Au jour le jour 429

Ils sont  tant amoureux
de leur femme  leur frère leur  sœur
ils font du judo
au tatami de leur enfance
pleins de confiance
dans l’entourage
le cercle
des circuits incertains
une fiche  là où  je pense
c’est vous qui me cherchez
pour mettre le couvert
je ne suis pas une tarte
je suis partout où je suis mal
je  voudrais n’avoir pas de sens
pour décevoir vos enfants
ce que vous faites
est illégitime
je ne pars en guerre
mais ma taille et ma bouche
sont violacées
tout autant que vos engagements
sont caducs
j’ investis un langage
il est vide
j’ai quatre temps et dents de trop.


Bien dans sa peau
la puce va à la bouteille
par les temps de labour
c’est une subtilité
c’est lexical
si elle se déshabille
c’est Adam qui rit
avec neuf ans de trop
à sa main fragile
il a un monocle
de la sciure
du déshonneur
qu’il soumettra
à des moujiks sédentaires
plus âgés que la dernière des mariés
celle de l’an mil
moi mes lèvres se sont closes
tard dans la soirée
et si je ne vous parle pas
de la beauté qui va à la beauté
c’est parce qu’elle est
une solde
pour des sicaires
aux cornettes blanches
et qui sont des baleiniers.

En l’an deux mille
j’aurai mille ans
je serai
dans un arrêt de jeu
mon entraîneur
avec son temps additionnel
entrera dans  mes talons
avec  sa douleur vieillissante
les docteurs seront à l’ouest
les autres mourront
de dermatose ou de tuberculose
les mineurs mettront des cagoules
des casquettes sur la tête
et les perles rockeuses
qui iront à la chorégraphie de la vie
feront rire Ali Baba
avec sa cagnotte
avec des sens et ses chansons
avec ses poupées ruineuses
moi je serai vieux
pour me balader
et aller vers
des saloperies d’approche.


Je n’ai pas de belle-mère
pas de famille
je fais des grimaces
outrancières
j’ai écouté les femmes savantes
parler de leur enfance
une que je goûtais
était pleine de friselis dans la bouche
j’ai cherché des tisons d’argent
dans les incendies
parmi les possibles gravats
ces choix de danseurs de claquettes
ces schpountz embarrassés
du jour pointu
et je fis comme un élève
mal élevé
une mauvaise réponse
et de ce repreneur qui se cachait
il se voulut dormeur
alors que je ne l’étais pas.


J’ai dix-neuf pointes en tête
et de ta gibelotte
ma Félicie est enceinte
nourricière répétitive
Ulysse monte à cheval
en monarque
il se cramponne
il salue Pie douze
il est vêtu comme Don Camillo
il danse le tango
conditionné tel des moutards
qui ne sont pas  des apatrides
et montent au  ciel comme du papier kraft
moi pour m’apaiser
j’écoute la meute
qui vit sous mes aisselles
elles ne sont  pas investies
de putridités
comme mes anciennes camarades
de besogne posturière
et ma décadence
ne m’est nullement étrangère
comme cette danseuse du ventre
qui n’ira pas en Bavière…


Celui qui relève le cocu
est en état de comprendre l’ ouvrage
comme un horizon
à la sortie mouvementée
il est prochain
dans un carré de verdure
c’est pourquoi ce tardif
crient toutes ces erreurs
écrit et offre à sa façon
des intoxications
qui viennent d’un pays  gastronomique
aussi rectangulaire
que   la Suisse
c’est là que s’accrochent
les sauterelles paresseuses
qui aiment l’ail et l’oignon
et qui sont aussi autoritaires
qu’une allemande frontalière
qui parle du houblon
comme d’un animal
rayonnant et redoutable.

Souvent toutes les actions que j’entreprends sont impalpables, j’ai beau y mettre de la rigueur de la vigueur, les représenter dans la tenue d’un manuel qui va à un entretien, rien n’y fait ;mes actions restent affranchies du montrer. Dans des circonstances qui me voient attaché à les rendre grandioses, déliées, mes actions suivent à petits pas l’idée que je me suis fait d’elles ;elles marchent la tête haute, effrontément, regardent de ce côté ci du monde, puis de l’autre, se confondent à la masse des agissements, comme peigner une girafe, prendre le centaure par le bicorne, tirlipinponner le pastaga, et c’est donc dans le spectacle de leurs orgueils et de leurs vanités que j’ai foi, je le garde en moi comme un joyau fait de poussière et de salive.

Jadis toutes mes fournitures de vivre, je les partageais, je m’y débattais à la manière d’un singe affecté par des ressemblances ; du vestibule à la chambre, dans les encombrements des objets lacustres, je voyais se noyer mes désirs, et rien ne pouvait plus révéler la plaisanterie d’exister, ou quelque vaine utilité. Quand vint l’hiver, avec ses taffetas et ses cotons neigeux, ses surfaces planes comme des parquets huilés ,je me débarrassais de tous les paquets d’ombres et de noirceurs, de tous les bidules faiseurs d’orages et de torts, de tous les ustensiles à mémoire et de réconfort. Rien n’y fit. De me savoir si humainement mêlé à moi-même, me mit dans la neurasthénie, mon monde et mes marches s’immobilisèrent, mes yeux se fixèrent sur les murs ajourés, puis ce fut le vertige de mes normalités.