Au jour le jour 385

En dehors des mots et de la musique rien ne va jusqu’au fond de mes organes, voilà pourquoi ils sont un point de vue sur la mort.

Les idées se font parfois dans le provisoire de l’éveil,les rêves dans celui du sommeil,la conjonction des deux nous ramènent au sentiment ou à la nostalgie.

Entre Don Quichotte et moi, quelques décrets en trop, quelques superlatifs dont nous aurions dû nous passer.

C’est bien assez de me punir d’exister, pourquoi encore m’enquiquiner avec les questions sur cette même existence ?
Le constat de tous mes rapport avec autrui sont simples, de la merde, avec la propagande de cette même merde.

On ne se méfie pas assez de toutes nos décences qui sont à quelques exceptions près un point de vue sur du vide, sur l’inertie inhérente à tout état larvaire.

Combien j’ai dédaigné tout ce que j’avais acquis de béatitude simplement parce que je n’étais pas passé par Dieu.

Mon équilibre consiste à user autant de mon mépris pour l’homme, que de mon goût pour ce même, c’est cela aussi mon désespoir.

La normalité engendre des tristesses, que seule l’inexistence peut effacer.
Dieu ce qu’il faut d’effort pour sembler être !

Vivre n’est pas de ma taille.

Mal prier et s’en repentir pour ne plus oser regarder une tombe ou une église avec effroi.

Inappréciable destinée que celle des malades, de toutes les misères ; la santé défaillante m’apparaît comme un contre désir à la vie, lié au prestige d’être reconnu par Dieu et de le crier.

Ecrire tient de la décharge autant que de l’élévation.

Rien n’est extraordinaire de ce qui a été conçu dans l’exagération ou l’hyperbole, l’extraordinaire réside tout entier dans la permanence de nos vides.


Je suis contre toute forme d’exactitude, je suis pour les larmoiements contre les sourires qui s’opèrent dans les excès liés aux réussites, je suis pour les débâcles, ce qu’on gâche, c’est d’ailleurs ainsi que l’existence se poursuit et se répète dans l’infernal circuit des répliques qu’il faut élever jusqu’à Dieu, témoin de sa propre déchéance, de son déclin, image de ce monde dégradé qu’il a négocié comme une partie de cartes avec une seconde main.

La musique est inexplicable, c’est pourquoi elle ne s’épuise ni par le commentaire, ni dans le secret.

Ayant trouvé un asile pour me reposer et estimer mes actes, je me suis résigné  à de petits sommeils d’où j’ai proscrit Dieu…


Je ne cherche à affronter la vie qu’en obsédé du sens, le peu de temps où j’ai été en joie, je l’ai dilapidé tant je redoutais son caractère obséquieux.


Ma santé trompe mes sensations, je ne cherche d’extension que pour pousser mes actes dans la création et la récréation, l’affrontement aussi, qui tous augurent du mal d’un prisonnier de service…


Tant je cogite sur mes refus et leurs causes, que je ne sais plus si mes irritations, mon prurit, sont de l’ordre d’un poison ou d’un remède…

L’illusion philosophique a oublié l’organe, c’est pourquoi elle ne s’oriente que vers cet esprit où ne figurent ni la rage, ni la pharmacopée du sentiment.

Toutes mes confidences sont fulgurantes, je ne m’en accommode que parce que je reste dans la terreur du second cas.

Dieu témoigne de bon sens, voilà quelques millions d’années déjà qu’il se dépassionne de sa création

De toutes me capacités je retiens celles qui me dirigent vers l’homme pour aussitôt m’en dévier.

Aimer nous complète jusqu’aux euphories, détriments de cette euphorie de nous démolir.

Ceux qui m’ont précédé dans la boisson n’ont pourtant pas usé du même vocabulaire que moi ;je m’enivre pour inventer un nouveau registre, une nouvelle glose qui me feraient échapper à la miséricorde d’être sain.



Délicieuse inertie que celle de se perdre dans ses tares, ses vides, puis déficient et las, sortir de son élément pour entrer dans une église.

Quand l’homme se blesse ou se décompose, Dieu parfois lui pose des bandelettes.

L’ennui reste mon slogan le plus appuyé, si je ne m’y étais tant converti, j’aurais certainement œuvré, pour quoi, pour qui, je l’ignore, je m’endors ainsi sans fermer les paupières.


Certains élans nous font rayonner, l’antidote à ce bonheur est dans la mesure, la mesure et sa ribambelle de superlatifs.


Exaspéré par tout ce qui est normal, qui se lit ouvertement, qui est sans énigme, en surface et sans envergure, et où je glisse, je glisse…


Dans cette apathie où Dieu meurt collectivement, qui pourra nous vouer au mystère et à ses artisanats ?

Les vérités sont paresseuses, elles restent toujours dans le confort de l’image, dans l’installation d’un dérisoire progrès, et je n’y retrouve que le désir de la séduction et de l’écroulement…


Il y a toujours du côté de notre propre entretien une parole mécanique qui dépeint le faire avec cette inertie qui aurait fourbu jusqu’au plus parfait des athlètes…


La vie, c’est éprouver des millions de fois la raison jusqu’à la gifle finale…



Par, et avec les mots je me suis fait naturellement sicaire, mais dans le rituel de celui qui s’arme pour aller se faire descendre dans un sous bois…


La jouissance dans nos individualismes a cela d’exaspérant qu’elle n’a pas d’extrémité…

C’est en rêve que je me pose comme le plus indécent des hommes, sitôt éveillé me voilà vulgaire…


Le meilleur de moi-même n’est pas dans ce temps…


Si un seul instant je suis revenu du mourir, combien alors ai-je méconsenti à cette existence qui est la maladie même du mourir…


L’amour je le vois comme le besoin d’en finir avec son sexe, l’orgasme à l’horizontale n’a de prestigieux que ses mesures avec la mort, tout le reste n’est qu’occupation…


Toutes les distances que j’ai instaurées entre les hommes et moi sont nées du soupçon de la dissemblance…