Au jour le jour - 9

L’inertie m’arrive nue dans une macération d’orifices vermoulus ,putrides, par où s’est défilée, s’est extraite ma nudité. A rester aux extrémités de mon être, je n’ai rien fait qui puisse résider dans la déférence des hommes, aussi j’attends ,triste et escamoté cette mesure d’herbages et  de cils qui s’inclineront sur mes hésitations, mes autorisations .Ce que je convoque ici est dégauchi à mes souvenirs, minime, à peine perceptible, mais précieux parce qu’il ne peut en être autrement .Avec ma tête lourde d’encombrements , d’élucubrations ,avec ses habitants qui ont été moins immenses en moi que cet espoir, cet espion, ce prophète qui signent des pétitions, j’ai perdu mon temps à des contemplations insignifiantes ,à commenter des meurtres sans commanditaire, et si j’existe encore  ce n’est que pour réveiller ces chers vieux fantômes avec leurs tics et leurs breloques ,pour qu’ils évoquent des rapports outrageants faits contre le monde .Mon crâne est plein de parricides , d’arrangements faits avec la mort, je ne veux remmailler  personne, je n’ai pas d’agilité, et  tel un automate sans clef  je me mets à table, et parle, parle ,parle…


Que penseriez vous d’une violente rencontre, celle de la logique et de l’ordre ,de celui qui veut s’excuser de n’avoir d’autre patrimoine que de ne pouvoir quitter son cher pays ,avec cette langue arriérée, gutturale, voici donc un usage entre le couteau et la transparence, une piste qui conduit à l’immédiate libération des sens, à la trajectoire charnelle d’un corps contenu dans une identique personne, pas parsemé mais en déliquescence. Je veux savoir pourquoi les chiens sont si multiples et nous entendent, pourquoi leurs maîtres ne laissent pas de carte de visite, sinon l’embout de leur canon sur la desserte, signatures d’assassins à l’esprit bas ,vil dérangé. La vie qui s’étrangle au milieu d’elle-même est-elle à sa place , ou se borne t-elle à des goulets d’étranglements. Sur l’horloge de la mortalité, celle des statistiques ,rien n’est plus parfait ni perfectible ,pas même ces docteurs qui nous entendent aller à la foi des hommes de bonne volonté ,qui nous écoutent dire nos vies limoneuses dans l’aval de nos vingt ans. Je suis d’un double constat, un dans l’insistance d’être toujours debout et habité, libre aussi, le second d’être embourbé, inanimé, ne me restera bientôt plus que du sable sous les paupières produits par des massifs coralliens dont la science se saisira pour des explorations d’abîmes et de précipices…

J’ai vécu dans le blé l’agate et à l’hôtel

N’ai ouvert aucun coffre pas forcé de serrure

J’étais deux au départ dans l’entente charnelle

Qui va de moi à moi au moment le plus pur


Mes doigts furent violets et sourds à mon enfance

D’un mutisme forcé suis revenu impair

Rauque sali contrefait mais rêveur outrageant

Avec dans mes maraudes des sciences et des enfers
J’ai une traînée de sang à ma bouche grinçante

Et des économies de larmes bon marché

J’irai encore sourire à la lèvre dolente

Où les mots sont reproches ventouses apprivoisées


Une partie de mon temps est un temps de distance

Une autre s’est absoute à mes regrets frondeurs

Qu’une seule me fasse signe et j’aurais la constance

De cet homme qui dort dans de nobles douleurs…
 
Ben voyons, voyons ces existences crayeuses sous les cartons jaunis par la pluie, la mort froide, volontaire ,et tous ces hères jetés dans l’infernale distribution des habits poussiéreux, bénéficiaires d’un monde qui n’est plus le leur, les voici dans l’affreuse humanité ,dans un monde qui n’est plus à la portée même de leurs chiens pierreux comme des météores immoraux, si pleins de cette commanderie aux sabots des survivants ,ici on meurt dans la rue et sous les ponts, bravo à notre race ,celle qui les étranglerait avec son propre cordon jeté sur leurs abominables cous ,celui qui abdique de l’abandon plein le bide ,et cet autre de l’abomination dans les godasses, vois comme ils te voient ,de méconnaissance renouvelé ,qu’a-t-il de plus laid dans ses mains sinon un quignon de ciel troué de toutes parts au milieu de son paletot, aux chancelleries du cœur qui de nous leur a bâti des confidences ,donné ses plaquettes, à mon jugement vient que nous sommes en mal d’imagination ,plein d’anecdotes sales ,de saletés anecdotiques, frères humains qui autour d’eux survivez avec vos maladresses, vos ladreries, vos trahisons ,vos parts molles de vous-même devenues objets de votre propre culte ,que faites vous de ces regards qui vont aux vôtres et que vous ne voyez plus ?


A celle qui indique que mon cerveau est un organe improbable qui admet toutes les questions avec un cœur absolu ,je réponds que les stridences, les modulations, les incohérences de mes mots sont mes filles bien nées, ce sont elles qui me consolent de mes sales jugements, ceux qui me restituent d’une seule main toutes les blanches voluptés et nuptialités célestes où la symphonie des dieux rend échevelés des nuages avec des masques de louveteau. La proximité de son avis m’est  nécessaire , je lui envoie mes capitulations ,mes contingents de baratin livrés nus avec de la rocaille plein le sentiment ,en insolvabilité de devenir.  A me montrer nu , il me semble que c’est une ravisseuse organique qui s’est adressée à mon corps pour le délester de ses sombres inventaires ,or il m’est donné d’y résister avec un tout petit effort, d’autres toutes petites sollicitations, à la demande d’un tout petit parafe où j’aurais de la hiéroglyphie plein les paluches ,ou une idée mouvante à souhait ,mais chaque jour j’invente de nouveaux formats ,de nouvelles formations ,de nouveaux débouchages dans une page en degrés sur la quelle elle se penchera.  Je joue à l’élémentaire enfant sans marteau ,sans ,jouet et sans maître ,celui qu’on a flatté après une opération où il n’a pas geint..    
Donnez moi de l’abord dans vos nombreux passagesLa brune invitation à vos lèvres ferméesLa fièvre parallèle au ciel gris de mon âgeEt l’abîme en idée et en petit veuvage