Au jour le jour 475

Le monde n’a de valeurs qu’ajustées et ajoutées, et nous les mesurons dans l’insane volupté de l’amour et de la nostalgie.


L’art est un instant exténuant où nous puisons du cliché et de la nostalgie pour de l’effet et de l’apparat insupportables.

Mourir introduit en une femme comme en une tombe anticipée…


Dans la mélancolie tout est insupportable, et ce qui ne l’est pas le devient.


Je souffre d’une absence de souvenirs comme un damné de son châtiment, et dans mes marges, mon cerveau élève des musiques effroyables par leur cérémonial.


Il y a tant de solitude dans mon sang et jusqu’à mes os,que je ne sais plus où la placer sans qu’elle me donne le sentiment de l’ensevelir.

Tout se réduit à l’homme et le traverse.


Dans cette thérapie de la rédemption qui ne me fait entendre l’homme que comme un tumulte, je tente de me perdre en appels, de me pétrifier dans mes honteux soupçons.


J’aime que les voyages me rendent tristes, et que le ciel évoque un Staël suicidé, indifférent à mes secrets et à mes peurs.


Les points de suspension sont des yeux morts qui fixent les parallèles de nos désenchantements.


Plus remonte le ciel, plus l’existence me pèse comme un objet retiré d’une noyade ou d’une confession.


Maladie, accoutumance des désastres virtuels.


La musique restera un de mes ressentiments, combien j’aurais aimé que brûlent toutes les partitions, pour qu’un feu éternel s’accorde à mon malheur de n’avoir su la comprendre, à la retenir.


L’aise nous limite dans le champ des prodigalités.

Mineurs sont tous mes mensonges, mais j’en possède tant, que je peux vivre sans m’acharner à des vérités muettes et aux assagissements qu’elle commande.


L’éternité me donne suffisamment de motifs pour ne pas entrer dans ses actualités.

Dans ces nuits où je réfléchis à ce qui me paraît être des convictions, je sais qu’elles m’ont mené jusqu’à la déception, sans qu’elles me protègent de mes partialités et de mes désertions.

Mes préférences vont à la clandestinité et aux pèlerins, c'est-à-dire à ceux qui se cachent ou avancent, mais qui se cachent de quoi, et qui avancent vers où ?

La vie est vacuité, mais vacuité suprême, et c’est cette suprématie qui génère tous les poisons.

Est neutre tout ce qui ne génère que de muettes apparences.

L’illusion est une forme d’hymne du vide érigé en supercherie de voir.

L’assurance d’une disqualification m’amène à célébrer ma misère comme si je pouvais la répéter à l’infini sans qu’elle me rende admirable.

Comment tout ce qui nous fut impropre a pu nous guider vers l’intuition et l’invention ?

M’étant préparé à me comprendre, je fus étonné de n’y rien voir de personnel et j’en suis resté là.

La seule cause qui aura ma considération est celle qui ne réveillera personne.

Obscurci, amer presque malgré moi, comment aborder qui que ce soit sans y voir un moribond ou un ange détestable?

J’entre en déception pour la plus petite des anomalies qui n’indisposerait personne, mais me rend aussi malade que si j’avais regardé l’homme des heures durant.

Je récuse ces guérisons que la ténèbre n’a pas chapé.

Mes froides tyrannies ont été les seuls mouvements contrôlés auxquels j’ai donné du sens.

C’est dans un âge gâché et plein de gâchis que je me conclurai.

L’homme qui est debout, il avance, c'est un passeur, avec des poignées de mains longues et sévères comme ses baisers,il n'a plus d'enfants qui lui font signe, et son austérité et comme la feinte de ce géant qui protège son troupeau avec des réseaux de sensations d'or plein les yeux, son élégance indue est une forme de renonciation, et s'il est tant attiré par les pierres, c'est pour les avancer jusqu'à ces berges pour les endiguer, il est en quête d'oiseaux hurleurs, à ce jour sa position est dans l'attente d'une femme qui à son front posera l'ultime bécot aux innombrables saveurs, et si elle lui ouvre les bras, il sera légitime, optimiste aussi, il ne lui sera plus le temps des incertitudes et il dormira moins dans ses locaux emplis de photographies et de peintures anciennes.

Plus j’avance dans la vie, plus je suis amer et consterné ;mais voilà, je veux encore être, et c’est en cela que résident toutes mes insanités.

Entre les connivences et la trahison, toute la panoplie des « Rhétoriqueurs »et de leur matière à leurrer.

Tant la solitude m’emploie, qu’elle me dessert jusqu’aux relégations.

Pour prouver mon intérêt à la vie, je l’ai servie ;j’ai en connaissance d’avoir été spolié, et plus encore, dans une position qui m’interdit tout blasphème.

Conserver, c’est se consulter et méconnaître les subtiles sensations liées au prestige de se taire.

Me saborder !En ai-je quelques motifs, non, en inventerais je que je n’abuserais personne.

Où chercher Dieu si ce n’est dans la prière, le jeûne ou un désert, ailleurs même, peut-être dans la science avec ses entraves et ses enclaves ?

L’équilibre, c’est un dessous soi déplacé.

La parole rejoint toujours la désagrégation, chacune à sa manière triomphe des détraquements liés au statu-quo.

