Au jour le jour 504

Cette déliquescence obligée qui va de nos sexes jusqu’à nos os en passant par le sang, délavant jusqu'à nos  jusqu’à nos surfaces les plus intimes, pour se jouer de nos roueries cérébrales, combien elle me dessert.

Il m’est aussi difficile d’écrire « Arthrose » que « Dieu » ou « Sarah Bernhardt »…

Dans cet univers du"Je"du "Moi",je cherche un complice funeste et funèbre ,point endormi ,pour un destin sans brutalité et sans dogme.

Geindre dans la peau d'un saboteur, s'y compliquer l'existence dans les occlusions qui participent de ce ratage.

Puis je me regarder autrement que n'ayant pas vécu, et exploiter ces inerties et inepties jusqu'à vouloir tout endormir ?J'ai laissé mes comptes et mes préjudices à ceux qui auraient tat voulu rendre de vains services, mais se sont conduits en forcenés de la déclamation.

Tant ma santé m'excède, tant je suis désolé de me tourner vers les guérisseurs obligés aux distinctions d'un corps qui ne veut plus mentir, et se déclame des passivités de l'existence.

Les avantages sont les formes de ce progrès auquel je ne prêterai aucune de mes paroles, aucun de mes dégoûts.

Submergé par ce qui est essentiel et saillant, je subis la nuit comme un intervalle entre la plaisanterie et le malaise, entre la perversion de images saintes et les piteuses divagations de celles qui ont bousillé mon sang pour des instantanés sans figure et sans visage.

Tant d’essentiel qui se fige dans nos désespoirs comme des natures mortes, et que nous ressortons des années plus tard pour nous en glorifier…

Le temps qu’il me reste à vivre me pousse dans les curiosités du savoir, et pourtant quelle énormité, quelle imbécillité que de vouloir comprendre ce mieux où ne s’exercent déjà plus nos anciennes convictions…

Le vivotage m’a rendu malicieux, le vivre mécontent…

Trépignant dans un silence que rien n’a enfiévré, me voilà dans une humilité qui amoindrit mes divagations et affaiblit mes gestes…

Plus un seul rêve sur lequel m’arrêter, je resterai un quêteur d’une méprisable réalité…Heureux ceux qui n’endurent rien ni personne, ils peuvent se recroqueviller sur leur paresse et n’en rien montrer…

Tous ces actes qui cachent quelque approbation et que nous appelons « Services »…

Tous mes tourments prêtent à mes hilarités quand j’y réfléchis hâtivement…Né avec une âme de martyr, ne le souffrir que dans l’idée !

Rien d’inavouable que je n’ai éthéré, sinon ces rêves où j’assassinais mes proches…

Tous les matins je passe de l’infirme au débauché, quelle distinction entre les deux sinon celle de la même anomalie ?

Je me serais bien vu tout entier dans une page de Sade, un tableau de Cranach, une statue de Laurens..

M’étonne encore l’impasse où nous sommes aujourd’hui, et dont nous n’avons pas saisi les contours…

A défaut d’être inattaquable, j’exagère toute corruption qui vise à me priver de cette part d’estime que l’on m’accorde quand je souris…

Ne rien qualifier, se répéter que tous les adjectifs prêtent une santé à chaque corps, à chaque objet qui ne visent qu’à s’en défaire…

J’aimerais nier tout ce que j’ai conçu, et ne plus commettre que dans le virtuel…

S’exercer en pure perte à des vérités que nos actes désordonnent ou réprouvent en témoignant de nos vacuités…

S’initier au droit de sortir indemne de l’existence !

Chercher une planète d’assassins et qui m’expliqueraient la vie…

Je réside tout entier dans un corps faillible, en perdition, et que je n’explique pas…

Toutes ces journées où j’ai absorbé de la lie, celle qui était en moi et hors de moi, combien elles ont altéré mes humeurs et mon humour.

Tant de mots qui m’ont invité et initié au meurtre…

Faire faillite dans son sang, puis se démener dans la peau d’un diurne vampire.

Priant, implorant, je ne dispose pas de suffisamment de dieux pour leur cracher mes injures…

L’odieux est -il toujours en campagne, et si oui, abreuve t-il nos souillons ?

Chaque matin je donne un baiser à ce cadavre que je trimballe et qui se compromet tant avec l’homme…

Ni soif, ni faim, voilà une de mes une infirmités ,c’est de là que me vient mon inconfort comme s’il me semblait que j’étais un intrus dans une orgie…


De toutes les théogonies j’ai retenu la santé des dieux, je m’en suis tenu là…

Si je ne m’étais retrouvé après toutes mes péripéties et mes défaites dans cette unité physique,mon  assoupissement aurait pris les allures d’une douleur sans nom…

Je m’émousse dans la vie avec ses corrections et conventions, quant au simulacre du faire, qu’il reste ce qu’il est, une sous multiplication de l’être et rien d’autre…


L’esprit traîne en lui quelques vérités dont nous abusons pour nous donner à croire au mirage de l’intellect…

Toutes les décisions que j’ai prises m’ont mené dans l’égarement et l’ignorance…

Je suis pour tous les contres avec leurs répétitions, contre tous les pours avec leurs malfaçons…

Une philosophie qui n’éprouve pas l’homme est une philosophie qui ne peut s’avouer ni se renouveler…

Plus que les théories ,je hais les certitudes qui me semblent des condoléances faites de propositions invérifiables et inutiles..

