Au jour le jour 442

Salut Joseph,

Je machouille le texte de Koltès et je n'en aime pas le goût car il agite le grand chaudron des idées binaires et des sentiments définitifs.

"L'échange des mots ne sert qu'à gagner du temps avant l'échange des coups"...mais c'est donner aux mots bien peu de force, juste une sorte de préambule où la politesse fait ses ablutions...mais les mots sont bien plus...ils sont la violence au quotidien, ils font la violence au quotidien et ils assènent mille coups. Ils sont à la fois le feu et l'eau et nous crèverons de ne pas les savoir aussi chargés. Ils nous pètent à la gueule tous les jours comme une charge que nous n'avons pas su désamorcer. Ils sont tout sauf un gain de temps. Ils sont bien au contraire une accélération du temps par la crispation et la simplification excessive du sens... une occupation de la scène, une occupation obscène (et nous en savons quelque chose), à des degrés divers de "passe-moi le sel" jusqu'à la perle obscure de la métaphore poétique.

Vulgarité des mots approximatifs et doués pour le détournement des idées, ravages des mots extrêmes et porteurs de haine, violence et mépris de la langue de bois, grossièreté du vocabulaire pub qui vend toutes les valeurs, même les plus rares, au plus offrant...et même violence des mots imprononçables... jusqu'au gouffre du silence.

Les mots font croire à nos corps d'autistes incapables de supporter le contact qu'il existe un prélude à nos agitations quotidiennes...quelque chose d'à peu près propre qui se ferait juste par les idées, et qui concernerait juste le trou de l'oreille, sans corps à corps ni contact véritable...(d'où l'image de la diplomatie), mais c'est une monstruosité que de faire croire ça. C'est tout simplement le moyen d'instiller la violence de la manière la plus perverse qui soit, sans que personne ne s'en rende compte.

La diplomatie n'est pas une manière de gagner du temps...et elle ne joue pas l'amour en l'absence de l'amour...elle est simplement le jeu froid qui porte les mots à leur degré ultime de dangerosité et de tranchant. Les coups ensuite ?;..et bien rien de particulier...tout simplement l'écho de cette "politesse" des mots qui faisait violence depuis si longtemps, mais en secret.

Nous sommes en guerre ? certes. Mais pas contre d'autres, nous bataillons avec nous-mêmes depuis si longtemps et nous nous effrayons depuis l'aube des temps de cette ombre que projette sur notre vie l'étrange sentiment d'insatisfaction qui nous hante. Le diable se nourrit dans le fossé qui sépare les hommes et ni les gendarmes ni les soldats en armes n'y changeront rien.

L'histoire de Caïn nous concerne tous et cette histoire c'est avant tout celle de la violence d'une communication qui ne se fait pas car les mots en souffrance forment le terreau de notre humanité. Les coups ensuite ? C'est seulement pour trouver une fin au récit.

Je t'embrasse, (as-tu remarqué que je t'embrasse et je t'embarrasse c'est presque la même chose ? Sommes-nous aussi peu faits pour le contact ? )

A bientôt,

Daniel

Telle enseigne l 'amer de la rue vient, ses moments sont  de source, elle va dans la docilité des vagues muettes et plates du monde qui n'est pas le mien et que je connaîtrai jamais, me dit d'écouter les bandes de l’eau  en se penchant sur les rochers, là où l'écume essuie les cabillauds jaunes avec leur soie blanche, sans panoptique ,elle reste féconde de ces petites propriétés, accroissant les invisibles présences passées,  le bon usage n'est plus ordonné, et même si les grands pas vont visiter là où tous les mœurs à la fois font foi et prière, je crains le souffle  des réseaux féodaux, mon âme est un paysage qui ne bougera pas, l'hiver est rouge comme la porte des enfers.


Annule les données  du ciel, et ce jour tu  trouveras les faits à commettre avec un ami, et reprenant chacun vos  documents anciens vous pourrez accompagner d'autres dans le célibat, cette gaieté absolue, un appui aux communs les plus proches, avec un nouveau corps et tous les chers produits, et ce Nord mal équilibré,au retour des hommes ne sera pas  à sa naturelle saison, je joue l'offrande mêlée avec l'invisible fréquence de voir  le tout comme une représentation, un négoce, un désir, et le tampon ne m'attaque plus, comme si je retenais la hausse à la hauteur des moisissures, quelle effervescence, le grand bruit de la terre à ton nom adressé.


Et comme je parlais dans les feuillages à demi entraîné pour les enseignements ,j'ai été mal accueilli  comme un chien  en sa misère, à mes sens en guise de réponse légitime de bourrage , des revers serrés me furent tel qu'un moignon de vieillard au moment où  huit violons ,violoncelles et  guitares s 'agitaient ainsi des adolescentes  alanguies et de vie réglée sans crainte de monter aux créneaux barbelés ,déplaisante inactivation de mon adolescence, et moi de regarder dans l'épaisseur  du soir qui tombe  dans le bruit des armes blanches ,claires comme  des tromperies, en les pensant dans le silence qui inonde la vie ,vous aviez omis de me parler de déchirure.


En présence d'un prince borgne sorti d'un toril avec du  sel dans la bouche ,toutes les saisons établies à la présomption du public sont des anomalies, une amnésie dans la vallée des morts,là où les épis blonds sont une gerbe qu'on boira du visible à l'invisible face, ce qui aidera le dès premier jour à nous tenir  debout, ça équilibrerait le  fléau des balances, les signes qui sont des bandes de couleurs affichées comme des essais, de celui qui s'endort ou de celle qui s'endort tout autant, suspendus à des ponants fous,c'est là qu' on se verra plus lourd, je vais en moi même questionner ce défilé.


Ce sont à des soupapes incendiaires que s'éteignent les plaisirs, bactéries particulières à ce grand épineux qui vient de l'ambassade du ciel, mais est ce un cas unique, que ce laboureur entrant dans la mémoire des ventes de ses ares,de sa loi et de sa foi, entre la forêt ,cette régate habillée de  défi ,et sa correspondance au héros assourdissant auquel il s'est asservi, alors, après, qu'advient-il pour passer de  la personne à la personne en soi même  établie ; au pouvoir   de mon essentiel pendu du cœur,  j'entends fractionner les arts, je m'en régale déjà  en me suçant les doigts , ceux aussi d'une qui est  à l'écorce ce que je suis au fût,et  l'autre est à mon sens ,est dans mon  terrestre monde, et c'est une imbécillité.

Je dis les petites usuelles toutes  en vrilles que je voudrais sur les talus, j'ai de bonnes nouvelles sous mes yeux comme un chien cassé et rompu, et mon amant me  reproche de pas l'aimer, sinon de temps en temps, en doutant et  trois mouvements, et surtout dans  les saisons propres , quel dommage pour les cimetières marins qui sont légers dans l'obscurité, pauvre Valéry en incapacité de travail, dans le sens du rachat inculqué, il n'est pas mort, hélas les pour consignes.