Au jour le jour 478

Dans ces jours où toutes les expressions de mon cynisme ont des relents de pouffiasseries établies dans les crépuscules, je vais tel un prince défroqué crever dans les latrines.


Vivre demande quelque force bien employée, et quelques faiblesses mieux appliquées encore.


Heureux, qu’aurais je pu promouvoir, que me serait-il venu en esprit, qui n’aurait été dépositaire ni de la mort ni du néant, et que j’aurais du montrer comme venu à moi en une seule face ?


Rien d’intense n’aura jamais été à ma portée.


Ma haine du genre humain est édifiante, et plus je la confronte à la foi plus elle m’envenime jusqu’aux ricanements.


Combien après les plaisirs m’est nauséeuse toute cette chair entretenue, prescription de sang et de mensonge, et qui toujours me conduit aux anémies.


Toutes mes attitudes sont des attitudes de retrait, j’ai beau faire l’obligé, je reste toujours comme un enfant retenu après l’étude et qui n’apprend rien.


 J’ai tant manqué de repos, que je ne sais plus si la proximité d’un lieu idéal pourrait redorer ma fatigue d’une exaspération dans ces mêmes éternités.
 
Tous les jours, atteint par le dégoût ocre d’exister, je vais dans l’idée d’un devenir désastreux, pressé d’y installer mes ostentations, d’y dégueuler toutes mes hémorragies.


L’idée d’une pureté originelle m’apparaît comme l’accoutumance à un Eden, où l’on ne serait tenté que par le métier de mentir proprement.

Plusieurs choses que je sais de la solitude, elle tient autant de la zoologie que de l’angélisme, toutes deux impériales virtualités que nous ne prenons au sérieux que dans le négatif de l’existence.


Dans cette torpeur irrespirable, mourir est couronné de l’hypertrophie d’un soupir et d’un râle.

Nous avons tous eu le désir lourd et lent d’être en hostilité contre l’homme, contre nous-mêmes, cette hostilité est la voix de l’épuisé qui veille.


Parfois mes élans poussent ma survie sur les pentes de cette souffrance qui me ferait encore rougir et rugir.


Je manque de rampes, de bastingages pour m’accrocher à l’existence, et reste sur les paliers et les ponts comme sur un ramassis d’exaspérations.


Souvent dans mes fureurs d’écrire ,je ne sais ajouter à ma désolation que les mots foutre et dieu, sans en être dissocié.


Toutes les vérités ont été sous serre, c’est en cela qu’elles puent ou embaument selon les circonstances.


Le cynisme dans mes réconciliations, tient de cette nervosité à piétiner sourdement des  êtres d’aise et de séance.


On tombe amoureux comme on tombe dans Dieu, en des endroits qui ondoient de toutes nos misanthropies.


La  délicatesse d’être volumineux, et s’en tenir là…


J’ignore jusqu’où je serai indésirable, et fatigué de me porter vers des espaces laminés par l’ennui, qui pourra alors me réveiller sans les sels et les eaux putrides ?


Je me suis défendu d’être un homme altéré par l’ennui, tant j’avais d’élans pour me rendre dans une réalité vierge de toutes ces résonances.


Toutes les religions confèrent à l’éternité les mêmes degrés de notre existence, je préfère ne pas m’y déverser.


Quel dommage que le temps ne soit qu’un mouvement qui tournoie comme un néant de prolongations.

Tant le temps a de poids que ma fatigue même me semble une charge née de cette étendue.


J’ai mesuré combien j’avais perdu de temps à chercher à m’assoupir, sans qu’aucune verticalité ne me porte aux exigences d’être, et n’y ai décelé que la sanie.


Il se peut qu’au nom de l’homme, je n’ai voulu qu’être apparent et sans soutien, et que tous mes penchants passaient par de l’entretien.


Toutes les routes se perdent dans les vallées sans profondeur et sans adret de nos saloperies existentielles.


Dépourvu d’actions, n’en désirant pas au point de m’étrangler jusque dans le dire, ma vie n’aura eu de valeur et de savoir que dans l’ébriété et les déconvenues.


Nous avons tous à un moment quelque chose d’autre à faire, et c’est ce quelque chose qui nous parvient avec la fréquence d’un fait gangrené par la parole.


Est-il un réconfort qui puisse m’être dispensé et que je n’ai pas à ruminer dans la cour d’une école ?


C’est dans la mélancolie que l’existence prend les valeurs fractionnées d’un accident de la matière, d’un succédané du temps.


Même mes larmes n’atteignent pas à la douleur cosmique d’être un damné, et qui rêve.

Est religieux tout ce qui ajoute à mon épouvante d’être, le sceau d’une angoisse sans objet, le poinçon ineffable d’une concession faite aux autres et aux astres.

