Au jour le jour 477

Ma nécessité de me taire, je la tiens de ce passé où j’ai si souvent fait le mort pour n’avoir pas à décrire le monde avec ses contenus insanes, ses incontinences et sa façon qu’il a de rajouter de la fiente là où il ne faudrait que de l’éclat.


Accident de parcours, je vais dans la vie avec un corps sain, dédaignant à  montrer ce qu’il a pu et pourrait endurer…


Mes fermentations exigent que je les considère comme une tentation à vouloir montrer que la vie doit être prise au sérieux sitôt qu’on y accomplit rien…


Nous ramener vers nous-mêmes nous ramène t-il vers les autres, et si oui pourquoi ?


Parfois traversé par une idée de devoir ,oui, mais à qui et pourquoi?


Je ne peux rien imaginer qui soit uniforme sans aussitôt avoir envie de saisir un chapelet ou une kalachnikov.


De la tentation de ne rien faire à la tentation de faire bien, il n’y a qu’un pas, mais quel pas surprenant.


J’ai peur que tout ce qui me paraît perceptible ne s’évapore dans le douloureux désir de vouloir être visible


.Se peut-li que nos excuses fussent un pourcentage de notre pitié, de celle qui prend les multiples formes de la grâce ?


La monotonie peut me rappeler à elle à tout moment et dans ce moment précis je sais si peu de choses de moi que je vais bien.


Miracle de la fantaisie d’exister on finit toujours par atteindre l’objectif idiot de  faire,cela suffit à m’anéantir.


L’inquiétude dérive toujours de mon éternel sentiment de désœuvré qui cherche une tragédie qui collera à sa souffrance autant qu’à celle des autres.


L’illusion a des degrés qui fabriquent des paysages de cendres dans un désert qui a pressenti la fin et le commencement du monde.
Curieusement, être, me ramène toujours à moi.


L’espace si je savais en parler je le mettrais à égale distance de la vie et de la mort, la vie parce que c’est une prescription, la mort parce qu’elle l’est tout autant.


Il faut se répéter encore et encore que chacun de nos atomes est une particule de ce vivant là qui cherche à évoluer mais pas n’importe comment.


Mourir verticalement me semble une belle idée…

Tant d'anges débraillés et déculottés qui font cercle autour de nous les mains tendues pour des sourires sans espérance.

L'apparente fierté qu'on tire de ce moment où l'on s’est cru plus fort n’est en réalité qu'un ego qui danse parmi les ombres.
Les souvenirs il faut les entretenir sans cesse sur ce terreau-là qui vient du fond des mines.

La poésie me paraît révolue ,mais toujours résolue à nous faire fixer les yeux sur un monde éclairé de toutes parts  par ceux qui voient la vérité comme une lumière qui danse.


L’odeur de l’homme quand il tourne au pathétique est une odeur de craie et de naphtaline,celle de ces vieux professeurs pour qui tout dogme était l’exactitude des plus sales de nos conditions.


Tout m’est étroit, je cherche un lieu  pour n’avoir plus le pénible sentiment de piétiner une terre qui ses dérobe sous mes éclaircies.


La chair, il faut la traiter comme on traite l’idée du suicide, dans la méditation et la plus haute de nos vitalités.


Personne ne m’a encore affirmé  qu’il a accepté d’être pris entre un drame sans consolation et un ennui aux douteux résultats.


Quelle que soit l’issue de nos existences, ce qu’on laisse derrière soi ne fleurira pas même sur du fumier.


Demeurons intérieurs de peur de perdre nos exaspérations pour les béates temporalités.


A l’ombre du vivant s’épanche tant de choses qui a un côté religieux, déchirant et transfiguré.


M’étant souvent engagé sur les voies de la médiocrité, comment puis-je encore croire que mes coutumes ne sont nivelées que par le vertige que cela me procure.


J’oublie que j’ai scruté tant d’horizons lumineux et n’y ai perçu que la forme d’une orbe qui illustre les charmes d’un monde qui se meurt.


L’intensité de ce qu’il me reste à vivre, où est-il ,si ce n’est dans l’exaspération de ce cœur qui bat d’un sang confirment une existence d’urgences  et d’inconforts ?


