Au jour le jour 491

Je me reposerai des vérités à répétition dans cette vieillesse du corps, et m'endormirai dans l'illusion d'un plein idéal sans déranger les morts.

J'ai tant déprécié le tout, qu'il m'est devenu douloureux de remédier à ses promiscuités.

L'homme incompatible avec la vie, s'est vengé de la puissance de l'éternité des astres, en niant l'existence de leur ardente coloration.

La mélancolie donne un sens à nos territoires hostiles à l'existence.

Inanité de mon émancipation, j'oublie toujours que je me suis fixé dans les anomalies du verbe, dans ses manques, et qu'il m'est impossible de traduire toutes ses érosions.

Toute œuvre invente un nouveau monde qui se régénère en elle.

Toutes les exigences de mon corps se fondent en dehors de la parole; je me tais et je suis, mon salut est dans ce tassement

Il y a tant de terreur en moi que je ne sais plus où projeter ce qui me dépasse, et consent à tonifier mon cœur pour des accords ou des élans.

Dans la discrétion des solitudes, le silence apparaît comme la pointe empoisonnée des orgueils, le pic des vanités.

Notre indéniable fonds de décomposition éthère ce suicidé perpétuel que nous sommes, et qui ne s'altère que dans ses liquoreuses vapeurs.

Crier est de l'ordre de l'hémorragie d'un corps dissocié, où le sang atteste qu'on est toujours trop loin de tout, en adhérant en n'importe quoi de l'existence.

Mes replis atteignent à l'agonie quand mon instinct tire vers le néant ses verticalités, virtualités d'un autre moi.

Du lointain à venir où s'élaborent mes vides, je n'ai aucune image, me restent les niaiseries liées au prestige d'y penser avec des métaphores.

Je me suis arrêté entre la réussite et la tentation qu'offre le jeu de ne pas y parvenir, je me suis transformé en générateur de hâte, je me désole aujourd'hui de ne m'être davantage acoquiné à ces virtuosités.


Tout en moi, prête à l'impureté et à l'impunité qui y est associée, nul ne sachant d'où toutes deux sont issues, me voici en possession d'un secret pesant et innommable.de peurs; je m'y suis englouti, reste l'onde pour en dénoncer toutes les noyades.


Et pour ne plus me pencher sur moi, je me suis inventé des lordoses...

Indigent, de tout et en tout, seules me restent les larmes pierreuses de mon corps.

Abandonnant tout et tous, vers quelle ignominie je cours et qui m'agrémente en rien?

De quel esprit endolori et qui circule en moi, naît ma pensée, aussitôt dissoute quand elle se vautre dans mes profondeurs.

Tant de constructions mentales qui s'étagent dans cette même incompatibilité qui fait tragiques les maladies et impossibles leurs guérisons.A trop prier, je suis devenu un parasite de Dieu.
J'accuse le monde de vouloir que je me dérobe à lui.

Malheureux, voilà mon seul présent, faudra t'-il que je vide mes veines pour en goûter l'authenticité ?

Me reste le dérèglement des sens pour m'user désespérément, jusqu'à ne plus pouvoir me servir de mes armes; discernement et raison, pour de grossières évasions à commettre quand je me suis appuyé sur les excès, tous les excès qui mènent à l'impatience et à l'impertinence et qui ne m'ennuient pas.


Un supérieur ennui, pour la plus noble des maladies.

C'est dans une répugnance ininterrompue que je vis, répugnance des êtres, des histoires, des mots, des humaines chiotteries; seule ma santé me permet de ne pas sombrer dans leurs infernales insalubrités, superficialités de ceux qui sont sans mal.

Dans la perfection et la lumière glauque des cathédrales, il me semble qu’être vivant, c’est détourner  la vulgarité de tous vers les lieux où l’homme prie et s’arrange avec ses morts.

La souffrance est une intimité qui échappe à toutes les restrictions posologiques et recouvre notre lucidité, jusque dans le désir de rester dans l’ivresse d’un devenir embaumé de dégoût.

Les passions sont terrifiantes d’ego, elles tiennent place d’extinction, et nous y entrons comme mus par le désir de ne pas y échapper pour de vaines glorifications, et nous épuiser de cette double conscience qui va du haut vers le bas, et du bas vers le plus bas.


La musique est en moitié une énergie d’entrailles, un tiers d’irrévocables soubresauts du temps, et pour le reste, cette part de Dieu entrée par distraction dans toutes les matières qui s’élèvent.


