A u jour le jour 384


A celle qui indique que mon cerveau est un organe improbable qui admet toutes les questions avec un cœur absolu ,je réponds que les stridences, les modulations, les incohérences de mes mots sont mes filles bien nées, ce sont elles qui me consolent de mes sales jugements, ceux qui me restituent d’une seule main toutes les blanches voluptés et nuptialités célestes où la symphonie des dieux rend échevelés des nuages avec des masques de louveteau. La proximité de son avis m’est  nécessaire , je lui envoie mes capitulations ,mes contingents de baratin livrés nus avec de la rocaille plein le sentiment ,en insolvabilité de devenir.  A me montrer nu , il me semble que c’est une ravisseuse organique qui s’est adressée à mon corps pour le délester de ses sombres inventaires ,or il m’est donné d’y résister avec un tout petit effort, d’autres toutes petites sollicitations, à la demande d’un tout petit parafe où j’aurais de la hiéroglyphie plein les paluches ,ou une idée mouvante à souhait ,mais chaque jour j’invente de nouveaux formats ,de nouvelles formations ,de nouveaux débouchages dans une page en degrés sur la quelle elle se penchera.  Je joue à l’élémentaire enfant sans marteau ,sans ,jouet et sans maître ,celui qu’on a flatté après une opération où il n’a pas geint..   

A la mesure des arcs des cintres des voutes nous mesurons nos âges dans l’infecte prière de ceux qui sont nés dans la branle des vents amers et des combats, là où se côtoient des bêtes diurnes pleines d’un sang glacé, avides de marcher sur les gisants et portées vers les estuaires de nos grandes âmes salies, délabrées de n’avoir pas été célébrées, les poulpes, les polypes, les murènes aux gueules béantes grouillent de nos vulgarités à les saisir, et répétées en masses de flots boueux elles vont à nos mémoires, contre nos flancs raides pour s’y retracer en grelots d’opprobre et de honte. Peuple marin, capitulant, sournois à l’odeur d’ancêtres et de naphtaline, nous ne levons plus contre le ciel que d’indicibles rires pris aux orties et aux ronces, que ne restons nous pas dans ces distances qui montent dans le firmament pour affirmer que nos fausses amantes ne sont que des compas et des sextants pour des géométries variables où nos ordonnées ne sont pas dans le bon décret, car à nos yeux où figurent encore leur visage, va aussi l’idée d’astres à rouir avec nos exactes mains, alors de s’être trop rapprochées de ces mêmes, nos cristallins se sont assombris et assombries nos naissances, nos désirs d’elles, c’est en cela que je dis qu’il faut bruler nos faces et qu’elles ne nous reconnaissent plus que dans un au-delà où elles cracheront à nos corps le chant rouge de leur corps qui nous était trop dissemblable.

A l’aveugle naissante
Mais de parole libre
Qui s’égrise en soupente
Des anciennes victoires
Antiennes en égouttis
Je dis la présence
D’un ocre plus ocre encore
Que toutes les sienneries
Que les heures innommables
De trop d’habileté
Le temps en des séances
De sommets enserrés
Contre les vents amers
Abrupts du souvenir
Et de mes altitudes
Que la plume corrompt
Je vois tomber
Toute la lumière bue
De nos vieilles semonces
Toute la lumière crue
Avec son zain pelage
Et les rochers et les cascades
Rougissants du déchet
De nos conspirations
A l’aveugle naissante
Avec son sacrifice régulier
Je dis que je comprends
Que je n’ai entendu
Que du vivre incendié
Quand tout ce qui baignait
En passé révélé
Valait par tous ses gestes
Et toutes ses semences
Et qu’en anniversaire
Ne me vient en sommeil
Que la veilleuse qu’elle est
Que la veilleuse nue

J’avais une Béatrice
D’un seul baiser changeant
J’avais un mal unique
L’inconscience de ce mal
C’est en sainte demeure
Que le désordre vint
Que l’incendie de perdre
Gagna sur mes sommeils
Que tous les éléments
La pourpre en crête d’or
Le ciel avide de roches
La solitude comme en traces retournées
Furent rendus à l’homme
En corps gelé qui prêche
En appui sur le sol
Que les mots sont pour vivre
Sont pour l’absente secrète
Sont pour ne s’alourdir
Que du bas tremblement
De la terre et des astres
Tels les fruits mûrs donnés
De la main à la main
Dans le reproche ou la distance.