Dans la lèpre du sentiment tout ce qui tourne autour de la bouche n’est que morve et vulgaires sensations.


Une fois que l’on a compris que rien n’est profond, il suffit d’ironiser sur tout, et laisser à nos sensations leur caractère d’inanité, leur accent hybride de neurasthénie et de tendresse.


Plus je hais, moins je suis, ma gravité même ne peut me soustraire à ces méditations exsangues sur les incendies du verbiage.


J’ai beau me répéter qu’à la vue de tant d’ignominies, ma méthode pour me pousser vers le néant n’est qu’une occasion d’être extérieur, rien n’y fait, la méthode résiste, l’ignominie aussi.


Titulaire d’une existence où la licence est d’être, d’être et de le montrer pour de viles considérations.


Autant dire que c’est diminué que je me refuse résolument à l’excellence et à la singularité de l’instinct.


Avoir sa vie durant manqué de dignité et agonir de cette révélation.


C’est en vain que je me suis voué et attaché à la sagesse ;mon acharnement ne m’a pas mis dans la faveur de cette actualité où tout ce qui est visible est sauvé par les propriétés de son langage inaltéré.


Mes désirs n’ont pas toujours été de m’écarter de l’existence, d’y élever des estrades, d’y construire des ponts, tout comme ils n’ont pas été de me pencher sur les sarcophages ou de m’agenouiller devant des stèles.


La plus éthérée de mes absences se fait dans l’ombre la plus ténébreuse.

De naissance j’ai été immédiat, et n’ai rien pu contempler qui n’ait été incurable de ses soudaines commisérations.


Il est des jours où l’existence est compréhension, ces jours là il me semble qu’incoupable, je pourrais faire le plus ignoble des actes et poser mon front sur un caveau, sans qu’aucune convulsion ne me secoue ni ne m’abaisse.

Nulle part ailleurs que dans la maladie le chemin vers Dieu n’est grevé de paradoxes et d’audaces.


Dévoreur de larmes, il me semble qu’un Saturne plus intime que mes dérélictions, rend instinctifs mes penchants pour l’horreur tout en s’y annelant.


Embarrassé par la primauté et le perfection des mots, je cherche dans mes silences à interrompre ma participation à leur ascendance, et les sous multiplie pour d’indéfendables théories.


Épuisé et sans asile, mes errements me mènent malgré tout dans la désinvolture.


Dans mes fièvres, ma transparence prend la forme d’une détermination, condition essentielle pour être dans l’actualité du dire, dans la fanfaronnade d’un dynamisme organique.


Premier degré de la monotonie, un phénoménal mouvement de retrait, un ancrage dans les proximités des solitudes diaphanes.


La nature en quête d’un sens à ses occupations a mis l’homme dans ses temporalités et s’est contrainte à en accepter tous les inconforts.


Tout pèse, intérieur et extérieur, et plus je tremble, plus je touche à l’expérience de ce portefaix que l’excès de viatiques empêche de dérouler son pas.


J’aurais consacré une partie de mon existence aux inerties épuisantes, que ma vitalité mettait à l’abri de tous les regards.
On localise mieux les hommes dans la douleur.

Je me suis défendu d’être un homme altéré par l’ennui, tant j’avais d’élans pour me rendre dans une réalité vierge de toutes ces résonances.



Toutes les religions confèrent à l’éternité les mêmes degrés de notre existence, je préfère ne pas m’y déverser.


Quel dommage que le temps ne soit qu’un mouvement qui tournoie comme un néant de prolongations.


Mon but est d’errer, d’errer mécaniquement, comme en une Babylone de troubles et de blasphèmes, et d’y rajouter toutes mes répugnances.


On triomphe d’une faiblesse, quand penché sur les plus hauts degrés de notre être, nous pouvons y voir la suspension de tous nos actes voués à l’extinction ou à la débâcle.


J’ai peu et mal aimé l’existence pour être autrement que je ne suis..


Évoluer, amputé de toutes ses histoires, vers les néants vides de nos éternités douteuses.


Si j’avais eu la force de me conduire en homme, vers où me serais-je conduit ?


Mes mobiles sont d’exister, j’explique ainsi mon impuissance à en finir.


C’est dans une cour de cassation que je finirai, ayant pris la précaution d’y venir en damné.


Peut-être ai-je connu trop tôt les extases du corps, et n’y ai pas introduit l’amour inexpliqué ?


Que puis-je faire d’autre que d’être moyen, si petitement moyen !


De la peine il en arrive toujours par là où je suis inoccupé.


J’ai fanfaronné dans toutes ces couillonnades où la merveille d’aimer était aussi ennuyeuse que les fictions où je me réfugiais pour en imposer à l’amour.