Je compte bien m’égrainer en paresseux pour mon restant d’années, et j’y échangerai mes regrets contre un chapelet.

La pluie m’ouvre à des religiosités sans nuance, et comme dans l’expiation, je pousse mon regard vers les hommes et le verbe vers Dieu.

Dans ces réduits qui me suggèrent des idées incantatoires, je pose des mots sur des lignes et les considère comme les seules tensions, comme les seules voluptés que les hommes ne tourneront pas en épilepsie.

Entre la pitié et le dégoût s’est insinué l’homme, et je ne m’évanouis plus que dans l’euphémisme ou la litote, de peur d’être son obligé.

J’ai mal fondé mon univers qui s’écroule dans l’incommodité de mes gestes et de ma parole.

Mon immaturité religieuse m’a fait renoncer à Dieu, et si je me suis converti à la calomnie, ce n’est que pour mieux entrer dans ses avantages en étant le dernier des hommes.

J’ai étagé mes souffrances afin d’avoir le recours du site dans ces circonstances où je voudrais voir.

C’est dans le meilleur des impossibles qu’est mon inconfort, je préfère considérer que je suis affecté par l’inacquisition, afin d’avoir à quêter ma vie durant.

Tout m’est persécution, je préfère l’iniquité de mon silence à cette glose de chacun ,qui m’affecte autant que les plus hauts malaises.

La réalité me rase, et je ne peux m’empêcher d’y voir cet homme qu’on écorche sous mes yeux de peur qu’il ne souffre davantage ailleurs.

Toutes les idées qui visent à bouleverser l’homme sont des idées de vertige et de profondeur.

Né furieux, avec une âme de rossignol et un regard de cocu.

Prédisposés à la logique, nous aurions voulu liquider tout degré de cette vitalité qui nous pousse vers les fluctuations et le conditionnel.



Dans la bleusaille du sentiment les hommes amers s'épuisent à organiser de vains chapitres où ils mettront des psaumes et des prières comme des ordalies dans la paume des condamnés ,et de leur secrète matière où le sang se corrompt comme en un ventre bas,ne naît plus qu'un serpent de pierres, efficace ,qui les mordra en demandant réparation pour des coupes mal encaissées, et de leurs infectes carillons un bruit déclencheur d'orages portera les hommes à croire qu'ils sont et resteront inféconds

Curieusement, être, me ramène toujours à moi.

L’espace si je savais en parler je le mettrais à égale distance de la vie et de la mort, la vie parce que c’est une prescription, la mort parce qu’elle l’est tout autant.

Il faut se répéter encore et encore que chacun de nos atomes est une particule de ce vivant là qui cherche à évoluer mais pas n’importe comment.

Mourir verticalement me semble une belle idée…

Je crains qu'il arrive quelque chose de grave à mes idées, comme de la pleurésie ou du sable, et que je ne puisse comprendre l'utilité de souffler, de respirer.

Il y a des liens subtils entre le sang et la voix, les deux tournent autour de ce corps qui doit ses vérités à une limite qu'il s'impose pour n'être infecté ni par l'un, ni par l'une.

Au nom de la beauté, et puis quoi encore, pourquoi pas au nom du père!

Et l'envie m'est venue de m'étendre et de m'éteindre avec tout ce que je n'ai pas connu, ni commis.

Depuis cent mille ans, sous le charme des combinaisons, des formules, des symboles, nous construisons un monde  que nous comptons exploiter dans l'ignoble séduction des formes qui ne vont pas à la connaissance.


Est vital tout ce qui vise à rendre le monde intelligible sans que nous ayons à réfléchir avec nos glandes...

J’ai gagné en neutralité ce que j’ai perdu en fureur, et seul l’ultime peut encore me faire divaguer, comme un débile pris sous les feux croisés de tous les regards et de la science.

Toutes les hauteurs sont vides de ces éternités où Dieu ne sait pas mourir.

A cette certitude d’avoir un destin, j’ai substitué cette autre de ne rien avoir été, sinon un endormi signalé par ses détresses.

Tous les jours où nous sommes au sommet, sont des compositions de l’ordre d’une littérature écrite sur le ton doctrinal d’une oraison.

Dieu fasse que je n’en finisse pas de m’exténuer !

J’ai bien mieux à faire que d’exister, oui, mais quoi ?