Les chiens exaltés d’exaspérations tirent leur maître vers des temporalités qui sont au cœur de leur propre moelle.


J’ai peur d’être triste, triste devant le monde, là où culminent les caractères d’une divinité morte ,et d’un dieu inflexible sur des ruines qu’ils pourraient porter jusqu’à la consistance.


Nous sommes trop petits, et l’espace devant nous trop grand, restons donc en suspension dans le bricolage de nos étroitesses, dans les travaux obscurs de nos excellences à domicile.

Ne m'étant protégé de rien, ni contre personne, toutes les blessures qui m'ont été dispensées, sont aujourd'hui les failles de mes espaces sans leurre.


Tant tout se fixe dans le temps, que le plus petit des forfaits est de l'ordre d'un mouvement inapproprié, aussi sombre que la levée des organes de perdition.


Ma misanthropie est mesurable à mes résurrections, plus je m'éloigne des hommes, plus je respire, et plus je respire, plus je me perds en lucidités.


Dire que tout nous oblige aux apparences ne nous éclaircit pas, je doute chaque jour de voir des illuminés ne pas en vouloir au monde.


Peut être notre nature nous oblige t-elle à avoir des idées qui défigurent nos géologies jusqu'à notre quaternaire.?


Combien mes regrets ont été sinueux, et combien dans leurs replis j'ai avancé vers Dieu, pour n'y trouver que la grâce suspecte d'une œuvre qui décline sitôt qu'on la considère.


Dans le spectacle de la mort, qu'y a t-il de plus vulgaire que la mort elle même.


Vivre atteste d'une tentative et d'un essai transformé.


M'étant accommodé à de molles voluptés, je m'aperçois aujourd'hui que si j'ai tenu le coup, c'est parce que je les ai répétées jusqu'à l'outrance, avant qu'elles n'aient le goût de la synonymie.


Parfois l'azur descend jusqu'à nous, trouble nos esprits, et dans les sphères de notre mémoire, touche à de petits renflements, la musique alors s'y brise comme une lame.


Combien nous avons glissé sur de la lucidité, et combien nous en sommes revenus pour nous perdre ailleurs que dans ses culs de basses fosses..


Manquent à la vie de la distinction, toutes les distinctions .

Que peuvent nous apprendre les hommes qui ne soit ni brutal, ni artificiel, sinon que toutes leurs vulgarités nous rappellent à nos humiliations?

J’ai besoin d’appartenir à un temps frappé, happé par la sainteté, et si cela m’arrivait, j’irais me répandre en prières parmi les moribonds.

La tristesse, il faut s’y préparer comme à une communion, après, il nous faut clamer haut les signes extérieurs de sa richesse.

M’étant préparé à tous les préjugés, je suis resté dans leurs profondeurs comme un forcené du faux sens, un imbécile atmosphérique, qui respire mal, qui ahane, qui ne rit plus.

Dans le grenier de l’histoire qui est aussi le nôtre, il y a des troupeaux de bêtes en cercle et qui vont à l’abattoir, sans meugler, sans cris, en silence…

L’amour est une faillite de la liberté, la limite extrême de notre véritable nature néolithique, le reste va aux dépotoirs ou aux latrines.

A chaque fois que j’ai cru que Dieu s’ombrageait de mes propos à son encontre, j’ai fait le dessin d’un être entré dans le monde et qui aurait fait son autoportrait.


Etre nécessite qu’on se diminue, un point c’est tout.

Les jours tourbillonnent en moi comme des dépressions où chaque objet a la charme indélicat d’une qui s’est vautrée dans l’ivresse d’une tragique excellence.

Comment vivre le bien être sans superficialité, dans la connaissance ou dans la lucidité, je l’ignore, le mieux eut été de faire dans l’ironie propre à toutes la analyses qu’on fait ans les latrines des hôpitaux ?

N’oublions jamais que nous sommes voués au néant, l’existence en a déjà la teneur et les couleurs.

Les fausses notes de tous mes sentiments réveillent en moi des révélations que je n’ai su contenir tant elles avaient le poids de mes contrefaçons.