J’écris pour conclure, un point c’est tout !

Si je devais être satisfait par quoi que ce soit, je n’aurais plus d’humeurs ;et de toutes les sécrétions qui émanent de moi, c’est vers elles que va mon intérêt.

Ce sont les mots et eux seuls qui sont à l’origine de tous nos maux, mieux eût valu rester ces singes éprouvés par leurs seules mimiques.

Entre rêve et chimère, un avenir obligé où pue la désertion.

Tous les événements sont coupables de nous signaler le temps.

Quoi que je fasse je ne peux me passer du sentiment, et si je l’exagère tant, c’est afin de le dominer comme un animal rétif qu’on a flatté.


Par souci d’économie je grignote sur mes folies, ne sont elles pas de ces matières qui frisent quelque intelligence et dont l’occurrence est de ne s’expurger que petit à petit ?


En dehors des mots et de la musique rien ne va jusqu’au fond de mes organes, voilà pourquoi ils sont un point de vue sur la mort.


Les idées se font parfois dans le provisoire de l’éveil,les rêves dans celui du sommeil,la conjonction des deux nous ramènent au sentiment ou à la nostalgie.


Entre Don Quichotte et moi, quelques décrets en trop, quelques superlatifs dont nous aurions dû nous passer.


C’est bien assez de me punir d’exister, pourquoi encore m’enquiquiner avec les questions sur cette même existence ?


Le constat de tous mes rapport avec autrui sont simples, de la merde, avec la propagande de cette même merde.


On ne se méfie pas assez de toutes nos décences qui sont à quelques exceptions près un point de vue sur du vide, sur l’inertie inhérente à tout état larvaire.


Combien j’ai dédaigné tout ce que j’avais acquis de béatitude simplement parce que je n’étais pas passé par Dieu.


Mon équilibre consiste à user autant de mon mépris pour l’homme, que de mon goût pour ce même, c’est cela aussi mon désespoir.


La normalité engendre des tristesses, que seule l’inexistence peut effacer.


Dieu ce qu’il faut d’effort pour sembler être !


Vivre n’est pas de ma taille.

L’habitude m’a détourné de toutes les formes du devoir et du vouloir, et je l’honore tant je peux y cultiver les affres de mes inconsolations.


J’ai balayé de ma conscience une profondeur sans orthodoxie, et je m’y suis endormi.

Qu’ai-je construit à quoi je me sois attaché, et qui ne soit dans la lésion des devenirs sans vitalité ?

Je me suis essayé à de l’esprit, cette entreprise ne m’a pourtant pas réconcilié avec les délices de l’organisation de ces cerveaux enclins à ne rien vouloir voir disparaître.

Il ne m’appartient plus de m’inquiéter, c’est aussi une forme de despotisme qui supporte le mieux toutes mes dégringolades, spectacle ancien de mes philanthropies.

A l’examen de mon mépris des hommes, je décèle combien j’ai manqué d’occasions et d’opinions, et combien cette subtilité m’ a valu d’être réduit de courir après des excuses et des apitoiements.

Dans ces instants où les choses sont conçues comme des figurations, les yeux des femmes sont des esthétismes universels, et leur sexe en appelle autant aux plus beaux des excès qu’à la dépendance.

Mon linge sale me servira de linceul.

Toutes mes vertus sont une peur de moi.

Aucune révélation qui ne me soit parvenue, je ne veux d’ailleurs pas qu’il en soit autrement.

La vie me semble une amplitude d’absences et de désœuvrements.

Combien je me suis détaché de tout, et combien je suis resté fixé à cette gangrène, qui est aussi une forme de mourir avec application.

Toutes les fois où je m’ouvre à l’amour, il me semble que je vais être happé par du désenchantement, et que ce grand trouble sera aussi mon calvaire.

Au nom de la vérité nous brandissons toute complexité comme des hauts faits, quand il ne faudrait qu’une toute petite rigueur avec son infini de constructions pour expliquer tout acte, toute parole pris dans leur essence.


Tout devenir nous fait entrevoir comment il faut s’agiter, et combien il est ardu de ne pas se prêter à cette contamination.


Imagination : fille qui chante dévêtue dans une combe.


Au suicide j’ai préféré les faux espoirs, ceux que j’ai remâchés et ressassés, qui m’ont rendu oppressé et non oppressant.


C’est d’être en vie qui est une tare, la mort plus objective ne va pas jusqu’aux condescendances, ni jusqu’aux manquements.


Impulsif, irrésolu, je touche aux mots en vacillant, j’en sors avec l’intention de m’arrêter pour mettre Dieu dans mon viseur.


Sois bon prince ; est-il meilleur prince que celui qui halluciné se penche sur la raison pour en extraire de la glu ?


Entre la matière et Dieu nous avons érigé l’irréparable.


Faire faillite dans tous les regards, puis thérapie accomplie, se couler dans la prière ou l’obscénité.


Plus je cherche à en finir, plus tous mes mouvements justifient la vie, plus mes élans et mes mots la figurent toute entière.


Être, c’est ne rien préserver et enfreindre les essentiels jusqu’à l’exagération.


Toute conviction m’indispose comme s’il n’y avait rien après.