Au jour le jour 471


Toute forme de modération se transforme en rancœur, quand elle n’est pas justifiée.

Si aucun mouvement ne m’avait affecté, garderais je cette terreur d’aller en des lieux où je ne peux me guérir du faire ?

Mots :sécrétions entre souffre, souffrance et sanie.

Est supportable ce qui ne supporte aucune trace de cadavre.

Rien de ce que nous lisons n’affleure à nos destinées, voilà pourquoi nous nous glorifions par nos propres mots.

Être tient du prodige et de la redondance.

Prier, vomir, oui, mais en état d’ébriété !

Au plus fort de mon ennui apparaît le scrupule, avec ses hésitations et ses indemnités, c’est là que je m’endors.

Mes plus hauts faits resteront dans le respect et dans l’inclination.

J’ai perdu tout ce que j’ai adoré au contact de l’amour et de la philosophie.

Tout ce que j’ai attendu est venu avec les effusions de la parole, voilà pourquoi j’opère dans l‘ébriété et le retrait.

Quel dommage que mes misères ne me préservent d’aucune intégrité, pas même de celle du dormir.

Toute forme d’ébriété doit à la parole ses propres ébriétés.

Au regard du Temps, la vie restera trace.

La plupart des réponses viennent toujours à propos, mais combien hélas se sont muées en opinions avant que d’être autopsiées.

Il y a des lieux où tout ce qui est transitoire, est chargé de nos vies communes, et s’oriente vers le label.

En dehors de l’imagination, que possédons nous, pour nous dérober à nos énormités de survivant, et qui pense à tort ?

Dieu que l’Autre est nécessaire pour vomir !

S’interrompre dans toutes ses courses, ses prolongements et prolongations, voire ses scandales, et ne plus pouvoir se passer de la défection.
Un corps mal élevé, dans les formes honteuses du mentir et du dormir !

 Ma gratitude parfois me confine dans des insomnies, tant il est vrai  que je n’arrive pas à trouver le sommeil, que si je n’y ai ailleurs reconstitué le bienfait.

Dans la carrière d’être, combien sont hommes de profession ?

Si seules nos passions nous dévorent, restons précisément ce que nous sommes, des individus définitifs et non des types avec un nom.

La folie de tous ne peut être pardonnée par un seul.

L’amitié serait monstrueuse si elle ne vivait pas d’expédients.

Le sacré n’exagère toujours pas ce qu’il doit à l’enfer.

Se détruire est délectable, ainsi à la sensation de prendre feu ou de pourrir nous pouvons ajouter celle de geindre, de s’étrangler, ou d’être complice d’un sicaire, nous voici magicien d’une gangrène que l’on attribue qu’à soi.

Il y a des hymnes qui fleurissent du côté de Satan ,sans que Dieu intervienne pour en donner la mesure.

La tristesse doit à la fois être bestiale et larvaire, sinon à quoi peu servir toute l’interprétation que nous en donnons ?

Il ne faut en rien masquer la vérité, la vérité se trahit elle-même par le savant maquillage qu’elle s’impose en voulant paraître écrue.

Tout mystère inexpliqué se raccommode avec le temps, et ses accrocs s’égalisent par l’entretien de sa profondeur et de sa part de déliquescence.

Quand je sors pour communiquer, communier, avec le talent des ratés, pris dans les rets du désespoir, j’alimente mon corps des excuses que je ne ferai qu’à Dieu.

Avoir le dégoût quotidien de soi même, voilà un motif nécessaire pour durer, malgré le peu de carrière des autres.
Il faudrait redresser toutes les courbes de peur qu’elles ne deviennent des cercles vicieux.

Les anges  ne se sont subordonnés à Dieu que pour mieux s’asservir avec le diable par feintise.

Je me laisse aller aux fêlures, aux cassures ,aux ruptures de toutes espèces, je suis une roulure atténuée par tout ce qui ne peut ni se transmettre, ni me tourmenter ,sans que j’en ai fait la demande.

J’ai autant d’écarts que de questions en moi, il convient que je les garde pour un temps où l’esprit plus il sera présent, plus il sera secret.

Tout pousse au suicide jusqu’au mot « suicide » lui-même.

Les nouvelles idées sont concurrencées par la putréfaction des plus anciennes.

Dieu me devient vulgaire lorsqu’il ne m’entend pas.

Dans la multitude des clichés qui s’offrent à moi, pour me venger de l’espèce à laquelle j’essaie de renoncer, il y a l’insulte et le crachat, le reste ne sert à générer que des apparences.

Méfiez-vous du monde qui par convention s’est associé au cercle à tous les cercles
.
Être aussi hermétiques, que lorsque submergés par la colère, nous n’avons plus en bouche que le mot « foutre » ou le mot « Dieu »

Le tourment m’apparaît comme une des formes de l’exaspération, que nous avons dévoyée, afin de la vouer à tous les simulacre de cafard.

Que de signes avant coureurs de cette fin nauséeuse qui nous a été promise depuis que nous sommes nés larvés.

J’ai plus à craindre de moi et de mon mépris, que de toutes ces maladies qui ne m’enveniment que pour des injures particulières.

