Au jour le jour 390

 

 

Dans les plus simples de mes lignes je mets en général cinq militants pris dans l’ordurière pandémie que crée un prince halluciné qui considère comme essentiel les deux éléments de sa vie le ciment et une dame qui se drape dès le matin d’une austère mantille j’ai rarement pris le parti de celui-ci puisqu’il entrait toujours en guerre sur un coup de tête racontant alentour tous les mythes nés dans son sombre palais situé entre Charleville et Charleroi celui qu’on distinguait clairement sur la route où s’alignaient des arbres morts des hommes sans le sou burlesques mendiants pleins de honte dans cette région libérée par un inventeur qui n’avait aucun intérêt pour ses créations quelques clients maladroits venaient rencontrer le prince et l'auteur pour parler librement du climat puis tous se quittaient affranchis altiers pour aller dans l’intimité de la parabole que beaucoup considéraient comme une malfaçon d’allégorie…

 

Les petits mariés marins bretonnant se saoulent bien davantage que les imams avec leur appareil à levure et la marée humaine que des gérants de l’ordre des shoguns mettent à vile épreuve gronde à plus d’un titre le nom de La Pérouse le bois le chanvre indien me sont des voies médianes qui m’incitent à devenir un poison dont le travail sera de répartir en deux groupes distincts les chamailleurs et les encanaillés entre la déveine et la remise des armes une femme est née c’est une renarde rousse sylvestre de ponants établis elle a à la Toussaint un corps fait pour le cinéma des entrailles c’est aussi une entière patentée des basses disciplines qui ne prie pas qui s’imbibe pleure va en quête tout simplement dans la nuit au dessus des colères mal orientées des marchands de sommeil la guettent accompagnés du fracas d’autres promeneurs qui n’ont aucun lien avec des chiens du même nom le fonds de l’avenir est donc dans ce passage des sens aux services dominicaux cela se fera sous le contrôle d’une sirène au chômedu qui est entrée en veille sitôt qu’elle croisa un aliéné de dix huit ans avec des voyelles dans ses yeux et ses vers en guise de lanterne et de viatique..

Vivre est un dessous soi déplacé.

Lève les bras de la morte
au morne tablier
pose sur le talus
aux arbres voyageurs
bois pour être honnête
et bois pour ne l’être plus
je viens vers toi
dupe comme un
chauffeur de salle vide
les barreaux de chaque case
ont un visage de marin
encostumé
avec des menottes aux poignets
je ne veux plus prendre la route
je suis maigre de mon extrême nudité
je vais à l’opéra
entendre la voix de cette vieille coquine
qui en veut à son père…

Sur les ruines d’un paysage choisi qui est le corps de l’ancienne aimée, j’ai pulvérisé de l’ocre et du carmin, l’ocre pour l’évocation de ce seul automne où elle se  fardait pour moi, le carmin pour me  rappeler que mon sang colporte l’invisible lumière qu’elle aurait pu voir si elle n’avait tant écorché, ma volonté va la somnolence, à l’idée d’un orphelinat, à l’âcreté d’un temps qui n’est qu’une raideur tenace grippant les os, et cela la science n’y peut  rien ,je n’ai eu qu’une lettre de cette femme  et que je n’ai pas gardée, j’ai lu que mes mouvements étaient trop neufs, trop brusques, en fait c’étaient les siens,  qu’il eut fallu procéder par couches et successivement, l’amour n’est jamais fluorescent lorsqu’il est enduit de règles du passé.

 

 

On s’endort toujours du côté de soi-même, on a tout d’abord soufflé la bougie ou éteint la lampe, on est le dernier à être resté debout, veilleur assermenté qui craint la mort avec sa merveilleuse santé, celle que nous avons pour l’outrage, et  les propos que nous faisons pour aller dans l’élimination de l’âge et de la nuit sont laconiques,  ce sont des sentiments de petits moineaux qui se débinent au son de la première  carabine, et si nous étions dans une fête foraine, qu’y trouverions nous , des faces de rat dans une nudité de non-voyants, des lecteurs de faux évangiles, l’actif triste d’une existence qui ferme ses paupières sur le poids des éternités qu’il ne peut atteindre ou porter, je me mets à la fenêtre , le temps indéfini se replie sur mes mots, mes phrases, je ne prépare rien de bon, je me suis assis sur une chaise percée…

 

 

Cœur nu et pieds liés
cervelles de papier
chiffonné et râpeux
voici la poupée sainte
au petit cul serré
qui d’une nouvelle étreinte
s’est pourtant écartée
connaître s’est se laisser
au grand détonnement
et détourner les chiens
s’écrit petitement
survivre le colibri
dedans la sapinière
le nez pris dans le gaz
de tous les réverbères
c’est détordre les ailes
d’un cactus vomitif
et mordre la poussière
comme on va au mastic
et si le cheval brait
Il marche dans le vent
d’une noble manière
tout comme un courtisan…

Certains partent en guerre identiques à eux-mêmes, et le jour est semblable à l’amitié des grands sots, celui qui refuse d’admettre que Cupidon et un sans-culotte est confirmé dans les écuries, rien d’illégal, tout est signifié d’avance sur le feuillet des engagements,plus  le soldat a de remarques personnelles à faire,plus il est nonchalant et cela lui  vaut les sottises familières de ces autres qui sont vides et incontrôlables, l’aptitude de jouer à l’arc ou à la bonne arquebuse s’acqiert en regardant des spectacles nippons, peu le sait, seul le sage avec un œil intimiste ne veut pas nettoyer les auges des porcins qui ont  des numéros aux oreilles , et ceci seul est  intéressant, quant au reste, ça reste en dehors des textes…

 

 

Miroir de la peine
aux pieds nus sous la peau
et cette lourde déveine
comme un vilain scorbut
l’haleine du scarabée
va aux bouches des morts
et le grand alphabet
a de sales vêtements
j’offense un dieu muet
par mes entendements
j’ai préparé ma chute
j’ai borné ma valise
je vais par les rues en épingle
sous le ciel excisé
une cigarette aux lèvres
dans ma main un pavé
je déteste les chiens
au cervelet de prosateur
je cours vers la rivière
novembre est sous les toits
et les mariés debout
sont au nombre de trois…


Dans l’amour on écrit toujours dans une puissance et suffisance pensionnée qui est l’ultime écoute de la voix qui s’est tue, on cherche à voir, sur chaque visage, la folie qui fut nôtre, sur chaque bouche ce qui brûla jusqu’à notre pensée, et notre corps par le seul subterfuge d’exister n’est que pantomime, savez-vous que je vous parlais des journées entières sans que vous n’en sachiez rien, toujours sans vous froisser, je nous trouvais des lettres et des dénominateurs communs, vous en riâtes, j’accentue aujourd’hui encore votre présence dans ce lointain ou chaque jour est une part de l’imprévisible, j’ai la sensation de ne pouvoir plus voir  la lumière telle quelle est, et jusqu’à la folie, par-dessus tout, j’écrirai comment vous me jetiez dans la vie.