Au jour le jour 472

Ma curiosité date d’un autre âge, de celui on l’on se consternait de la plus petite de ses anomalies.

Combien je déteste toutes ces performances qui ne sont pas nées dans l’après coup d’une misère céleste.

Faire carrière dans la déception, et redouter ce qu’il y a de pénible dans l’insulte.

S’humilier en écrivant comme un enragé du verbe, qui compatit mais n’émerge pas.

L’heure est à la performance du cliché.

Nous réussissons si bien dans l’erreur et le faux que nous pourrions en faire une recette.

Entre les vertiges que provoquent les trouvailles, et la douleur d’y laisser des nuits, de l’étonnement et du leurre.

Mon indécence n’est singulière que dans l’imitation et l’émerveillement.

J’ai beau multiplier mes gestes, ce sont toujours des coups d’essai.

Il y a des jours où je m’épuise à ne rien faire d’autre que mon sauvetage.

Toutes les passions ont ceci d’exemplaire qu’elles conduisent au martyre.

Aussi présent et patient qu’un décharné sur un lit d’hôpital et qui pousse le cynisme jusqu’au regret de n’être plus anémié encore.

Humeur d’ancêtre dégénéré, de souverain gâteux, gâché par la douleur, difficile de mieux s’acoquiner au monde.

Le sérieux est à mon sens la forme exagérée d’un surmoi.

Ciel gris, lourd je remâche ces nuits où le ciel était bas et où je fermais les yeux pour ne pas me concevoir en esclave.

Circuit d'homme et de bête imprimée, me voilà raisineux, contre une stèle sans inscription, las si las, qu'aucune indécence ne m'atteint plus .

Au plus haut degré de tout son être ,chaque homme en devenir devrait se contenir de tout vouloir homologuer, pis, de rester dans sa chair, empénétré d'une souffrance à son goût, de peur que cette même souffrance n'aille s'appliquer à d'autres.

Équivoque par et dans mes divagations, quand je me suis absout d'un corps trop pesant, en interruption de représentation, me restent tout en intérieur des ennemis qui ne sont pas à ma mesure, et que j'ai laissés grandir en moi, pour un jour les engloutir dans mes subterfuges et charlatanismes.

Me contenir, oui, mais de quoi, de ce qui se passe dans mes profondeurs infectées et infestées par la science de la démonstration et de l'équilibre ?

Jours tout en quartiers, en quarts en demies mesures, cylindriques comme un baril de poudre. Manquent le chien et la gâchette, et de l'audace, de l'audace, avec la sordide et solide envie de tout voir disparaître.

J'imagine que chaque cadavre porté en terre a été à ma mesure, un double, un semblable;c'est en cela que ma réalité m'opacifie jusqu'aux fragmentations.

Combien de pensées m'ont conduit dans de l'essayage, de la construction, de l'érigement, et combien j'en suis revenu en époumoné de l'existence ,qui ne s'est pas même adjoint une assistance à domicile.
Au faîte de mes insomnies, la portion congrue d'une femme, que j'aurais du défourrer de tous mes foutoirs..

En invasion de tous les contenus amers que l'existence pose sur les tables argentées, je ne sais que m'abreuver du vin le plus sec, celui de la confesse aux domiciles des autres, avec en idée cette abstraction de moi même, entre l'intersection d'un moindre devenir, et celle de m'écarter des beaux flacons, avec leurs vapeurs éthérées d'éternité, de jeûnes, où s'irisent les treilles et leurs détonements..

Tout en détachement, rien qui ne me lie à de la résistance, j'ai beau bouillir, bouillonner, brouillonner, jusqu'à ne plus pouvoir m'élever ou me relever, je reste dans un épanchement à domicile, dans la colère d'un enfant shampouiné, les yeux en expansion de souffrance .

Mon passé me ramène toujours dans d'explosives réactions, c'est là que je crispe les poings, raidit mes traits, prends le stylo tel un stylet, je ne suis pas équipé pour respirer proprement .

Tous ces bredouilleurs qui se prolongent en ratés de l'existence et dont je fais partie, s'ils savaient combien je leur en veux d'être dans ma mesure ne s'accompagneraient de la vie que pour en finir sitôt des sortis des entrailles de leur mère..

Né pour ne me manifester en rien, ni en quelque lieu que ce soit ,j'ai des abois de bête prise dans les rets des assermentés de la finition.

Cette parodie d'exister qui coule et s'écoule de nous comme un miel grossier, cette sanie en fait, comment s'en débarrasser si ce n'est en n'étant pas.

J'ai choisi d'avoir mes aises dans un temps sans durée, où suintent et suent les atmosphères nauséeuses de ce que nous sommes advenus, des hommes, rien que des hommes..

Toute identité unique tient du lamentable et de la lamentation, et tant j'en suis perclus, tant j'ai peine à me regarder comme un être poussé dans la conscience d'être.

L’inconscience comme une grande partie de toutes nos voluptés, comme la plus grande des futilités et qui dure.