Nos raisons d’être sont toujours au dessus de nos raisons de disparaître, c’est pourquoi nous subsistons et nous nous leurrons.

Je me suis attaché à ne pas montrer toutes mes vacuités, toutes mes inanités, ce fut hélas dans ces excès que j’ai le mieux fait part de mes vides, de tous mes vides.

La mort est le taux d’usure de nos propensions à tout vouloir rendre éternel.

Certains mettent tant l’accent sur leur fatuité, que devant moi ne subsistent que des hommes.

Anxieux et précipité, et si je ne possède pas des réflexes de la pensée, je dispose de ceux de l’amour, qui passent par l’intérieur et non la bouche.

Plus j’assiste le temps, plus j’échoue dans mes entreprises, me voilà l’obligé d’un irresponsable.

Sans regard sur nous-mêmes, sans ces commentaires, ces reportages, notre vie ne serait qu’un cinoche qui n’ouvrirait plus sur des images, mais sur la détestable face de nos corps d’élus.

Seule l’urgence me fait évoluer.

J’ironise sur les maladies que j’ai eues, et qui m’ont poussé dans mes soubassements, que dis-je, des enfers à mon goût !

Plus je me dresse, moins j’ai d’adresse ;alité je comprends pourquoi l’obsession du ver m’a campé à ma turne, et pourquoi je ne veux ni être assujetti à la marche, ni aux hommes dont la tentation est d’aller, d’errer.


Je les ai tant implorés de se taire qu’ils ont en fait une promulgation.


En dehors du prestige de la parole, seule l’amnésie liée à ce qu’on a dit peut nous dévier du cynisme ou des enfantillages inhérents à toute forme de locution.

Etre, c’est n’avoir pas d’arguments et s’en venger.

Se cacher, se terrer en soi, pour se renouveler dans la prière ou le regret.

J’ai gaspillé mes journées comme un évangéliste dans un pays d’athées ;je cherche aujourd’hui à me débiner de cette misère en oeuvrant, c'est-à-dire en m’éloignant des hommes.

Je me suis confessé de tous mes désirs hâtifs et irréfléchis, je fais figure de quelqu'un pour qui on ne peut plus rien.

Ne durons pas, durer c'est thésauriser sur un avenir indécis et sans subtilité.

Je ne veux rien changer, pas plus dans l'ombre que dans la lumière, tout ceci me paralyse.

L'insolente spiritualité de ceux qui croient et que nous croyons.

La santé m'exaspère, c'est une sensation est un sentiment qui me donnent envie d'en finir.

Vivre nécessite de l'étant, comme la solitude nécessite qu'on y occupe aucune place  déterminée.

L'amour est toujours une impasse différée.

Toutes nos convictions des odeurs de passé galvaudé.

Je n'ai rien approfondi, ma surface est un champ parsemé de cadavres et de charognards.

Vivre dans une retraite, une enceinte cernée de chacals et de chiens.

Gloire à Dieu au plus profond de nos lieux impurs.

Tous ceux là qui m’environnent, incontinents dès leur premier jour, combien je cracherai sur eux s’ils venaient à m’aborder.

La ténèbre est le plus bel ouvrage de la nature, Dieu ne fasse qu'ils ne s'en destitue jamais.

Superstitieux le matin, dans des certitudes le soir, voilà l'homme avec ses sottes  évidences et sans obstacle.

Admettons que la raison soit raisonnable, et la  foi dans notre foyer, à quoi à s'appliquer de malhonnête qui vaille la peine qu’on s’y exerce pour de hauts  bienfaits ?

Se soumettre durcit nos affables caractères, résister tout autant.

Principes d’impuissance, la vérité et la conformité.

J’aime que mes sentiments soient discursifs et vagues, et qu’ils ne passent que par le plus bas de mes organes.

Principes et règles comme autant de mains courantes écrites sur le registre des vies qu’on ne peut que se procurer.

Le cœur n’est sensible que lorsqu’il déraisonne, lorsqu’il ne le fait pas, il se durcit sous le joug du charlatanisme de l’amour sélectif.

Je dispute au faible sa force à m’examiner, et au fort son incuriosité à mon égard.

Rien n'est plus déterminé que l'homme sincère et délicat, j'y vois l'usurpation d'une nature qui se cache de ses sombres ajustements.

Il faut parler non pour dire des opinions, il faut parler pour ne rien juger, et dans l'incertitude des vérités qui n'ont pas accédé à la lumière.