Au jour le jour 495


Certains culminent dans cette propreté d’être, et voudraient que je me compromette dans le commerce de leurs pommades.


Le hasard tient de l’imposture et du superlatif.


La tristesse m’a assuré du service de la raison, et par là même d’être et de me réduire.


Plus je fréquente l’homme, plus je cherche dans la désinvolture à mêler rêveries et réalités.


Tous en expansion, quand il ne faudrait qu’une régression de  cet homme qui récidive.


Replié sur mes gouffres, sur mon idéal, je garde malgré tout l’aisance d’un qui a tenu ses promesses.


J’aurais recours à la parole quand la parole sera un recours ,et non une obligation.


Rien de bénéfique qui me fasse aimer la vie, jusqu’au fond de toutes choses, la matière se gargarise de ne pas être solvable, ce fait me fatigue.


Il m’est impossible de penser à quelque performance que ce soit sans soupeser cette vulgarité d’organes,  qui nous élève sur les estrades et les podiums.


Toutes mes réflexions me mènent à l’idée du suicide, c’est pour y remédier que je cherche un creux idéal, une œuvre de vie et de démesure.


Vie, simulacre de la matière, tribulations de la chimie, et dire que pour pousser l’écœurement jusqu’à l’homme, il a fallu qu’un dieu s’interposât.


Voir, c’est veiller sur les autres.


J’ai déjà atteint au sublime de la perte, et en suis revenu plus humble que si j’avais été libéré d’un forfait que j’aurais voulu commettre.


La nuit, effrayé par l’idée de ne pouvoir m’endormir, je construis des souvenirs que personne ne peut vérifier, faute d’être entré dans mes faveurs.


J’ai soulevé des idées lourdes d’autres voix, lourdes de leur propre ruine, et m’y suis enfoncé comme en un abîme de tourbe et de dégueulis.


L’odeur de ma tristesse tient de la déveine et de la biologie.


Quiconque n’a pas pénétré dans ses hivers, ergastule de mauvais sentiments ,du désenchantement, ne peut comprendre que l’existence cherche un autre territoire pour s’y verser en expansions.


La musique me rapproche toujours de ces éternités débarrassées d’autrui.


Je cherche un immense déversoir pour y couler mes jours de fièvres et de pénuries ,et n’en ressortir qu’en adulte assermenté.


Plus je conçois l’existence comme un horizon luisant de miasmes putrides, plus les jours me semblent véreux de ces invertébrés qui s’étendent jusqu’à ma couche.


J’ai éparpillé tant de mots ,mais restent à paraître ceux qui voûteront davantage mon existence, ceux qui seront le portefaix de mes exagérations.


Fasse que chacun creuse sa propre tombe, s’y ensevelisse sans passer par les tremblements des vains triomphes, des vaines vanités.


Résonnent encore en moi ces nuits où l’éternité n’avait pas trouvé de venin pour m’en endormir.


Je me suis dispersé en foutreries d’âme et de corps, l’idée même d’y dénouer mes passions ne m’a pas atteinte dans ces déjections, je veux échapper à cette inclination en restant en dehors, mais en dehors de quoi ?

L’amour est une tromperie des sens qui se répète jusque dans le souvenir qu’on en garde, quand on a été assujetti à ses assèchements et à ses glaviots.


Mes agitations commencent par un regret et finissent dans la vulgaire moribonderie d’un assisté que le pathétisme pousse dans le mécanisme du vivre, encombré par toutes les innocences, par toutes les formes obsolètes de ses propres vulgarités.


Que fais je sur cette terre ,si ce n’est d’y entendre des hymnes, funeste consolation d’un pour qui la musique ne fut qu’un réel étouffement ?


Le monde n’a de valeurs qu’ajustées et ajoutées, et nous les mesurons dans l’insane volupté de l’amour et de la nostalgie.


L’art est un instant exténuant où nous puisons du cliché et de la nostalgie pour de l’effet et de l’apparat insupportables.


Mourir nous  introduit en une femme comme en une tombe anticipée…


Dans la mélancolie tout est insupportable, et ce qui ne l’est pas le devient.


Je souffre d’une absence de souvenirs comme un damné de son châtiment, et dans mes marges, mon cerveau élève des musiques effroyables par leur cérémonial.


Il y a tant de solitude dans mon sang et jusqu’à mes os,que je ne sais plus où la placer sans qu’elle me donne le sentiment de l’ensevelir.


Tout se réduit à l’homme et le traverse.