Je suis un sceptique voué aux sarcasmes, je m’acharne pourtant à y voir le symbole d’une compétence qui ne doit rien aux organes ni à la chimie de ses compléments.

Nous devons notre infortune aux mots, toute première géologie qui nous lie à cette civilisation de roulures assujetties à la parlotte.

Charognards distingués que le mot élève systématiquement, tout nous échappe voire jusqu’au noyau même du mot.

La lucidité restera notre plus grande victoire et notre plus grand vice, combien j’aimerais n’être hanté que par le thème de l’obscurité pour tout refuser, tout !

La réelle douleur s’exerce au-delà de cette douleur, qui est un oreiller pour nos pleurs

L’ignominie, au regard de toutes les saloperies de l’Histoire m’apparaît comme une réplique à la civilisation.

Toute tension avive notre sang, même nos sanglants ont quelques proportions de flammes

C’est vivre qui nous pousse à la charogne, le devenir quant à lui s’organise dans la puanteur qui en résulte

Il arrive des nuits où la barbarie du sommeil nous pousse à ne rêver que d’une inflation de la nature les plus salaces.

Être le rameau dans le bec de la colombe et la proie dans la gueule du loup.

Combien j’aimerais entrer en contact avec tous les ratés de la croyance.

Je retire de la prière qu’elle ne me fait ni voir ni sentir jusqu’où le venin de mes veines pouvait se renouveler.

Je me suis confronté à la religion pour convertir ma pitié en apathie, voire en une supercherie d’absolutisme.

Il n’est aucune épreuve qui ne soit inscrite dans notre sang.


L’ennui est un excès de vie taquiné par la mort.


Se réduire à la vie, l’Homme n’a rien trouvé de mieux à faire que de singer tous les Dieux qu’il a offensés.

Je rêve d’un cirque idéal où tout mot serait une débâcle, où tout rire serait une tergiversation.

Je ne peux plus penser qu’en bégayant.

Le mieux reste dans l’épilepsie du bien, tant que le bien incite à des supercheries.

Les morts sont intoxiqués par les vivants.

L’expérience c’est du temps grotesque que de prétentieux lettrés tournent en proclamations ou en dogmes.

C’est l’intuition qui fait que je me désiste, la réfection fait que je me retire.

L’Homme, ce cafard qui a parcouru le temps pour y fonder des empires, que ce même temps prive de maître aussitôt qu’il en est un.

La raison nous rend furieux ou nous apaise, selon qu’on soit sous la coupe ou le revers de Dieu.

Toute démence réserve une part d’honnêteté que la raison fortifie et élève jusqu’aux élucubrations du verbe.

J’ai froid d’être et d’exister, dans cette frayeur de devenir qui me pousse dans l’exercice d’un exil futile, je conçois le temps comme la plus inespérée des prisons.

La vie ne m’a pas donné le tournis, je cherche dans la parodie des mots une façon de dégringoler dans l’être.

Moi ne me suffit plus.

Tout est faux, jusqu’au détachement qu’on prend pour s’en éloigner.

Rien de ce qui est tragique ne m’émeut, je ne pratique la larme que pour un départ ou une arrivée

Il ne faut rien faire qui puisse nous réconcilier d’avec Dieu si nous voulons le tenir en face dans notre vie.

Rien qui ne vaille la peine d’être fait, voire compris ; de tout ce qui s’effondre je retire le caduc des existences qui se ruinent dans des éblouissements excessifs.

Toutes les certitudes puent, à défaut d’y renoncer totalement, j’opte pour cette convention qui veut qu’il n’existe que des apparences.

Le lourd dessein d’exister.

Le réel est insupportable, le virtuel tout autant, simplifions nous l’existence dans une hystérie à notre mesure.


Bien joué dans ces espaces avec le vigoureux devoir de vous demander si nos enfants étaient tous insondables dans leur apocalypse et dans toute construction avec le poids de l'adorable force de quoi s'alimenter à cette beauté, à cette finesse de ce côté-ci de la mer ,de quoi parle-t-elle sinon de tous les états, avec ses nationalités, avec celle dont j'ai été et dont je n'ai plus envie, je mets dans mon fourreau une épée forgée par trois fois par un massif chef d'atelier aux idées excellentes dont celle de l'athéisme et de la gâche, à chacun ses façons de faire et d'être, ce que je voulais régler sera couvert de mon esprit, d'abord au blanc comme les verbes qu'on regarde aisément et qui ne flottent plus,puis dans la durée des mots, j'écris le verbe aimer deux, trois, voire  quatre fois  par jour sur des cahiers de trente deux  lignes, les laiderons qui ont la foi m'envoient des courriers qui disent du mal de mon écriture, cette occupation est peu sérieuse que de me lancer ceci au visage, de décréter que je suis un balourd plein d'incertitudes, je me regarde plus depuis plus de cinquante ans et ma connaissance est d'une vibrante douleur aussi obscurcie que  cette vallée où crèvent les bêtes assoiffées, ma détestation aussi je n'en ai plus rien à faire, j'ai peur de mes anciens fantômes, je les  estime et les méprise tout autant, voire davantage.