Au jour le jour - 4
Voilà les matines
Un seul pays les couvre
Le tien
La pluie appelle une auberge
Un mystère boréal
Ici tout est ultime
La couleur touche
A des profanations
Tout s’éteint tout éveille
Une ribambelle d’assassins
Avec des mains de sauveteur
La longue halte
Où s’enracinent
Les dormeurs et leurs charmes
Vaut cette rumeur
Annoncée par des apôtres
Silence et science
Parjure et meurtre
Se font écho
Puis les murs résonnent
Comme des trompettes
Corrompues blanchies par la nuit.
Le premier posé a comme idole la mort ;il s’applique à dégager de droite à gauche un corps qui n’a d’égal que ses souvenirs. Dans cette bibliothèque où les biographes ont conversé avec des détenus pris dans leur crépuscule et leurs jeux d’ombres, se nouent d’autres dialogues. De l’ellipse à la litote nul véritable écho ne vient étayer les rapports entre divination et littérature. A force de constater que toutes les erreurs ont leur source dans le lieu commun, dans les légendes où se vautrent des Sardanapales sans accent, voilà que tout héros, de préférence énigmatique se pose comme idole.
A l’égal des inventeurs, ceux qui échappent à toute romance, à tous lieux, tous dieux, à toutes les énigmes, dialoguent avec l’objet ; le culte qui advient alors est une célébration. Diffus comme tout ce qui revient avec la parité, le zéro pointé, entre fascination et poncif, l’image établit d’autres artifices, accessibles, vains. Or tous les documents plus ou moins liés au mouvement, à la trappe, au calvaire des uns, attestent, exigent de nouveaux transports, de rêves à la mesure de l’intention de rêver.
Perdre pieds souffle
O attentes ô saisons
Qui sont nôtres
L’outrance de la garde
Les bougies et les bouges
Sont ravis à la nuit
Avec sa lessive
Ses yeux d’ortie
Sa noire enveloppe
Deuil fécond assuré
Accordé à ce qui saigne
Que nous vienne
Comme un coup de fusil
Tout ce qui nous fut tendre
Juste avec son poids
Qu’il nous étreigne
Nous astreigne
Au labeur de douter.
Faut-il qu’abandonnés
Dans les hospices
Où nous lavons les carreaux
Pour regarder vers ces corps
Tendus comme de nouveaux espoirs
Nous tenions lieu de jour
Nous qui sommes éteints.
Rien n’a bougé en ma présence
Je me saoule je bavarde
Dans ces bistrots
Où elle me retrouve
Comme à vingt ans
Bourdon de nuit
Ma poitrine se soulève
Pour un hoquet de plus
Une poignée de mains
Un au-revoir racketté
S’il me venait
A dormir sur la paillasse
Je retrouverais cet âge
Entre paresse et exil
Quand je noyais mes libertés
Aux barils jéroboams
Me planquer dans un mouchoir
M’ouvrira t-il
Une chambre
Où pour un haut pardon
Je pourrais dormir nu.
Mémoire en accordéon
Tu m’ouvres sur mes anciennes brumes
Sur les poisons le métro
Quand Paris ressemblait encore
A nos amours extrêmes
Quand dormir sur les seuils
Ne nous valait pas la mort
Du charbon à la terre
Il ne reste que le cri
Prolongé d’une gare
Des wagonnets des poutres
Des étançons et des barrières
Cet enfant
Qui plonge dans son père
Peut-il rapporter avec lui
De cette mémoire où il se dresse
Autre chose que le déclin
Que ce noir ordurier
Que ce sang ce grisou
Où faut-il qu’il s’éteigne
Avec le jour
Hors du puits.
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