Ce qui me vient sans effort, c'est l'empilement des mots clandestins portés au cœur avec leurs obligations, je ne sais dire comment ils ont été saisis, dansés  dans les mariages et  les enterrements comment ils étudient les ménages à trois ,tous ces petits tas avec leurs museaux pointus qui pétillent et pépient selon les circonstances. Exemple si on dit le mot( vent)’ c’ est un pays de sable à notre vue, des chats aux  grands âges, des chamelles qui  traversent le désert et   roulent vers les oasis de parme, si on prononce le mot( médium )on entend le dialogue délicat d'un violon et d’un feutre dans une capsule de Coca-Cola, ce dialogue par-delà ses faiblesses, vaut pour ce que l’on attend de lui, c’est-à-dire rien, c’est là que nous  attablons pour des festivités que je ne peux pas mentionner ici, bref les mots, coiffes, poumons, ou chiens obligés au dépôt ,cela doit rester   entre nous ,sont dans l’entrain de me  crever les tympans avec leur tintamarre.

Quand les grands ripailleurs dignes du nom d’homme vont d’une extrémité à l’autre de la veille, sur la piste des fétides divinités qui veulent calmer le jeu en n’arpentant plus le jour ni le trottoir, ils considèrent qu’en dépit d’être de vrais vivants, il convient de les considérer comme s’ils voulaient ramener chez eux moins d’accusations que d’illégitimes caresses. Je ne partage  pas ce point de vue, je n’ai pas cette dépendance du corps tout en colonne droite, pas un corps de doublure, qui se soumettrait  aux hétaïres pour des déchirements de muscles et de chairs,  qui ne donnent rien d’elles mais mettent la main à nos portefeuilles. Alors j’attends qu’une femme à la vérité prodigieuse s’enquiert de mes sens et de ma peau, je lui assurerai que mes indignités ne seront pas pour elle, et si elle n’y consent pas, je ne boirais  plus l’eau du robinet et j’irais parmi ces ripailleurs qui d’une extrémité à l’autre…


Entourloupes dans ce pays où l'on va chercher des perruches et des chérubins, les perruches ont des perruques et criaillent par dizaines dans des cages aux costumes de prison, les chérubins, on les considère pour ce qu'ils sont, c’est-à-dire des délicats ,et pourtant il ne font rien de délicat. Devant la caserne des pompiers, il y a le feu qui jacasse avec méchanceté, c’est spontané un feu ,c'est préoccupant, distrayant aussi ,les perruches à qui   j'ai cloué  le bec, je les jette une à une dans le brasier ,c'est là qu'elles  prennent  la forme de voyelles multicolores, dont des enfants s' acoquineront  sur des cahiers de brouillon où ils  font aussi des dessins de femmes nues, les chérubins à  qui j'ai passé de la pommade brûlent plus  vite et deviennent des horoscopes  qu’on  lit  le  lendemain dans les journaux qui nous empêchent de désespérer de ce que nous avons fait de mal.

Pour faire remonter la température mal orientée, ce peuple qui vit dans le froid ,à la levée du gel ,a construit des cabanes sur les hauteurs, cabanes en forme de barriques bourrues, il se parle de choses et d’autres en s'injuriant, les mots  dit-on ici ,plus encore qu’ailleurs  ont  l’ avantage du charbon, d'un grand branle bas, sont d’un liquide bouillant qui préside au réchauffement de leurs habitations Après des invectives ,les degrés montent ,on aboutirait presque à  soupirer tant  l'air est devenu âcre, rejeté contre les visages qui se dessèchent, puis se détachent, des corps se liquéfient, les chairs et les os ne sont plus que vapeurs orangées, après ce qui devait advenir,ils deviennent  des billes d’agate que des  enfants nés trop tôt mettront  dans les yeux des animaux actifs, furtifs venus s'accumuler devant leur porte.


Celui là qui court à sa perte, il a étouffé en lui un saint aux stigmates qui ont les traits d’insectes grenus avec de longues pattes pour raccourcir la distance qui va d’un pied de lit à un traversin. Nerveusement il parle d’une victime qu’il a laissé sur le trottoir après lui avoir crever les yeux avec un tube de fard à paupières, dans ce moment là on prend peur et la peur touche à nos sombres endroits ceux où nous avons été des imposteurs, des charmeurs méprisables, dans ce temps là où nos vingt consistaient en de la dépose vite et bien faite, à de la ruse, de la rouerie, où nos bagnoles filaient pour des courses pétaradantes, entre chien et hyène nous voilà devenus, celui là qui court à sa perte c’est un peu nous même sans son permis à points, c’est lui aussi qui s’essuie les mains sales avec la peau d’un anima mort.