Au jour le jour 476

Inébranlablement triste, mais cela est-il avouable ?


Etre lucide tient de la zoologie, du primitivisme, et de cette lourde volonté qui va du sexe au cerveau en s’appuyant sur nos glandes, sans perdre la raideur des premières tromperies.


On meurt plus facilement en esprit qu’en corps, l’ivresse de voir cette clarté est une ivresse que l’inconsolation rend d’autant plus douloureuse qu’elle ne peut nous tromper.

A voir les choses et les êtres tels qu’ils sont, on entre dans la crépusculaire redondance des enseignements grotesques.


Mon vide est chargé de ces palpitations élevées au rang d’extase.


Mon ennui aura été la forme prolongée de cette connaissance où s’est dévitalisé l’homme, où se sont insoumis le singe et sa tribu.


Mon penchant pour l’alcool et les somnifères est de l’ordre d’une érotisation d’un corps qui se situe toujours entre la gloutonnerie et l’inertie.


Le çà en vaut-il la peine ?


Tout ce qui m’a échu a constitué un cruel secret, dont j’ai été le dépositaire vicieux et atterré.


Dans cette cathédrale de chair où brûlent les âpres parfums de la connaissance de dieu, qu’est ce qui passe par l’âme et tire à lui sa part de nuit et de symbole ?


Tous les accords me sont restés cachés, m’auraient ils été destinés que je n’aurais su y voir que des contres et des méprises, le tout comme une hémorragie d'avantages.


Sachant qu’un terme m’échoit, ma dimension d’être n’aura résidé que dans la préparation de rester impuni.


L’amour n’aura pas été une de mes consolations, j’y ai trop vu le poison des intenses perditions, des assujettissements, pour ne pas en espacer tous ses déserts de faux absolu.


Entre l’ennui et l’absence, j’ai eu assez de profondeur pour y couler des jours de téméraire et des jours de pleutre.


Par trop insubmersible, l’homme cherche dans l’éternité un endroit où émerger avec l’intervention d’un dieu qui se serait sauvé de la noyade.


Je me suis dépourvu des conforts de la parole pour les écrasantes insuffisances du silence.


La bêtise nous réduit toujours à ces basses trivialités qui sont l’en soi de cet autre qui geint ou agonise.


Dieu aurait dû songer à creuser sa tombe dans une sablière. Quand autour de moi fleurit le désert, par les voix rapprochées des divinités initiales, j’entends pousser et croître la mélancolie comme une fleur poignante de sel et de sang.


La joie est le berceau de grossières utopies ; que viennent les tristesses où s’accomplit la commune mesure de tous les dispositifs exempts d’enfantillage.

Ne parle qu'à toi même quand tu es un autre, et quand tu es un autre fuis le!


La vie dégradée par toutes les abstractions qu'on met dans dieu ou dans la matière, se raréfie pour n'être plus qu'un noyau, quand de nos prières, nous ne tirons que du néant.


Le spectacle de l'existence s'accomplit-il sous les yeux d'un dieu jeté dans les absolus du paraitre.


La timidité se nourrit des extases secrètes, dans l'extrême insalubrité des lieux où la parole n'est plus circonstanciée que par ses propres instances.


La mort fermente jusqu'aux extinctions.


Tant s'étend le mourir, que les hommes ne savent plus où se coucher pour la considérer comme le dernier élan d'un dieu tourmenté par ses lucidités.


Le temps est organique, il est autant plaisir que souffrance, d’ou tant de faux d’enseignements.


Conscient que les confessions tombent sous le sens de la vie, y a t-il un niveau où tentés par le plus absolu des sacrets, nous puissions construire entre la vérité et le mensonge un espace sans but.

Mourir a le goût d’un vivre affecté par toutes les purulences des vaines désolations.


J’ai tant pratiqué l’idée du suicide, que je ne sais plus vers quelle forme de douleur me tourner, pour échapper à l’enfer des extinctions sans charme.


Si la vie était correction, dans ces marges stratifiées où nous avons bercé é nos enfances et tant d’aurores, y aurait-il suffisamment assez de place pour le zéro absolu de notre condition d’être?


La vie n’est qu’une occupation, et plus nous y pensons, plus cette occupation se révèle par ses incessantes nécessités à combler, mais combler quoi ?


L’univers tout entier devrait se prêter à l’exigence de nos décharges.


Qu’y a-t-il dans les yeux des morts qui ne soit du jugement, et que nous rapportons jusqu’à nos  cendres pour un réel contentement ?


Sans la difficulté de devenir, que resterait-il à agrémenter sous toutes les formes que fournit la déception ou le blâme, et qui n’ait rien à voir avec  cette abjecte lucidité de la mort.


Tant il m’a été aisé de mourir un peu chaque jour, tant il m’est difficile de crever sur le champ !


L’art n’est qu’aux lieux où nous le plaçons, et seuls sont qui sont encore avides de lyrisme ou de feintise se dispensent d’y voir l’agonie d’un monde qui n’a su se soustraire à ses neurasthénies.


Lire, c’est cesser dans l’instant d’intercéder auprès de quiconque, pour errer dans l’insupportable dit des  menteurs et empoisonneurs de métier.


C’est la schizophrénie qui m’a contraint à regarder l’enfer comme le positivisme des ignorances, et dans l’élévation que dispense le manque de savoir faire, une suprême inféodation, une suprême suprématie.

Ma place entre l’empressement et l’attachement est un terre plein où manquent la légitimité des distances et l’épreuve de ses exclusivités.


Toutes les tromperies sont idéales quand elles émanent de la demande.


Dans cette casemate, cet ergastule où je vis comme un reclus, pressé par les épreuves que je me suis infligées, il y a tant de borborygmes qui ses substituent à mes mots, tant d’interjections qui précèdent ma parole, que je ne sais plus si je suis tout entier dirigé vers la rage ou la discrétion.


Vouloir vivre petit sans rien agrandir.


Ma volonté d’être s’est trop étendue du coté de la mort, pour n’être pas en retard d’un point ou d’une détonation .


Quand aux sources de la fatigue s’insinue la lucidité, qu’est ce qui s’inscrit si profondément en nous et que nous ne savons pas nommer, si ce n’est l’illusion de la vie qui se mue aussitôt en nostalgie ?

Toutes nos souffrances sont si intermédiaires, qu’elles nous feraient passer dans l’autre monde sans souffrir pour en revenir en adulte gâté.


J’écoute me perdre dans une nostalgie approximative, que mon corps symbolise par des procédés de récupération, de rodages et de poussées.


Gaspilleur de solitude, je m’y suis démené en fanfaron, pour en sortir dans la logique d’un singe exténué par ses propres peurs.


Tel fait l’aveu de la plus extrême des idioties, et s’éloigne dans le faux semblant d’une force, acculé dans la terreur de ses réflexions obscènes.


Tous les jours me sont si incomplets, qu’en me projetant dans la matière même d’être, il me semble que je sois intoxiqué par un demain déjà en flammes, et un passé avec ses peurs ancestrales.


La santé serait une forme d’intelligence que les biens portants se mettraient à roter comme des gorets.