Lorsque je me remplis d’être, je crois rayonner pathologiquement ;cette insane lucidité m’écœure autant que si je reniais mes propos et mes actes.


Défaillant dans cette morne curiosité qui me pousse dans l’entreprise ou dans l’ennui, je commets parfois de la verticalité, vague posture pressentie pour douter efficacement.


Derniers soubresauts de l’histoire, elle se penche sur les tares des élus, pour nous montrer combien ils sont vains et accessoires, et combien ils sont nôtres.


Dans cette thérapie de la discrétion, j’ai été un onaniste manchot, un cul de jatte verbeux, un borgne, tous s’exerçant à s’exténuer.

Ce qu’il faut d’exagération pour ne rien exagérer.

Dans mon sommeil,les interventions d’un diablotin douteux me relèguent dans le souci de ne pas le doubler.

Je ne conçois rien sans doute, c’est ainsi que j’ai pris le parti d’être insaisissable, le parti de ne pas tendre la main, sans lui avoir adjoint la déliquescence d’une anémone.

Depuis tant de temps, dans la foutaise et la baliverne.

Comme si d’une main je tenais un poignard, et dans l’autre la sainte coupe débordant de ciguë.

Le plus court des chemins pour aller au suicide est la déception.

Lorsque je suis dans le refus du sommeil, élevé au devant d’un vide ou d’une désolation, je sens que battre la pavé prolonge une enfance et un ennui aussi funèbres que ces inspirations venues un soir parmi les tombes.

Plus ailleurs qu’en moi-même je vois des sicaires exaltés qui doutent de leurs origines.

J’aime que dans mes hautes faiblesses ,quelque femme me suggère combien j’ai encore de vitalité pour un ultime combat dans l’enceinte de Dieu.

Être confiné dans un excès de vide et de vie.

Plusieurs choses que je sais de la solitude, elle tient autant de la zoologie que de l’angélisme, toutes deux impériales virtualités que nous ne prenons au sérieux que dans le négatif de l’existence.

Dans cette torpeur irrespirable, mourir est couronné de l’hypertrophie d’un soupir et d’un râle.

Partout le réel est si venimeux et si extérieur, qu’on dirait que des esprits haineux m’incitent à en frémir.


J’ai trouvé dans la mélancolie une retraite pour y dorer ma nonchalance, un asile ou rouir les astres de tous mes théâtres extérieurs.


Où que je mette ma vue, de la froideur, et un infini d’octroi et d’abandon.


Émoussé et ne pouvant plus me fixer en idées, je reste un individu sans nom, qui engendre de l’amoindrissement et ne sait plus où se rafraîchir.


La matière même de tous mes dégoûts fleurit dans l’homme, dans ses enfers égayés par l’ignorance d’un éden de sensations..


Ma mémoire est une métropole sans lumière où tous les esprits besogneux s’endorment dans l’idée d’une tendresse humide, dans les friches de toutes leurs régences, de tous leurs jardins putréfiés.


Affligé par toutes les réconciliations sans profondeur, qu’ai-je à attendre des filles instinctives, qui ne se porte ni vers le ciel, ni vers leur hygiénique tendresse ?


Toutes les questions m’emmerdent, et celles qui m’emmerdent le plus tournent autour de l’âpreté du sentiment, autour des non-sens de l’amour voulu pour se racheter des magnanimités mal digérées.


Ma rancœur est un écoulement qui s’ourle de la stupeur de vivre.


Dans l’amour le corps est une imposture, le temple des lourdeurs, et l’âme une effluve qui s’applique à la lame et à la larme.


Je ne considère rien auquel j’ai du obéir, et que j’ai aussitôt dénié par le désastre du faire.


Dans les déserts du sens, ma neutralité est plus réelle que les idoles qui s’en désolent.


J’ai le goût douteux du disparaître, et celui agrandi de rester dans l’effroi d’un funèbre devenir.


Dans la solitude j’ai cherché à vénérer un dieu indifférent à cette même solitude.


Là où je me rejoins, tous les nœuds de ma condition coïncident à des accidents, à l’expression de la douleur de cette conscience d’être, et de singe exténué.


J’aurais renoncé à tout ce qui aurait pu faire mon bonheur, un bonheur d’effusion et d’instinct, pour une croisade vers les paradis de la pulsation, et ceux des lentes exaltations qui dérivent d’une extrême lassitude, éternelle et sans but.


Je me retirerai de l’existence comme du bas ventre d’une femme haïssable, tant elle aura parfumé ma ténèbre d’essences excrémentielles.


Il existe en moi un Job pulvérisé que l’excès d’endurance pousse dans le messianisme et la théocratie.