Au jour le jour 386


C'est ailleurs après les  cataclysmes de la chair qui ont été de vrais marasmes, qu'il faut se disposer à de moindres saloperies, fatalismes ,faux espoirs, honneurs déchus , déceptions ,captivités, là où quelqu'un nous chatouille un autre nous fait des bleus, alors, malaisés ou non, prenons à nos bras ce qui est le moins lourd, le moins encombrant ,je tiens cela d'un aïeul ,à base de vie et d'adresse qui disait que l'euphorie d'être peut venir d'une angine de poitrine, autant que d'une fille qui nous met dans ses fadaises .Où que je situe ma vie, viennent toujours à m'encombrer mes notes et mes mots, ceux que j'ai ramenés d'entre les jeûnets et les morts, je ne garde pas tout ceci pour désespérant, entre le faux rire d'un qui n'est victime de rien et celui qui l'est d'un peu plus, je dis simplement que je vais en petite chapelle prier insolemment.


J'ai déjà entendu qu'on pouvait fouiller dans une âme considérable qui ne fait pas sa chochotte, qui n'enlève pas son enfant malade à un lit d'hôpital, qui n'étouffe pas ses harmonieuses notes, pour cela ,il suffit de laisser sa nature apparaître avec ses entrelacs, ses marées, ses rivières, ses sorbets d'eau courante sur le feutre des prairies, mais je prends garde à tous ces pièges, à ceux de ces rats avec une queue de vilebrequin, ils en disent de ces calembredaines, ils sont d'une humanité basse et affligeante qui ne se rase qu'une fois par semaine et dort avec tout ce qu'elle a oppressé une journée entière quand elle est allée aux mœurs légères. Moi ,bien observé, je suis un semainier malingre, cinq tiroirs, deux manquent, un saurien sur l'arbre aux ronces dentelées comme des encoignures, je tiens aussi de la camisole et du maquisard, la première pour sa forme, le second pour ses hauts faits, j’ai tant de hasardeux ,de nécessité ,de bravache à revendre que je n'apprécie aucune question quant à ces sujets, je ne veux pas davantage qu'on s'enquiert de mes plantes carnivores, de mes pentes inclinées, suspendues au dessus du vide, je veux qu'il en soit ainsi...

Nous allouons des formes limpides  à nos mensonges à nos forfaits et les hauts crimes contre nos pères sont les enchères d’un bien rangé contre nos mauvais âges nous buvons avec célérité l’éclair crû des pavots du ciel nos torsions ravinent notre âme avec des sommeils à hauteur d’argile et de chaux nous marchons contre la terre sur ces semences qui ont des bruits de sortilèges d’insolences diurnes d’affrontements obscènes nos sécheresses sont de nos défis vulgaires nos faims des passions refusées nos honneurs des canines enfoncées dans la tourbe des souvenirs que nous ne reconnaissons plus qui secouent leur tête d’or pour des bruits de veuvage des cliquetis amers nous voilà en grève d’écritures  de chiffonneries de songes quant à nos rêveries ces derniers flottements elles nous font des balafres au cœur des aiguilles qui pointent nos rétines pour la forme impure du dormir…


Contre un siècle perdu nos suspicions s'élèvent essences de désamour à nos bouches navrantes et l'âme cette lampe soufrée passe par des gorges  vieillissantes avec nos exils insoupçonnés nos torts nos réputations nous avançons tristes vers des chantiers sans alliance qu'on nous saisisse nos enfances et nous envenimons le sacre des cendres constituées nous pétrissons un levain de fange et de déshonneur l'amitié nous ne nous émeut plus à nos rangs les grands thèmes des grandes doctrines sont des saisons éteintes comme celui qui n'est plus dans le sommeil nous sommes à un au point de honte et d'érosion nos chiens s'étranglent du maïs passé par le tamis des discordes nous n’entendons plus le prodige marteler le temps et l'étoffe païenne ni qu'une pièce peinte par des soeurs clandestines le jour et notre ennui nomade et la nuit s'agraine de naufrages...

Quand dans le sommeil où tous les vains objets tirent à eux leurs parts d’ombre et de solennité, je pense à un travail différent que de devenir, qui serait que je puisse m’échapper de la vie pour des raisons que je ne sais traduire, sinon dans le diurne  silence où je m’accompagne de souvenirs, ces bêtes muettes qui sont allées dans le déluge, dans le son d’une diane qui évoque la dictature des grelots et des morts, c’est là aussi que tous les débris de moi-même s’accommodent de tous les actes que je commets contre moi, qui sont à l’attente ce que la divination est aux troubles d’un savoir qui n’en requiert pas, j’augure par mes mouvements que je vais dormir avec une présente qui est ma retenue, sensible à mes arrières, ceci m’est confortable…

Je me représente chaque espace, chaque place comme une phrase, une formule qui de ses profondeurs laisse apparaître la dignité d’une littérature qui n’est ni de feinte, ni d’oubli, cette part de chacun, peintre, marchand, boucher, étalagiste, est aussi une chair intacte qui n’ira pas à la ruine, et tous mes sens sont des informateurs à qui je vais soumettre la cause et son sentiment. Maintenant que les mots me sont de funèbres cachets, mon air est vain, plus sérieux aussi, plus complexe d’un vide de second plan, je parle sombrement de toutes les inflexions de mon existence avec excès et précipitation, celle d’un trieur dans la faconde d’un juriste désordonné, ave solennité et entregent, puis mes doutes et ma paresse reprennent le dessus, et plus rien n’est honorable…

L’équilibre, c’est un dessous soi déplacé.


La parole rejoint toujours la désagrégation, chacune à sa manière triomphe des détraquements liés au statu-quo.


J’écris pour conclure, un point c’est tout !


Si je devais être satisfait par quoi que ce soit, je n’aurais plus d’humeurs ;et de toutes les sécrétions qui émanent de moi, c’est vers elles que va mon intérêt.


Ce sont les mots et eux seuls qui sont à l’origine de tous nos maux, mieux eût valu rester ces singes éprouvés par leurs seules mimiques.


Entre rêve et chimère, un avenir obligé où pue la désertion.


Tous les évènements sont coupables de nous signaler le temps.


La musique plus je m’en approche, plus elle me semble être une forme viciée de Dieu.