Nous avons tous rêvé d’une autre vie, mais la vie a t-elle rêvé d’un autre que nous ?

Dans l’intimité de mes intérieurs où je dévoile mes vacances, mes fadeurs et mes crimes, je m’entretiens parfois avec ce qu’il y a de remarquable en moi, un vide considérable, un néant sans nom.


Depuis que j’ai le goût de penser, je pense mal, c’est autant pour me convaincre que je ne veux plus avancer, ni même reculer sans y avoir réfléchi dans cette pauvreté que je donne aux sens, à tous les sens.

Ce que je considère, je le considère toujours comme un mal acquis, après cette considération j’ai honte et deviens impudique.

Je me figure toujours que dans les formes ombrageuses et insignifiantes où va ma vie, il y a quelque esprit savant qui me mettra dans sa lumière pour me monter que le monde ne se dissout pas dans son propre reflet.


Je n’ai rien appris des hommes, et en aucune circonstance, d’ailleurs ai-je appris quelque chose qui vaille,ou triomphé de quoi que ce soit ?


J’ai contraint la plupart de mes sentiments à n’être pas violents, c'est-à-dire de ne pas me rendre inconsolable.


A mesure que je vieillis, le temps frappe à ma porte comme un forcené, et moi, je mets des nuances à ses coups.


Le reflet auquel on s’attache n’est jamais que le nôtre, nous voici une nouvelle fois reliés à cette immense tristesse qui vient quand on s’est trop tu.


La solitude, il faut se l’approprier et la laisser à sa nature de malade mentale, c'est-à-dire dans ce qui nous fera toujours vacillant et religieux.


Au rythme des saisons et de mes détachements, je suis devenu un individu insignifiant, inaccompli, retors; cela s’appelle la maturité.


Mes pensées d’après mes rêveries ont des parfums de myrrhe et de benjoin, qui s’élèvent dans l’éther comme s’élèvent des prières qui ne vont à personne.

Tout ce qui est teinté d’absolu a la sécheresse des chrysanthèmes, l’éclat trouble d’une larme qu’on a versée parce que l’on a pas su aimer.


Devant la vie, j’oublie que j’en ai la charge, et cet oubli fait le poids de la vie même.


Le temps compté, on le retrouve sur tous les visages de ces sujets tétanisés par le devenir.


En marge de mes tourments, ces instants où je suis tombé dans la douleur sans vouloir l’éloigner de moi, il y a ce avec quoi je rentre en contact immédiat, l’autre en un double miroir.


La responsabilité de nos accablements est indéterminée lorsque nous ne savons plus de quel côté nous tourner pour en cacher la terrible saveur.


Lorsque je veux rajouter de la conscience à ma conscience, la seconde négocie, et tout est perdu.


Chacun dans ce qu’il perçoit du monde, y voit l’abandon d’une nature sans cohésion, et qui s’assèche de nous rendre vivants.


Tout ce qui m’a ému a été additionné de nobles intentions, le reste est posé à mes deux extrémités, et je ne veux l’atteindre.

 Dans toutes les lettres que j’ai écrites, s’est suspendue l’erreur de me vouer, de me porter à l’autre, et celle de savoir qu’un arc sombre était au dessus des yeux de mon lecteur.


Tout ce que nous vivons dans la rêverie n’est pas en suspension dans la grâce, et s’il en était ainsi, nous pencherions pour des paradis surannés.


La musique va bien au-delà de notre ciel triste et bas, et s’irise de toutes les couleurs de nos affections pour le genre humain, lorsqu’il a laissé le monde accéder aux désirs de ses plus belles réalités.

Dans ces profondeurs violacées où vibre notre âme quand la musique s’y détend, s’y déploie, notre corps tout entier cherche un avant goût de la divinité.


Le bonheur, il faut le saisir avant qu’il ne se déverse dans nos veines, après c’est du poison.


J’attends des apaisements qui transformeraient mon goût pour le suicide en petites morts, que je contemplerai avec les yeux grands ouverts sur cette addiction.

Toutes les souffrances ont les couleurs de ces abruptes nuits où l’amour et le chagrin s’irisaient sous les nuances des sensations qui font et défont le monde sans qu’il s’en soucie.

