Au jour le jour 393


Quand à l’heure d’exister
Chacun cherche sa voie
Et tous les doux mensonges
Venus en sa maison
Il faut bien qu’un vaisseau
Balayé par le vent
Avec son équipage
Avec sa cargaison
Ouvre ses larges baies
Où s’est tracée la vie
Plonge dans la ténèbre
Jusqu’à la chambre ouverte
Où tous les candélabres
Incurvés de lumière
Laissent filer les rêves
Construire à l’heure où vibrent
Les murs de la maison
Le chambranle ciselé
Des portes du grenier
Un univers géant
Avec ses aiguillons
Ses avenues baignées
D’une fraîcheur de printemps
Construire dans sa misère
Ce qui résistera
Aux vents, aux nuits, aux ombres
Lever sur cette paix
Un chemin, un passage
Une impensable vie
Avec ses légers pas
Ses manèges, ses toisons
Ses seuils grandis au jour
Pour un plus grand que moi
Construire et reconstruire
Avec d’autres syllabes
Tous les beaux mouvements.


Dans l’attente, ce travail aux expressions d’un visage envahi de honte, je tiens dans le poids d’une vie passée à deux sans en avoir dévidé le sens ; cette attente d’une main maladroite et soufrée ,elle est encore là aujourd’hui, et nulle autre manière d’interroger l’absente ne me vient, que de tailler des phrases, leurs parts de brouilleuse transparence.
Ici, au bord de ces sorties de routes et de vie, celles que j’ai longées les soirs où l’alcool m’avait amoindri ,me viennent encore ses regards, ses prodiges ,ses continuelles justesses et justices.Je n’ai pas prétendu autrement, que ceci, je suis un homme en modification, en cours de rattrapage, modulaire ; mes contradictions de trop de nombres, de trop de mots ne lui ont rien appris, si ce n’est ma prétention à grandir, mais que celle-ci n’est plus dans son espèce, n’est plus dans ses espaces.

Désordonné devant la gloire d'armoiries présentées devant un roi borgne, l'unique, le seul car il déloge le sel en recel dans sa bouche et sur ses maintes saisons ou le genre féminin et la guerre s'établissent sur fond de présomption ambiante et publique, la pudeur est un état calme dans la vallée des morts, et si lointaine que les chiens y gercent, au visible de l'invisible face, celui qui est d'un rare privilège parce qu'il est debout, qui avance dans un pays sans fléau, sous les balances, il aborde les signes qui sont bordés avec des couleurs assorties, celui-là  a des espoirs qui ondoient ,il s'endort à son cou suspendu, il est d'un campement qui va d'un viaduc à nous, moi je vais en homme ivre de destinée à une autre fois.

Mes élans je les loge dans des bouches incendiaires qui s'étoffent de vains désirs à votre intérêt, les parti pris d'hier sont des feux, des fréquences d'épines, qui viennent des ambassades du ciel, matière à mettre le son dans un cas unique, le laboureur en trois fois laborieux  a la mémoire des lieux ,souvent il parle des anciens qui piochent encore sur ce terrain où il a fondé sa foi, la forêt des frégates, sur les plateaux se déshabillent de nubiles filles qui envoient  à des arcanes roses des dédicaces de sang,je déclare une fumée blanche, c'est la que je m'établirai, au plus haut point de mon essentielle robe d'enfants de choeur,c'est  parce qu'à dix ans je fractionnais les arbres que je vais leur glisser dessus en suivant les doigts d'une écorce qui est au centre de mon coeur et du monde.

Si j'ai quelque chose à dire

je ne le dis pas

si j'ai quelque chose à faire

je ne le fais pas

si j'ai de nouvelles sur demain

je feins le mésavoir

si un chien

je ne lui mets pas de caleçon

si j'ai une une amante

elle ne m'aime pas

en deux temps trois pulsations

quatre mouvements

je ne fais avancer aucun cycle

les assauts sont dans la paix

les cimetières marins

sont laissés dans l'obscurité

regarde par où est le salut

que j'ai descendu

dans la cave avec un licol

s'il est mort

ou s'il ne l'est pas

c'est mauvais signe.

Déjà on reprend son souffle,déjà on porte à ses lèvres une autre coupe,déjà le nouvel été prend des formes pleines,déjà on va dans les rires,dans le commun des dormirs en y glissant comme un orvet en parcours d'une année bleue de ciel roi,déjà on se serre contre un corps qui va devenir familier,posté contre une porte en attente d'un bonjour,d'un baiser,d'une bêtise,d'un petit secret pris dans un ancien monde,déjà c'est une histoire de juste milieu,une corruption,une envie jaunâtre,un médicament de trop,une frénésie de comprréhension,bref une chute libre,comme lorsqu'on bascule de l'enfance vers la plus haute des marches de l'homme,celle où il a posé son pied,mais maladroitement,et c'est déjà demain,rien n'est neuf,tout est une illusion qui nous éparpille et nous égare.