Au jour le jour - 7

Proses 1975 - 2005

Maintenant que je me terre
Je n’absorbe plus rien
Je n’aborde plus rien
De tous nos commentaires
De tous nos désaccords
Ce qui ressemble
A du tassement
A des objets solitaires
Auxquels je travaille
Sans équivoque
Avec la voracité
De celui qui hagard
Se voue au détachement
Les bras nus et roués
Je frotte sur mon torse
Des herbes atomisées
Par nos distances entretenues
Nul ici d’autre que moi
Ne sait s’il a posé
Rugueux attentif sot
Pour de vaines consolations


Idiots débiles
Côte à côte
Avec cette abstraction
Cette vanité d’égout
Mon colt mon barillet
Ma gâchette mon métronome
L’un contre l’autre
Avec les mains bleuies
Va dans le tragique
Des choses préparées
Par les cuisants mûriers
Nos courses solitaires
Sans conséquence
Mitraillées par tous les moments
Où l’amour ressemble
A une supplique
Un supplice
Sans aucune turbulence
Le premier qui demande pardon
Va dans le tragique
Des choses préparées


L’hôtesse du mal accueil
Toujours la même
Tragique déraisonnable
Exaspérante aussi
Ecervelée
Cette fois encore
Dévêtue
Avec l’odeur
D’une veillée
D’un cérémonial
Toute
La triste entreprise
De l’entrecuisse
Du coït ordinaire
Rien ne flamboie
Rien n’est entretenu
Pour des déviances
Des défiances
Pour du passage
Voici la borgne pythonisse
Devenue aigre
Avec son coutelas
Pour ne plus subir.

Les mots
Voûtes archipels
Entrepôts
Tu leur donnes
En ta mine discrète
La tranquille assurance
D’un tireur couché
Chien de ponant
La lunette
La lorgnette
Sans les yeux pour le site
Sont des tiges muettes
Pour un ennui coupable
Pour t’emballer encore
Dans le bruit
Des bosquets qui se soulèvent
Ta respiration
Ta gêne
L’instinct guerrier
Qui te commandent
Me mettent
Dans la disposition
D’un rétiaire
Au pied du lit

Procession imbécile
Tu retournes au paysage
Eternité de tes décharges
Tes os sèchent
Ta peau brûle
Tu t’équestres
Tu te négliges
Toute la fumisterie
Sur tes carreaux
Tes caveaux
Taupe roturière
Aux souvenirs
Trop forts
Trop hauts
Perche à talons
Automatique
Cendrée
Si je t’étêtais
Ta chair
Seule certitude
A grands jets
Sur la faïence
Ressemblerait toujours
A un amour défaillant

Bénies soit les orgues
Délieuses d’espaces
Cette pluie d’octaves
Domaine de nos septembres
Le bon vouloir
Le gré l’outrecuidance
De tes cuisses
Futaies entrecroisées
Compagnes
De mes nuits
Sans gardiennage
Moi gigolo
Désabusé intéressé pourtant
Je cognais à nos passions
Usais du feutre
A distance
Ta rousseur discrète
Encore de brûlures
La mélancolie aussi
Me tenaient lieu de dissolution
Fallait-il que je boive
Pour m’abriter dans ton ventre
Et n’y trouver
Que boire davantage.