Au jour le jour 398


Comme la vie à la pierre

Touche au fond de nous même

La ruine est le silence

Vermeil de nos nuits

Chacun poursuit vaincu

Un nuage à la mer

Qui a son origine

Aux dianes éclatantes

Pâture est mon pays

Et pâture est ma vie

Exil est ma naissance

A cet arbre qui tombe

Qui n’est pas défini

En orbes et en ramées

Comme dans d’autres pays

Et toute cette peine bue

Auprès de ceux qui rêvent

D’un parent idéal

D’un ami de piété

N’auront commis que d’être

Entre le crime indigne

Et sa belle élégance

Que de rester en veille

Pour voir dans les distances

L’éclair et l’étincelle

D’un mort né sous la cendre…

En l’an deux mille

j’aurai mille ans

je serai

dans un arrêt de jeu

mon entraîneur

avec son temps additionnel

entrera dans  mes talons

avec  sa douleur vieillissante

les docteurs seront à l’ouest

les autres mourront

de dermatose ou de tuberculose

les mineurs mettront des cagoules

des casquettes sur la tête

et les perles rockeuses

qui iront à la chorégraphie de la vie

feront rire Ali Baba

avec sa cagnotte

avec des sens et ses chansons

avec ses poupées ruineuses

moi je serai vieux

pour me balader

et aller vers

des saloperies d’approche.

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Je n’ai pas de belle-mère

pas de famille

je fais des grimaces

outrancières

j’ai écouté les femmes savantes

parler de leur enfance

une que je goûtais

était pleine de friselis dans la bouche

j’ai cherché des tisons d’argent

dans les incendies

parmi les possibles gravats

ces choix de danseurs de claquettes

ces schpountz embarrassés

du jour pointu

et je fis comme un élève

mal élevé

une mauvaise réponse

et de ce repreneur qui se cachait

il se voulut dormeur

alors que je ne l’étais pas.

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J’ai dix-neuf pointes en tête

et de ta gibelotte

ma Félicie est enceinte

nourricière répétitive

Ulysse monte à cheval

en monarque

il se cramponne

il salue Pie douze

il est vêtu comme Don Camillo

il danse le tango

conditionné comme des moutards

qui ne sont pas  des apatrides

et montent au  ciel comme du papier kraft

moi pour m’apaiser

j’écoute la meute

qui vit sous mes aisselles

elles ne sont  pas investies

de putridités

comme mes anciennes camarades

de besogne posturière

et ma décadence

ne m’est nullement étrangère

comme cette danseuse du ventre

qui n’ira pas en Bavière…

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Celui qui relève le cocu

est en état de comprendre l’ ouvrage

comme un horizon

à la sortie mouvementée

il est prochain

dans un carré de verdure

c’est pourquoi ce tardif

crient toutes ces erreurs

écrit et offre à sa façon

des intoxications

qui viennent d’un pays  gastronomique

aussi rectangulaire

que la Lacrimonie

c’est là que s’accrochent

les sauterelles paresseuses

qui aiment l’ail et l’oignon

et qui sont aussi autoritaires

qu’une allemande frontalière

qui parle du houblon

comme d’un animal

rayonnant et redoutable.

Souvent toutes les actions que j’entreprends sont impalpables, j’ai beau y mettre de la rigueur de la vigueur, les représenter dans la tenue d’un manuel qui va à un entretien, rien n’y fait ;mes actions restent affranchies du montrer. Dans des circonstances qui me voient attaché à les rendre grandioses, déliées, mes actions suivent à petits pas l’idée que je me suis fait d’elles ;elles marchent la tête haute, effrontément, regardent de ce côté ci du monde, puis de l’autre, se confondent à la masse des agissements, comme peigner une girafe, prendre le centaure par le bicorne, tirlipinponner le pastaga, et c’est donc dans le spectacle de leurs orgueils et de leurs vanités que j’ai foi, je le garde en moi comme un joyau fait de poussière et de salive.

Jadis toutes mes fournitures de vivre, je les partageais, je m’y débattais à la manière d’un singe affecté par des ressemblances ; du vestibule à la chambre, dans les encombrements des objets lacustres, je voyais se noyer mes désirs, et rien ne pouvait plus révéler la plaisanterie d’exister, ou quelque vaine utilité. Quand vint l’hiver, avec ses taffetas et ses cotons neigeux, ses surfaces planes comme des parquets huilés ,je me débarrassais de tous les paquets d’ombres et de noirceurs, de tous les bidules faiseurs d’orages et de torts, de tous les ustensiles à mémoire et de réconfort. Rien n’y fit. De me savoir si humainement mêlé à moi-même, me mit dans la neurasthénie, mon monde et mes marches s’immobilisèrent, mes yeux se fixèrent sur les murs ajourés, puis ce fut le vertige de mes normalités.