Ignorer, trahir, insulter ce prince qui nous gouverne et finir sous la guillotine…

Tous les enfers m’ont conduit à la compétence, à la responsabilité ,quant au paradis, pauvre par essence, je ne lui dois que ma pitié et mes rachats avec leur système de demi mesures…


Maintenant que je craque de toutes parts ,quelle obsession autre que celle de vivre me pousse dans des colères, dans des courses, avec en bout de parcours la récompense d’exister encore ?


Tout ce qui me fortifie a dévoyé mes ennemis, j’aspire à ne plus m’obscurcir pour ne triompher que de mes faux équilibres…

L'amour n'est pas juste et s’en proclame dès le premier regard.

Une enfance ratée, c'est toujours un homme qui est en recherche de sa froide fraîcheur.

De toutes ces images qui s'imposent à moi, je retiens celles de la mater dolorosa, et qui pleure par exploitation.

Les grandes personnes, ce sont toujours celles qui ne veulent pas nous rendre service.

Chienne de vie, autant dire chienne de journées, et qui se répètent, se répètent, se répètent…

Le tourment contrôle notre vocabulaire, s'il ne le fait pas, ce n'est pas un tourment, c'est une torture.

À la vue d'un os, je pense aussitôt à ce corps incertain, carcasse encore debout, et qui perd ses cheveux, qui perd ses yeux, et qui perd de son entendement.


M'incitent à rire toutes les figures qui en imposent, autant dire l'homme.

Dans une conversation, je cours toujours à la débâcle, en me taisant, j'y cours  tout autant.

La vieillesse, c'est comme une citation dont on ne connaît plus que quelques bribes, et par laquelle on signale que nous sommes rappelés à notre condition d'oublieux.


J'aime l'insolence qui nous pousse à l'interjection.

Tout ce qui est définitif va à mes sentiments, j’y pense comme à ces instants où nous prenons de l’envergure, pour nous recommander de ce Dieu qui se serait égaré dans notre raison…


Nostalgie d’un disciple pris dans le malaise parce qu’il a trahi pour une gonflette qui ne l’a pas convaincu !

Finir dans un tel dérèglement que même le fossoyeur ne nous reconnaîtra pas !

Mon sérieux est un sérieux de désaccordé, mes migrations ont été déviées, dans cet inversement de situations et de sens, je me sens davantage hostile à toute forme de conscience et de folie…


Tous les sentiments sont des sensations de basses fosses, et plus on s’élève plus ils touchent aux enfers de la parole, transfuge d’un sexe qui ne peut plus s’en passer…


Lorsqu’on touche au meilleur de soi même on touche au principe qui rend la vie sensible et immatérielle quand on veut l’éprouver par ce même toucher…


Y a-t-il quelque vanité quand on en revient toujours à soi, ou est ce pour s’y engloutir dans la lie des aversions instantanées de ce moi primitif ?


Les évidences sont les injures d’une trompeuse imagerie…


J’aurais gaspillé de l’existence pour de petits bienfaits, qui ont fait de moi un désœuvré du sens, un usurpateur de litotes et un perverti des convenables grammaires…


Telle philosophie gratifie les êtres, telle autre préfigure nos dispositions à la comprendre, je touche à l’indéfendable option qui la considère comme de ce qu’il y a de plus abscons et de plus obscur en nous…


J'écris par détestation d'un moi secondaire et qui survit à tout.

Ma réalité va du désappointement à la morve, j’y apporte tant de contribution, que je ne sais plus si mon goût pour le malsain m’a fait sujet abattu ou croupissant…


Nulle part ailleurs qu’en moi je ne trouve rassemblés tous les salauds que j’aime…


Le compliment passe par la chair et dialogue avec elle, puis nous fait objet de rires ou de larmes selon qu’on soit pitoyable ou cynique…


Quand on a la faiblesse d’être, on rate l’occasion de n’être pas, qui, quoi ,je l’ignore, mais je garde ces questions comme essentielles…


Tous les commencements sont du côté de ces douleurs qui nous ont fait avantageux ou orduriers…


Je suis un contrarié pressenti par l’existence pour y couler des jours de contrariétés et de gênes…


Tous les matins, c’est frappé par la misère de devenir anonyme et anodin que je me lève et vais dans l’équilibre inconvenant de cet homme qui fleurira ou crachera sur des tombes…