Pour parer à l’ennui j’ai fait déferler d’acides printemps dans ma cuisine, que la serpillière du sentiment épongeait comme le front d’un christ tuméfié.

Ma tristesse est sèche comme la violence de tous ces instants où j’ai aspiré à être un faune décadent, défaillant sur les vertigineux contreforts qui mènent aux déités innervés d’un sang impur.

Tout ce qui émane de l’homme en appelle au terrestre ennui, à l’érotisme désolant dont tressaille la matière, sans lui donner les dimensions d’une résistance ou d’un dépit.
 

Toutes mes confessions ont été des dégringolades où j’ai déprécié ma vie pour des pardons aussi épuisants que la grandeur des logiques de Dieu.

Quel bonheur de se sentir épouvantable sans les exercices de cette même condition.

Les négatifs de l’existence touchent à la sensualité de s’éteindre, et s’étalent à la manière d’une conscience qui cherche dans les gisements des ténèbres à percer sous de vulgaires connaissances.


Le devenir est l’ivresse du sang absolu, honoré par ce temps intérieur qui berce les enfants et illuminent les vieillards.

Ma fainéantise est un exercice théologique où intérieurement je déplace des icônes d’un autel vers un bordel, et Dieu de la confession jusque dans la féerie de le taire.

Ma seule consolation aura été de m’ennuyer proprement, sans les fadaises liées à la perfection grisâtre de ce même sentiment.

Dans la vérité, les ratés de la connaissance se répètent comme des insolvabilités, comme d’invariables soubresauts, tromperies où toutes les existences divaguent à la manière d’un cotre sur un fleuve de soupçons.

Je vois bien, perdant tous les avantages et manquant toutes les bonnes occasions, que mon corps s’obstine dans l’ostentation des possibles avérés.

Il est des nuits efficaces, instants glorieux où nous nous voyons comme des inaccomplis,et qui en témoignent ; or dans l’immobilité de ce vague et de  ce temps,nous revenons au premier degré de l’être,infection et neurasthénie,ombre crépue sous un ciel de désolation.

Vivre, c’est consentir à affronter ses propres insuffisances, comme un singe affecté par la démesure de ses gestes, et le peu d’esprit dont on l’a affligé.

Dans la douleur, tout est fatigue, et les pleurs même sont du niveau sonore d’une sous vitalité qui témoigne qu’on est trop près ou trop loin de l’ineffable besoin de douleur.

Toutes les circonstances qui m’ont épuisé étaient empruntes de cette expression vulgaire qu’ont les faunes libérés de leur sexe dans le jardin fleuri des tentations.

Vivre est un salmigondis de barbarie et d’extrémisme, de passion et d’aveuglement, tous mélanges d’hostilité et de renoncement.

Toutes les nuits où je n’ai pas regardé vers le ciel, pour y louer un dieu curieux du savoir des hommes, se sont éteintes dans la confusion de mon sang et de mes origines.

Etre porté jusqu’à l’extase sur le chariot fou d’un voleur de feu…

Nous sommes tous des paquets d’âmes étranglées par les nœuds de nos sales histoires.

Crever sur le négatif de mon existence, mon corps étranglé par les alvéoles de toutes mes conservations.

L’amour n’est pas une proximité, et tous les efforts faits pour y parvenir prouvent combien il y a de place et de distance entre une fleur qui va germer et la terre crasseuse qui la porte.

En vain je me serai incarné dans la douleur, exposition violente de toutes les hostilités à mon égard, mon seul défraiement et mon seul luxe dans cette pitié physique fut que les hommes furent contre moi,et moi contre leur flanc.

Aux équateurs du sang, mon marasme d’être tourne à la dépravation d’une présence borgne sous toutes les latitudes.

La lucidité est un arrêt de l’esprit sur l’esprit, brutalité qu’on éprouve en s’appliquant à mourir proprement.

La tristesse traduit souvent les élans d’un cœur obéré par les invasions d’une matière purulente, celle des mots entre autres, qu’elle en devient autant un retrait qu’une retraite.


