Au jour le jour 387

Et nos frères endormis à leurs furieuses saisons ne sont plus caressés par des filles de joie unique objet de leurs transports et de leurs ressentiments, celles qui produisaient de l'effet et de l'écume, proues à la face des grands vaisseaux. Leurs nuits sont monotones, l'air est d'un bord tranchant, et il faut croire que les ponts sont abordés avec des plaintes comme autant de chants de sirènes qui vont les jeter dans les profonds flots.

Celles qui leur sont restées jolies, ont des mains paresseuses, elles ne vont plus aux phares pour y mettre leur visage dans la lumière crue et bleue qu'attendent les naufragés, aucune de leurs floraisons n'es plus liée à la prévenance de ces astres qui se sont éteints sur la berge, étoiles appesanties, et pour ne plus tambouriner sur le corps des chaloupes qu'ils ont tant écopées, ils veulent que l'eau gèle dans les jours blancs et neigeux...

Je vous ai voulue fausse à ma ruines d’idées, vous ai vue dans la dominance de ma vie, vous le saviez, aucun rituel fut-il plus spontané que celui d’être un qui se blottirait contre votre corps ne m’allait mieux .Cette main sur votre ventre chaud et douloureux, il eut  fallu qu’elle soit plus digne. Je prononce et dis des mots que ma pensée interdit à des virtualités de singe refusant le travail de l’inquiétude de la peine et de la honte ,me serai mieux exercé à votre connaissance que je n’en aurais su davantage en vous écoutant dans la psalmodie des chants extrêmes qui vous sont revenus. Je veux qu’il y ait une justice et une justesse entre nous, le reste se servira de notre part de nuit pour se rétablir dans ce que nous n’abandonnerons jamais.


Pourquoi ose t-on à nos avides bouches ouvrir porter ces corps que ne limitent que nos distinctes extériorités ? Ce que je sais, c’est que vous donniez forme à ces mouvements qui allaient vers vous d’un proche et d’un lointain où les actes naturels me heurtaient. Au fait que j’écartais mon visage d’une caresse, d’un petit éclat de main advient cette phrase « J’ai eu des peurs inconcevables » elles me reviennent  parfois en grande taille dans leurs costumes grossiers, elles vont, elles viennent, elles ont la propriété de ne pas aller dans l’oubli. Je veux que regardant par l’arrière n’y retrouver que deux choses, l’une pour vous, la paix, l’autre pour moi, de l’oxygène.

Comme je n’ai tué personne ma chambre est en excès d’antiennes et de livres mes chansons enlèvent au jour ses parts d’ombre j’écrase en toute chose la première syllabe qui porte ta fatigue et ta salissante hauteur rien n’a jamais été plus digne que de crever petitement sans monter sur l’irrésistible nuque de tes trente ans de tes anciennes tuileries ma fatigue est une rampe de bois vert qui cède et avec un coutelas je me rase le crâne pour des nudités aux grands sourires de singe à mes pieds les trouées du plancher rendent leur vertu cardinale à des orvets successivement jaune et vert qui se pressent vers l’âtre là où le feu voudrait bondir hors de la pierre pour rendre la mort étincelante…



Les filles nubiles avec leur intact sang songent à ces voyageurs aux petites lèvres qui vont dans des pays de boue elles ont des grenats dans la bouche leurs seins sont roux et du café froid leur fait un sourire de bougie les locataires de leur maison sont des êtres silencieux qui fouissent dans les légendes pour en extraire des mots qu’ils lèveront la nuit dans la lumière basse qui va de leur jeunesse à leur comble c’est pour cela que les filles nubiles se mettent au lit de bonne heure et veulent rêver d’une révérence qui se plaquera contre les dais pour leur mettre dans la bouche le goût du souvenir …

J’ai souvent écrit pour une femme qui jamais ne m’écrivit,elle était toujours au bord de l'étourdissement,se relevait souvent la nuit pour allumer une cigarette, j'entendais son pas qui  la menait de la cuisine au salon,du salon au couloir,  ça pouvait prendre cinq minutes comme une heure, le matin il y avait des cendres un peu  partout, cette femme que j'aimais intensément ,rarement ramenait son corps contre le mien, certes elle m’aimait, mais avait elle  gardé en elle  les souvenirs de nos premières  étreintes, de nos premiers baisers, de nos petites coucheries, peu à peu me vint de la douleur , je me tus, je ne voulais pas la désigner coupable de quoi que ce soit, puis il y eut davantage de distance et de silence, je pris au retour d'un petit séjour sur les bords de la Loire la décision de la quitter, c'est ce que je fis, elle est toujours présente comme une arme tranchante.

La pluie pose ses mains instinctives aux lèvres d'abandon, sur toutes les bienséances des bouches ignorée, absentes aux porches qui les vit paître, aux torches  qui sont les nôtres, et Magritte à son point  le plus haut porte une écharde au cou qui n'est pas pipé mais d'un blasphème mercantile, et la gente qui s'allége en  courbettes va aux canailles de la conspiration, celle d'après boire quand les mariés pour de fausses joies,d’étincelantes allégresses feintes saignent à la lumière d’une immense habitude,  dans leur extrême nudité faite de conciliabules, d'arc-en-ciel et de bilboquets, à ceci il faut ajouter un Christ qui pleure, pâle sur une croix défensive et qui ne part pas vers le très haut,un  mendiant quémandant une piécette, et du divin situé au plus lointain des lointains trois coups sont tirés, le premier pour avoir une cabine confortable,le deuxième pour voir baver les sentinelles, le troisième pour arracher les jambes d’un roi qui nous mentit.