perspectives de la sagesse, plus j’ai menti plus j’ai été en rapport avec l’homme, plus j’ai cherché à ne pas m’esquinter des démoneries liées aux prestiges du savoir.

Plus que disparaître, il faudrait désaparaître, c'est-à-dire ne subsister en rien, ne rien laisser subsister.

Tous ces jugements que j’ai portés et qui tenaient de la pitrerie et du charlatanisme...

Plus je me tais plus je fais corps avec ces mots qui sont à l’origine de mes malaises et de ma misère.

Croire, c’est vouloir prendre part à quelque correction ,à quelque perfection.Au-delà de mes espérances, d’autres espérances, comme au-delà de la vie citadine, une autre vie citadine, où tout ce qui est à prévoir est déjà résolu.

Pour l’amour du ciel, et puis quoi encore !Pour sacrifier à la poésie j’ai fait dans l’épistolaire, hélas tous deux et quoi que je fasse m’amènent soit à la fatigue, soit à la méconnaissance.

L’idéal se déplace jusqu’à nos présomptions !

Quoi que je fasse je ne peux me passer du sentiment, et si je l’exagère tant, c’est afin de le dominer comme un animal rétif qu’on a flatté.

Par souci d’économie je grignote sur mes folies, ne sont elles pas de ces matières qui frisent quelque intelligence et dont l’occurrence est de ne s’expurger que petit à petit ?

En dehors des mots et de la musique rien ne va jusqu’au fond de mes organes, voilà pourquoi ils sont un point de vue sur la mort.

Les idées se font parfois dans le provisoire de l’éveil,les rêves dans celui du sommeil,la conjonction des deux nous ramènent au sentiment ou à la nostalgie.

Entre Don Quichotte et moi, quelques décrets en trop, quelques superlatifs dont nous aurions dû nous passer.-

C’est bien assez de me punir d’exister, pourquoi encore m’enquiquiner avec les questions sur cette même existence ?

Le constat de tous mes rapport avec autrui sont simples, de la merde, avec la propagande de cette même merde.

On ne se méfie pas assez de toutes nos décences qui sont à quelques exceptions près un point de vue sur du vide, sur l’inertie inhérente à tout état larvaire.

Combien j’ai dédaigné tout ce que j’avais acquis de béatitude simplement parce que je n’étais pas passé par Dieu.

J’ai beau eu me plaindre, aller dans la prière, m’acharner sur un tel, avantager cet autre, je suis toujours resté imperméable aux conséquences.

De tous les charmes oraux que j’ai daigné conserver sans aucune forme de ménagement que le dormir, je retiens le blâme et la prière ; la prière pour opacifier mes monstres, le blâme pour les pousser jusqu’à la verve.

Timbré au sens où l’est la musique, et rester dans l’illumination de ses sonorités.

Un Saturne qui égorgerait sa femme et boufferait ses enfants.

Tout entier dans le mot « Dieu » ou le mot « Foutre ».

Vie : mixture d’un végétal, d’un minéral et d’un animal, dont le pluriel est désespérant.S’il y a une chose vers laquelle la nature ne s’est pas tournée, c’est bien vers l’infaillibilité.

A défaut d’être dans une indécence perpétuelle, je porte toute nudité comme un esclavage, et toute droiture comme du nomadisme.

N’ayant aucun goût pour la permanence, ne voulant pourtant rien changer, ni en rien évoluer, toutes mes nuances portent sur le danger qu’il y a à se pencher sur les réponses de ces mêmes permanences.

Immobile, sans passion aucune, et pourtant sous le charme des figures qui se sont satisfaites des attablements et de la prière.

Toutes les évidences s’expliquent par quelque malaise qu’il convient de nommer simulacre de la matière.

Pour trouver Dieu, j’ai renoncé aux scrupules autant qu’aux éloges, j’ai plongé dans toutes les pestilences, celui du mot, de l’image, j’ai fait l’examen de mon corps, de mon âme, ni l’un ,ni l’autre ne m’ont porté vers les intérêts qu’il aurait pu avoir en me jugeant comme le plus désespérant des hommes.

Garde toujours le poing levé, mais n’abat jamais personne !La méditation demande des efforts qui peuvent nous emmener jusqu’à l’exténuation.

Incapable d’avis, en incapacité d’idées, j’entends, et c’est une tâche tout aussi incommode tant elle fait éructer le cerveau.

