Au jour le jour 426

Je m'entends calfeutrer dans mon livret sacrificiel  les sous-multiples et les passions sidérales, d’une région retenue pour ses exemples d'expiation et d'exaspération ,et je les contiens comme des caractères,  des appels, des échos, qui ne franchiront aucune montagne, par la terre je n'attends pas grand-chose ,ce grand chose aura besoin d'avoir la fierté, l’'allure folle d'une rédemption, c'est une aveugle qui  n'est toujours rien au soupçon secret, et éveillé par la connaissance ,je serai là sur le pas de toutes les décadences, ces vulgarités, ces propositions indécentes qui ne valaient pas la peine de vivre, cela ne peut servir qu'à moi-même de m’ enticher  de ce que je ne suis pas devenu. 

 Ma seule famille c'est moi,  moi avec mon stock d'illusions, des romances,de chansons, d’ indisciplines, lorsque je suis assuré d’assommer en premier lieu  ma lucidité,j'entrevois l'enfer qu'on appelle le savoir et je maudis son sujet, c'est-à-dire moi-même, je vais dans le repentir, je m'échoue, je me contrains au moindre soupçon, je deviens tempétueux, intempestif, limité, incertain, je dirige ma mémoire vers des yeux ,vers des lieux privilégiés ou seule mon immobilité ne fera fuir personne, c'est cela aussi ma nécessité. Il allait pleuvoir, j'ai enfilé mon pardessus pour sortir, elle me parla alors  d'une anecdote qui est la suivante, un postier du Lot détournait le courrier destiné au pape, on le dit fou, agressif, irritable, il était en fait incapable de converser avec Dieu,on l’envoya en  exil, son déséquilibre prenant fin, il réintégra un service social, la pluie cessa ; à l'hôpital, l'opératrice chargée de diversifier les idées téléphona au médecin-chef dont elle  était amoureuse, quelle ne fut pas sa surprise d'apprendre l'admission d'un homme d'une vingtaine d'années, blond,malingre,le regard torve, les joues creuses, de taille moyenne, qui disait avoir été tenté de mettre fin à ses jours en avalant deux cent lames de rasoir, agité dans son sommeil on en déduisit qu'il fallait l’interner dans un hôpital psychiatrique. Il y mourut à vingt sept ans, les médecins disent d'un manque de médisance,,,

Qu'ai je en moi défendu qui ne soit que veilleur, héraut assermenté aux plus hautes clameurs, que cet homme dans le bruit, la lutte et la fureur s'est en lui assombri de tous les tumultes amoureux et qui trompent les doubles décimètres annoncés à l'encontre d'un funeste destin, je sais de toi encore la chevaline adresse et tes longueurs de crawl aux ultimes détresses, tu m'as mis hors de course dans les chiens en arrêt devant les courses folles que tu as orchestrées, pour quelques centimètres qui manquaient à mon cou, tu as mis des distances et le pire des licous, la grandeur n'est pas dans ceux qui ont appui, sur la taille , les membres,le sexe mal appris,et si je devais à ce jour même crever d'autre que moi, je ferais de ma dague ce qui irait à toi, la certaine des distances, des gestes désunis qui n'a su prendre corps en mon esprit instruit à tous ces gestes tendres dont tu m'avais enduit. Je connais quand on meurt, ce cher serpent jaune à s’arracher le visage, aux yeux de taupe et de chien rougissant, qui a dans le jour les élans d’un maître qui lui jette des pierres immenses qu’il n’ira pas prendre en gueule, mes proies, elles, vont de l’absence d’être à cette source obscure venue d’entre les mers aux chaudes gorges, je voudrais me sauver d’entre les eaux et les mots , lire sans en devenir aveugle, me terrer dans le repaire de tous ces ivrognes qui ont crié le nom d’une île, d’un archipel dans la détresse, et n’en sont pas revenus, tant leur face s’éclaboussaient des deniers quignons du soleil, je veux une paix transparente dans mon souffle, ma respiration, mon regard de faune élargi qui marche dans la boue et boite, et vous, devenue une chair éprouvante, j’aimerais que vous vous perdiez  dans mes sommeils, personne d’autre n’y viendra dormir pour des éternités qui seront sans fond et sans fin…


Telle est une couleuvre qui s’est coulée dans le bronze, lorsqu’une ordonnance fut posée sur l’autel avec ses ciboires pleins de venin, la voici  avec ses vestimenteries plus riches encore que ses fausses lettres de créances, ses ongles sont de porphyre et sa chevelure de soie agrémentée d’un roux épineux, de celui qu’ont les ronces dans des automnes où les fagots radotent et figurent des curés qui se défroquent et pissent contre les chênes. Mon bourdon est le produit de ses vœux, et de ses mots, ceux qui sortent de leurs nœuds orbitaux comme des pierres lancées contre d’infranchissables murailles, là où des vieillards finissants terminent des guerres de cent ans, j’y entends aussi le choc funèbre de sa nature, celle qui consiste à se promettre à d’autres comme on pousse un jeune chevreau au pré, sous la mère, celle qui a gardé l’angélique façon de n’être pas muselée et qui va au loup avec un jacquemart, puis tend à l’air frais son fuselage de bête qu’on écornera, c’est là que je reconnais les façons d’une ancienne aimée qui allait à la mort avec une toux d’étrange graine ramassée dans un puisard…