Au jour le jour - 2

Proses 1975 - 2005

L’herbe à courir
Après les insomnies
Qui détrempe aux balcons
Sous l’œil des filles nubiles
Elle naît
D’un berceau de pierres
C’est ainsi
Que des victimes
Aux comptes interminables
Se rougissent à la vue
Des trônes de sulfate
Le monde est ainsi fait
De soubresauts de râles
Evoque la cendre jaune
De toutes nos traversées
Sur les fleuves dévorés
Par d’infectes chaleurs
L’herbe aux oreilles de souris
Et ses chants effroyables
Affole le marcheur
Avec ses sentences et ses verdicts
Le voici qui nous sert
Après tous ses abattements
Une anecdote une aventure
Avec des paroles venues
D’une crèche sans encens.

Est-il vrai que pour descendre
S’enferrer dans ceux que nous aimons
Il faille se déchirer
S’ouvrir les veines
Courir sur l’asphalte
Se prendre au piège de la photo
Accuser son entourage
D’avoir brodé des lettres
Sans destinataire
Accuser des vierges
Qui gomment le temps
Sur leur corsage
Avec une année morte
Dont l’âme ne compte plus
Est-il vrai
Qu’il faille
Défaillir dans l’homme
Se séparer de lui
De sa foi de bourreau
De victime
D’énergumène
Qu’il faille aussi
Composer avec l’encre
La courte traversée du temps
Puis se taire et deviner
Tous les crimes imparfaits
Qu’on commet
Dans le vertige
D’une seule idée.