Tout ce qui est, sera,  d’où toutes mes pauvretés, mes manques et mes superstitions, pour parer à ce nouveau et terrible constat.

Foi en l’avenir ! jusqu’ où la niaiserie peut elle aller dans l’image et la croyance ?

Quiconque vit, s’enchaîne, au comble de cette assertion réside le débat sur toutes les formes de la sujétion.

Un événement c’est du temps en exercice.

Peu profond, jamais éclairé, je vis dans la perspective de ne me rallier ni aux hommes, ni à leurs idées, je suis mon seul régime, je suis seul à vouloir disparaître sans m’être arrêté sans rien, je n’ai compté que les révolutions des astres et des morts, rien d’autre !

Est précis tout ce qui nous empêche de penser en dehors des cercles, de tous les cercles .

Arrive un moment où tout mot pue le désarroi, la matière même de nos plus petites figures inventées paraît pitoyable, il est temps alors de se considérer comme un objet vacant.

Actes, subterfuges du temps, pour nous donner à penser que la vie est sensations.

Il ne faut pas que quelque chose me survive, j’aspire à ne rien signifier .

Se réduire à la vie, l’Homme n’a rien trouvé de mieux à faire que de singer tous les Dieux qu’il a offensés.

Je rêve d’un cirque idéal où tout mot serait une débâcle, où tout rire serait une tergiversation.

Je ne peux plus penser qu’en bégayant.

Le mieux reste dans l’épilepsie du bien, tant que le bien incite à des supercheries.

Les morts sont intoxiqués par les vivants.

L’expérience c’est du temps grotesque que de prétentieux lettrés tournent en proclamations ou en dogmes.

C’est l’intuition qui fait que je me désiste, la réfection fait que je me retire.

Partout où l’on me rencontre, je n’y suis pour rien, et quand j’y suis pour quelque chose, je suis en transhumance.

Point d’évolution sans la bougeotte, je suis de ce peuple de vagabonds qui n’ayant pas d’empire, a pris l’initiative d’être déçu et de le montrer par ses rodomontades et ses désillusions.

Excès de fatigue, s’il me venait à trop y réfléchir, j’y réfléchirais salement, c'est-à-dire dans la clairvoyance.

Pôle position, entre les Arctiques du cœur,et les Groënlands de l’esprit.

Faim de non recevoir.

Ma pudeur est liée à mes démoneries, si je n’étais tant enclin à la cruauté ,celle d’aimer, de faire et de défaire, je serais mort d’un excès de rien.

Au lever, une envie de rire, et puis tout s’évanouit dans mes dialogues avec l’homme.

Voué à des échecs intimes, j’ai fait l’idiot pour me désengloutir et respirer.

Je fais dans la superficie, je verse dans la saveur des gloires introspectives.

La science a besoin de recueillement autant que d’analyse.

Plus j’ai été malheureux, plus j’ai été en retard d’un dieu ou d’un diable qui aurait pu m’enseigner à monnayer ce malheur.

Je ne lis rien sans en saisir les accidents, tout mot m’apparaît comme identifiant son signataire, avec son attirail de paix ou de mélancolie.


C’est à regret que je me suis humanisé, si c’était à refaire, j’aurais été un salopard, indécent jusqu’au point d’avoir de l’esprit.


L’être salit, au comble des dégueulis de tous genres, la trace sans précédent d’une solitude érigée en mathématique de l’esprit.


Ne plus parler, jusqu’à opérer au sein du silence un immense vacarme développé en cri primal, en big bang originel.
Un sujet ,c’est un type qu’on exagère.


J’en appelle à l’illusion, à toutes les illusions ;je me pose en rival de ces images capitales de l’homme qui pense jusqu’à la combustion.


Etre aussi intense que deux sciences qui s’affrontent et se réconfortent qui concordent par leur malaise d’être incertaine.


Parfois je perds l’usage de mon corps, de tout mon corps, jusqu’à sa plus petite .


parcelle ;évaporés, les actes, les gestes, les faits ,bref, la gesticulation ,puis l’envie d’en rester là.


Quand l’envie de conseiller quelqu’un me saisit, je suis aussitôt pris d’une volonté d’en finir, dans l’indolence des actes qui ne m’injecteraient pas de l’existence.


Sitôt que l’âge en arrive à me rendre grave ou furieux, je m’entretiens avec moi-même, de ce mal si particulier qui se situe en dehors du dialogue ,voire en dehors des mots.


Je parle frénétiquement, nerveusement, en moi se rejoignent l’envieux et le désenchanté, l’envieux vise à de la séduction, à donner l’exemple, le désenchanté à ne rester que dans mes intimités ;à défaut de les négliger, je les élève petitement jusqu’à de l’entretien.


La lucidité aura été une de mes toxines les plus redoutables, j’aurais voulu m’en défaire pour n’être pas crispés comme ceux qui se sont acoquinés avec le monde.


Impossible d’oublier que je fus cet enfant agenouillé sous une croix, et qui priait pour démonétiser Dieu.

