Au jour le jour 380

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Au jour le jour 380
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Toujours dans cette scélératesse ces blasphèmes ces aubes rougies aux voraces couches des campements d’hommes étrangers à leur terre et au terme si haut que nul n’atteint encore des pics et des faîtes des lances des sommets saillants pour agiter l’ennui encore des pertes au prix du feu du temps avec ses larges plans ses plaies béantes et de toutes parts des extrêmes floraisons des promesses et des dotations amères puis cette femme sur la rive qui est une hôtesse inquiète de toutes nos quarantaines de nos quaternaires lorsque nous marchions dans des espaces réservés aux morts…



Terre la tant nommée avec tes textes et tes franchises le gel des mains qui serrèrent la sainte tunique le fief des aïeux qui ont avoué leurs crimes aux places baignées de limon noir avec leurs nuits ponctuées comme de sombres soieries où s’accrochent le soufre l’or des bêtes effarées prises dans leurs chaînes de schistes et de poudingues qu’on conte encore dans les livres immoraux terre de descentes de farces de faces peintes sur les murs gribouillés du nom des femmes aimées terre avec tes fleuves effrénés les cils rouges des insectes émailleurs de temps et de lavabos pris dans les obsidiennes les agates chamarrées terre ardente avec tes chambres dans les basses saisons voici que l’immense abîme des jours se prend dans tes impasses il ne nous restera que des souvenirs marchands pour les babioles de nos inconforts d’écriture et de psalmodie…




Après les libations quand l’attente était une solanacée violette et violente, nos rondes étroites sur quatre pas et jetons jetées n’étaient plus répercutées que dans nos sales ébriétés, lucides pourtant jusqu’à cette perception qui nous gagnaient en vieilles coques de papier que nous laissions aux rigoles habiles, nous écoutions alors les pierres sonores résonner de nos somnolences. Minuit fétide vint à nos racines, à nos membres, nous sommes fait pour le froid sommeil du gneiss, de la poudingue, cette vieille inanité qui veut que nous ne voyons plu le jour descendre nos abscisses à coups de canifs, et nos quarantaines sont des ensablements amers, nos songes avec leurs longs creux et plis comme en sureaux rabattus ne nous font pas l’iris plus étroit, et si nous nous risquons encore à la vue, c’est pour regarder tous nos inexacts points d’usure et d’amour. Prenant la mesure de l’aube à venir, nous quittons la nuit comme des voleurs étranglés de n’avoir rien pu saisir dans la maison des veuves qui nous enchantaient, nous ne voulons plus donner aux objets la forme du vent, de la mer, des hauts sites, notre panorama est une absence sans charme, sans convoitise nouvelle, et de ne plus vouloir être abimés, nous buvons nos soifs d’impermanence, puis nous nous endormons pleins d’illustres batailles où nous n’avons pas été rangés du côté des plus forts.


Silence ample qui nous assiège avec ses pauvres assises, ses illustres faces de bêtes innommables, tu nous tient serrés contre ces filles qui mentent à leurs plus hauts versants, comme tu nous occupes dans cette maraude dont elles ne veulent plus, chargées d’astres tombés à terre dans un fracas de pierres tombales, et qui sont les caducées de nos enfances, elles vont dans le silence, cette feuille portée dans la poche de leur pale paletot, à nos lèvres comme une cétoine percée d’azur noir, nos aventures s’embarrassent de mensonges inglorieux ,elles le savent, elles le taisent, et du talon à leurs tempes elles ne veulent plus de nos lampes sacrées qui ne ravivent rien de leurs souvenirs de nous. Ce qui nous arrive de loin, ce sont leurs mots de bout de course, comme des silences martelés au ras du sol ,au ras de leurs incertitudes, ces affleurements de crotale ne nous vont plus, nos mues sont devenues grossières, nous allons dormir dans un autre corps moins vaste, mais à notre mesure, c’est là que nous rougirons une nouvelle fois de nos balourdises, celles de ce temps populaire qui nous échoit, temps aux couleurs d’un corail qui s’étiole et meurt aux mains meurtrières, tant à héler celle qui  nous retiendra dans sa bouche, autant donner nos portions incongrues ,celles de nos caves et de nos greniers à des femmes qui nous aimerons pour nos armistices, nos interstices là où ces autres ne voulaient pas de place.


Hiver en traces de blondes poudrières, n’est-il plus à tes hauteurs les beaux recours du temps, le secours admirable des filles pour qui nous avions la bouche humide, grandies dans les espaces où vivre sous les arbres aux épices aromatisés est encore dans le regret de ne pas y être né. Notre mission est dans le mutisme exagéré, l’alliance d’une chair refusée en bordure d’une autre âme, celle qui n’est nôtre que dans l’ivresse à dire des mots inentendus, comme feints pour des merveilles au soir des rencontres universelles. A la pointe errante de nos insomnies, notre fronde est un sourire caché à demi, pour de demi rapports si mal entretenus, et dans nos maisons mortes nous ne rapportons plus que l’image d’une foudre fastidieuse, malvenue, courbés sous nos nivèlements, notre attente est dans le texte écrit sur le grand mur de l’absence autoritaire et autorisée, là où se consument, brulés à la chaux nos mots abjects, dits dans le hasard affreux du sacrifice incréé, par la voie du sang nous reviennent nos failles et nos lugubres familles avec leurs points levés contre nos soifs de liberté et d’outrance, puis la pourpre, le temps orageux, le froid avec ses coffrets poreux nous emmènent dans la nuit sur des routes où nous réintègrent les anciennes leçons de n’avoir pas appris à apprendre.

Les nuits sont devenues de profondes violences de mornes légendes avec leurs sombres officines de craie et de rayures leurs noires forfanteries le bruit est un dialecte obstrué par ces grâces adipeuses et tout amour levé dans le chant des griots est pour la femme couchée d’un repoussant  repos qui célèbre une science infestée de gloses roturières et crasseuses vieilles de tous les craquements de chair les amours cavalières ne sont plus sérieuses nos songes abouchent à des villes pillées étranglées d’un soleil froid les paysages sont de braise et de feu la droiture fournie est innommable et sur les barques qui nous emmènent vers des paradis contrefaits les contrées côtoyées nous ne sommes plus que des poulpes visqueux serrés contre des charognes…


Et c’est grande matière de dire le nouveau nom des hommes l’inquiétude et ses parages les passes des ans au tamis des inimitiés sincères et c’est grande matière ce sourire aux lèvres des filles ces ariettes ces gués bornés dans le jaillissement des chansons douces et c’est grande matière que ces enchantements de mots dans la bulbe des orages ces mots si coutumiers dans le désordre du temps dans la basse pénombre qui se coud des poches aux braies guerrières quand se jouent aux prés transitoires la folie et la gloire des humains vagissant et c’est grande manière cette tiédeur dans les plaisirs radieux pris dans le mouvement des verres levés contre le vide des mesures insensées les aigrisures égotistes et c’est grande matière que sur la terre encore nous versions dans les larmes nos saisons et leurs dates sans résonance…
Toujours dans cette scélératesse ces blasphèmes ces aubes rougies aux voraces couches des campements d’hommes étrangers à leur terre et au terme si haut que nul n’atteint encore des pics et des faîtes des lances des sommets saillants pour agiter l’ennui encore des pertes au prix du feu du temps avec ses larges plans ses plaies béantes et de toutes parts des extrêmes floraisons des promesses et des dotations amères puis cette femme sur la rive qui est une hôtesse inquiète de toutes nos quarantaines de nos quaternaires lorsque nous marchions dans des espaces réservés aux morts…