Ma fatigue de l’homme n’est autre chose que la fatigue de l’existence.


Nulle part ailleurs que dans ces substances agitées dans les ciboires que sont nos corps, le sang n’est plus âpre et plus douloureuse.


Ma part de Dieu est épineuse.


Je voudrais que tous mes ratages (tardives consolations) détonnent dans l’agitation cosmique, dans la lumière asséchée des célestes chiures, pour garder cette nostalgie de dieu jusqu’à mes nacelles qui ne vont plus vers aucune hauteur.


Il y a des instants où si fatigué d’élargir mon esprit aux surmenages, mon corps se décolore dans la fatuité des nobles exigences.


Et si mes vanités n’étaient que les compensations de ces proximités où je n’ai pas su accorder mes faiblesses à mes gloires ?

Quelle lâcheté distincte nous a fait fâché ou fâcheux, et qui n’a rien à voir avec un déni ou un rengorgement de Dieu.


On dirait que sur ces parcours où nous avons posé le pas, s’est inscrite la science funeste, et de cette supposition sont nés nos clichés et nos aberrations.


Entre l’exacte furie et fureur de paraître et celle de se révéler, trône une fratrie de démons qui va dans les joutes autorisées et frise jusqu’au paroxysme de la noyade.


La vie jalouse d’une matière vouée aux épreuves de l’inertie, s’est comblée de nos symptômes à vouloir être.


Combien dans ces rencontres, faibles accompagnements, le risque d’une épreuve s’est établi, et combien j’ai pensé à un calvaire, et combien j’en suis revenu.


L’homme s’est tant appliqué aux enfers de la raison, qu’intenté par ses adhésions au bonheur, ou de faire  don de soi dans la gratuité des actes dirigés ailleurs que vers lui-même,il a traité son dilettantisme comme on traite un mensonge, avec ménagement.

Dans cette casemate, cet ergastule où je vis comme un reclus, pressé par les épreuves que je me suis infligées, il y a tant de borborygmes qui ses substituent à mes mots, tant d’interjections qui précèdent ma parole, que je ne sais plus si je suis tout entier dirigé vers la rage ou la discrétion. 

Vouloir vivre petit sans rien agrandir. 

Ma volonté d’être s’est trop étendue du coté de la mort, pour n’être pas en retard d’un point ou d’une détonation .

Quand aux sources de la fatigue s’insinue la lucidité, qu’est ce qui s’inscrit si profondément en nous et que nous ne savons pas nommer, si ce n’est l’illusion de la vie qui se mue aussitôt en nostalgie ? 

Trop prématurément dénaturé par les somnifères et les alcools, les amours mortes trop vite et trop timidement, mon âge est un déchirement entre l’ostentation de ces anomalies et les cachotteries pernicieuses. 

Au regard de la mort, la maladie n’est qu’une infime étendu de ce néant érigé en erreur pathologique.


Ce qu’il y a de phénoménal dans la paresse, c’est qu’écrasés par leurs limites, nos corps apparaissent comme des ellipses, comme une géographie trop humaine, qui s’écrit sur la mappemonde des sens dévolus à ne pas nous happer de nos superficialités .

Apparemment tout n’est qu’apparence, et une apparence sans habit d’apparat. 

Etre oublieux par nécessité, être nécessairement trahi par ses oublis. 

Maintenant que souffrir m’apparaît comme septentrional, le mystère de ce même sentiment a des relents d’extrême pourrissement.  

Tout abus de la lucidité nous rend aussi fiévreux que si nous avions traversé des enfers sans prier.

 Nos déficiences s’écrivent dans une juste prose sur des lutins et en sanskrit, et par les formes éthérées des musiques qui n’atteignent aucun de nos sens. 

De même que la volupté est un procédé qui nous fixe dans notre corps, les onomatopées de celle ci vont dans un cœur immatériel pour y résonner en hymne funèbre, sous un ciel qui laisse entrevoir les inconsolations liées à chaque note. 

Le tout est maladif. 

Mon ennui a les tonalités d’une atonie, d’une aphonie ou chaque mot imprononçable traduit une turpitude, une limpide torpeur. 

Comme on devient brouillé on s’oppose.