Asservi, et pourtant dans des sursauts, se peut-il que toute ma volonté n’affecte que mon sommeil et les formules qu’il me dispense pour être ?

Tous ces chichis, ces méta et pataphysique de l’idée, de la connaissance et qui passent par de la conséquence !

Penser et le diffuser, se sentir concerné et consterné, c'est-à-dire vouloir conclure, donc ne plus se plier au mot est à ses avantages.

De tous les aspects que j’ai eus, je retiens celui de religieux, qui pour témoigner de Dieu a fui les enchantements.

A quoi bon s’interroger sur le fond, cet intérieur aussi nauséeux que toutes nos primitives sanies dont est pourtant pourvue l’élégance.

Au nom de la vérité nous brandissons toute complexité comme des hauts faits, quand il ne faudrait qu’une toute petite rigueur avec son infini de constructions pour expliquer tout acte, toute parole pris dans leur essence.

Tout devenir nous fait entrevoir comment il faut s’agiter, et combien il est ardu de ne pas se prêter à cette contamination.

Imagination : fille qui chante dévêtue dans une combe.

Au suicide j’ai préféré les faux espoirs, ceux que j’ai remâchés et ressassés, qui m’ont rendu oppressé et non oppressant.

C’est d’être en vie qui est une tare, la mort plus objective ne va pas jusqu’aux condescendances, ni jusqu’aux manquements.


Impulsif, irrésolu, je touche aux mots en vacillant, j’en sors avec l’intention de m’arrêter pour mettre Dieu dans mon viseur.

Sois bon prince ; est-il meilleur prince que celui qui halluciné se penche sur la raison pour en extraire de la glu ?

Entre la matière et Dieu nous avons érigé l’irréparable.Faire faillite dans tous les regards, puis thérapie accomplie, se couler dans la prière ou l’obscénité.

Plus je cherche à en finir, plus tous mes mouvements justifient la vie, plus mes élans et mes mots la figurent toute entière.

Être, c’est ne rien préserver et enfreindre les essentiels jusqu’à l’exagération.Toute conviction m’indispose comme s’il n’y avait rien après.

Je compte bien m’égrainer en paresseux pour mon restant d’années, et j’y échangerai mes regrets contre un chapelet.

La pluie m’ouvre à des religiosités sans nuance, et comme dans l’expiation, je pousse mon regard vers les hommes et le verbe vers Dieu.

Dans ces réduits qui me suggèrent des idées incantatoires, je pose des mots sur des lignes et les considère comme les seules tensions, comme les seules voluptés que les hommes ne tourneront pas en épilepsie.

Mes nuits sont des pluies de sensations déclinées de mon sang, et tout s’y répète à la manière de ces grains de sable ,qui engloutissent un ludion, déplacé par une intelligence qui cherche à se planquer dans d’identiques endroits.

Il doit bien exister encore des anges malades de leur éternité et qui voudraient se planquer parmi les hommes, pour s’étendre dans une même solitude.

L’expression de mes limites est une horizontalité spirituelle.J’oublie parfois jusqu’à l’effritement de mes os, cette concession que m’offre mon corps me brouille davantage avec les hommes que si je devais me consoler d’une insolence que je ne peux plus avoir, sinon en présence d’ un témoin obligé.

La nuit illuminée par mes nostalgies crée des enfants qui en secret se conduisent jusqu’au puits, ou jusqu’à la mine.Libérons les heures de leur carcan ,allongeons nous, voyons combien leur mécontentement est dérisoire à côté du nôtre.

Hypertrophié par de la fatigue, celle de n’avoir su trouver Dieu, je suis dans les dispositions d’un homme intemporel qui prête l’oreille aux morts.

Tout ce qui me pèse a été dans mon incuriosité, et s’est cristallisé sur les cadavres bleuis de ceux qui ont eu toutes les bonnes occasions.

La musique fait entrer en elle d’ascendantes divinités qui s’élèvent dans les dièses et s’absolvent dans les soupirs.

L’amour suscite un écoeurant tournis, entre l’éternité et l’écume, deux des formes impures de notre besoin de superposer Dieu et le temps ;Dieu dans le déroulement infini de nos larmes, qui adjoignent des étoiles au tapis des prières, le temps pour s’y user en usurpations.