Ayant veillé sur l’objet de mes convictions, j’ai longtemps cru que toute forme de sommeil procédait d’une perte ou d’un désistement.


Je suis inutile et pourtant vertical, et lorsque je retombe, je retombe avec mollesse.


Tout ce que j’ai subi, je l’ai subi avec violence, autant dire que se poursuit la torture et que je ne m’en défends pas.


Performant par et dans l’excessif.


Du dédain pour tous, monstre vertébré et invertébré qui s’est obstiné au rejet, que puis-je attendre de l’homme qui ne me dégoûterait de moi ?


Que je me sois gâché avec de l’humain, n’explique pas que je me sois gâché avec moi.


Ma santé m’a appesanti, et si aujourd’hui toute douleur m’apparaît comme un salut, je le dois à ses variations autant qu’à la salubrité qu’elle m’impose.


Aucun raffinement dans cette douleur qui m’a abusé autant que si je pouvais réellement en agonir.
Etre sans être né…


J’ai observé que dans tous les esprits dérangés il y avait assez de place pour d’autres détraquements.


Je n’ai plus rien à dire qui soit en rapport avec la parole et je le dénonce.

Seul au milieu de tous mes personnages, et qui m’exaspèrent jusqu’au désenchantement.

Civilisation d’œuvrants que la verve à réduit à la misère d’étaler.

Vivre, c’est mal se fréquenter.

L’homme, une variation entre une faillite et l’excuse.

Triompher de quoi que ce soit me paraît suspect, je préférerais entrer dans l’histoire par l’imposture de ne rien avoir réussi.

Sceptique, mais dans le pire et non l’à peu près.

Point de doute qui ne m’ait mené à en rire, de cette conception sont nées mes soifs de désastres, mes excuses et ce discernement qui ne me faisaient ni paisible, ni pénible.

Le plus petit de mes éclats me met dans la position de ce malade qui vomit et qui geint et s’en veut d’avoir fréquenté l’homme.

Peut-être indigne de pratiquer Dieu, j’ai choisi l’excuse de m’en être éloigné sans que cela devienne un événement.

Toute action à cela de malhonnête qu’on la veut comme une hypothèse de construction, alors qu’elle n’est qu’une élévation des membres.

Que les mots restent mes hontes et mes poisons, afin que je me corrige de cette misère à ne pas parler sans motif.

Revolver ou verbe, mais sans toutes les précautions de la gâchette ou du subjonctif.

La compréhension de tout ce que j’écris m’échappe parfois, mais je l’écris, et c’est cette écriture qui m’amène à respirer et à transparaître.

Je ne suis bien qu’avec moi, avec moi je suis seul, et seul je m’ennuie, puis l’ennui m’amène aux événements, voire au ridicule d’être seul et le jauger.

Vigoureux et viciés, voici les hommes déjà debout en route pour l’enfer.

Revenir de l’ennui en mécontent, y être entré en pamphlétaire.

La fonction de l’irréparable et de nous abattre, de nous faire présumer de nos forces, seul moyen de veiller à ne pas trop nous écarter de nos misères.

Ma retraite sera dans cette nuit, où entre la note et le poignard, s’élèvera un univers en épilepsie.

Le talent ne fait pas l’œuvre, le talent nous tient éloignés de cette douleur là qui fait grand, tout ce que nous avons craint petit.

Je crois et je suis comblé.

Il arrive parfois que l’homme se trouve en inflation de la bête, la nature en est alors contrariée.

Plus mon corps se détériore, plus j’opte pour les péripéties de l’Esprit et cette fatuité de sensations qui m’élèvent ou me rabaissent.

La douleur s’ingénie à occuper tout mon vocabulaire, en dehors d’elle ne se reconstruisent en moi que les littératures d’obédience.

Vivre, c’est se consoler d’être.

Je ne discerne que ce qui fait que je me morfonds dans la peau d’un écorché.

Toute lucidité est corrosive, l’homme de tristesse et de peine cherche tout, sauf à tricher sur cette même lucidité.

On commence par une lettre, on finit par un testament, on commence par un cri, on finit par un crime.


Nous nous entêtons dans tant de tristesses, dans tant d’abattements, quand il suffit d’un coup de revolver.

Convaincu que mes sottes et sombres misères sont consécutives à cette fatigue de l’existence, je proclame parfois que je suis né vaincu, et que je ne cherche aucune victoire qui n’aurait pas de nom.

Nous avons dissout nos diables jusque dans nos plus petits crachats, pourtant dorment dans nos cellules d’autres démons plus infatués encore.

Je bouge, je vais, j’avance, je dispense du geste à mon corps pour ne pas me couvrir dans l’illusion d’être sans faire.

Renoncer à tout, sauf à me tromper, être dans l’erreur, ou dans les fausses vérités, voilà à quoi je me suis prédisposé.

La parlotte fait l’inventaire des monologues que notre fainéantise a tourné en dérèglements.

Rien de profond qui ne me persuade de l’être moins.

Plutôt fossile que vivant !