Dans la perfection et la lumière glauque des cathédrales, il me semble qu’être vivant, c’est détourner de la vulgarité de tous les lieux où l’homme prie et s’arrange avec ses morts.

La souffrance est une intimité qui échappe à toutes les restrictions posologiques et recouvre notre lucidité, jusque dans le désir de rester dans l’ivresse d’un devenir embaumé de dégoût.

Les passions sont terrifiantes d’ego, elles tiennent place d’extinction, et nous y entrons comme mus par le désir de ne pas y échapper pour de vaines glorifications, et nous épuiser de cette double conscience qui va du haut vers le bas, et du bas vers le plus bas.

La musique est en moitié une énergie d’entrailles, un tiers d’irrévocables soubresauts du temps, et pour le reste, cette part de Dieu entrée par distraction dans toutes les matières qui s’élèvent.

Je m’agite dans un monde où le cours de mon existence est en étiage de toutes les sensations,et vais du pathétisme au vulgaire sans passer par du vœu ou de la prière.

Dans l’odeur âcre et la fumée des bistros il me semble que je suis parfois un Narcisse doctrinal qui ne sait plus où est son infortune.

Au silence auquel je m’adresse quand le pathos de l’évidence me pèse comme une absurdité,j’adjoins ma douleur d’être un gnome exténué,et qui rougeoit dans son chagrin.

De tous les regrets organiques,je retiens celui où le sort s’acharne dans mon sang,et procède de la mélancolie ou de la conscience d’une fatigue importée.

Le paradis,tous les paradis ont été conçus dans la santé et la sérénité de ceux qui en ont été tentés.

Tout ce qui est normal fonctionne selon des dispositions en degrés,combien j’aime la monotonie des automnes du cerveau,ses courbes sans apothéose,et combien déjà aujourd’hui j’en traduis toutes ses circonvolutions.

Parfois nous rencontrons des hommes fatigués dès l’aube,que la verticalité ennuie autant que ces allers retours réitérés parmi les leurs,et qui tendent vers un autre lendemain,comme de animaux abasourdis que l’on conduit à l’abattoir.

La peinture tire sa vanité des prérogatives du sang,des profondeurs grisâtres abattues de faux enchantements,vulgaires hébétudes,et je la regarde comme le déroulement insane de ces chairs que l’obscurité même de saurait recouvrir de ses propre pudeurs.

Le temps m’est organique, il déborde de mes vaisseaux comme un surplus de tentations, et plus je vois en l’avenir de nouvelles saisons, plus sa charge me confère des allures de portefaix affaibli par des années sans conscience et sans leurres.

Aux ouvrages que l’orgueil altère, j’ai préféré la repoussante déraison de demeurer raisonnable, l’impersonnelle lourdeur et douleur d’être prisonnier de mon travail d’homme, d’homme sans étendue et de sous-entendus.

Aux avantages que confère l’insulte, j’ai préféré les négatifs du silence, tirant sur l’éternité des astres, sur l’insupportable matière à sédition des étoiles.

La logique est de l’ordre du poison, et quelle volupté insane que de la verser dans son sang, que de s’y résigner jusqu’aux morbidités.

Un Tourgueniev sans tourment, voilà ce qui m’aurait comblé.Mon besoin d’étanchéité recouvre mon besoin de replâtrage, et je sais combien mon corps ne peut s’offrir à l’existence que dans ces mêmes solutions.

Combien j’aurais aimé être fou ou mendiant, fou pour ironiser sur les principes mêmes de toutes les deïtés, mendiant pour montrer du doigt vers où est la prière.

Mon mode d’amour est dans la faillite de nombre de mes organes, ceux qui se sont mal érigés dans le manège des muscles et du sang, autant que dans celui du cerveau.

Le temps est un passage dégradé quand nous regardons avec attention tous les instants où l’on est dans sa propre indulgence.

Je me suis appuyé sur les degrés de mon ignorance, pur n’avoir pas à considérer le monde, tel un guetteur du haut de ses créneaux,et qui voit l’univers tout entier comme un vaste cimetière.

Il est des pauvretés plus nobles que les richesses arrachées aux entrailles de la connaissance,et que nous portons notre vie durant comme des peurs de proximité.

Parfois mon arrachement à l’ennui est plus dramatique que si je m’y épurais en y songeant moins.