Au jour le jour 377

Le seul moyen d’oublier, de lutter contre le temps, c’est le suicide, un point c’est tout…

Nul autre que moi ne s’est tant projeté dans la mort, pour de petits résultats et des plus suspects.

La vérité est un ami qui vient à vous en malade et en repart paraplégique.

Comprenez bien que c’est ce commencement qui n’aurait pas dû avoir lieu, je vous laisse imaginer ce qu’il en aurait suivi.

Perplexe après des heures d’écriture, et sans que j’y ai retouché quoi que ce soit, je me dis que l’existence aurait été parfaite ainsi, chiante et linéaire dans cette identicité…


À l’ombre de moi-même.
et de tout projeté
nulle arme n’est efficace
qui tinte du passé
et le silence ardent
aux longues traînées de pluie
apporte la méprise
et la voix qui mentit
propose moi encore
de dormir contre toi
avec mes inquiétudes
au titre de tes nuits
et je serai rayon
et je serai l’ennui
sur les canaux des sens
d’une eau tumultueuse
et la noirceur tachée
sera à tes abords
quand je m’assoupirai
aux buissons  de stupeur
qui brûlent par les mots
dictés par un sauveur.


Au parti pris de prendre:
je prendrai un anneau
une fibre et un bouquet
la fonte des tisons
les nombres syllabiques
les six balles du colt
et la Jeanne au bûcher
a la suie navigante
au parti pris de prendre
je prendrai un ami
lui dirai qu’il est fou
avec ses ongles bleus
ses plumeaux de nuages
en tignasse peignés
comme chien de berger
qui ira aux alpages
avec ses agnelets
et je vous parlerai
par là où vous savez
de l’indécence extrême
des couleurs terminales
carmin et orangé
par l’escargot ouvert
et qui  a tant bavé.


Accordez du crédit
à la mort et aux astres
aux maisons sans caractère
à toutes les cataractes
au wasserfall  qui tombe
comme une hallebarde
accordez du crédit
au temps et à la montre
aux pas de ce renard
qui refaisait le monde
au cousin du blaireau
pilote blessé débile
qui voulut traverser
la coquille et l’essaim
accordez du crédit
aux morts individuelles
aux fontaines sonores
commentant même le ciel
là où pénombre vient
au cerveau de la nuit
goulûment en maîtresse
au giron de mon âme….


Par où vient la peur de se ressaisir vient aussi celle de s’aliéner. 


Tous ces amis que j’ai déçus s’ils avaient combien je suis resté vaillant  dans mon outrecuidance.


J’aspire à  un destin irrespirable.


Peu de jugement que je n’ai portés et qui ne m’aient conduit à de la dégringolade.


Exister c’et se disqualifier par son goût pour du définitif.


Je me suis toujours étonné de mes façons subites de réfléchir abruptement, qu’il me semblait que mon cerveau tout entier entrait dans la déchirure.


Au nombre des noirs soleils
tu es ma courtisane
le visage moins abrupt
que si tu eusses connu
la terre et l’infini
avec son mouvement
de quartiers
d’entrejambes
d’austères lunaisons
et qui sont aux abords
des copies du tombeau
au nombre des morts lentes
tu seras l’encensoir
le poudrier  d’argent
noyé dans la tourbière
le long mouvement
du lit de la galaxie
resté tout en arrière
au nombre des astres bleus
tu me seras nuées
en idiotie de corde
et qu’il faudra nouer
autour de mon cou raide
sous l’arbre des pendus.


Dans les jupons de l’Atlantique
attendent les racines
comestibles de l’avenir
elles sont droites
comme des drapeaux sentencieux
malheur aux barbes blanches
de la Toussaint à la Noël
avec leur litige de feutrine
et qui bondissent
sur les cyclomoteurs
avec des lunettes hybrides
et un casque vert
personne n’est dupe
de leur comportement
mais tous les acclament
dans la rumeur et dans la vapeur
d’un steamer homogène
qui longe le Mississippi
et sur lequel lancent des pieds
Tom et Huckleberry Finn


Le ministre du deuil
a un cheval cagneux
puissant comme un tremblement
et noir d’un extrême noir
il lorgne  en un miroir
la robe de la mariée
qui est en feu
dans l’escalier
la mariée est une bigote
bigoudène de surcroît
qui fait un rire de nez
au curé sur sa chaire
où montent les brebis
en tenue de dimanche
puis c’est le sacristain
qui lève  trop  haut son pied
son pied devient un pélican
le pélican s’envole
il défèque sa fiente
sur les ouailles rassemblées
et qui ne donnent plus d’obole…


La race confortable des guenons mythiques passe ses jambes autour du cou d’un lévrier, et la droiture extrême des membres inférieurs  leur sied mieux qu’une chaise, un fauteuil estropié, et moi qui les regarde, leur écris des fadaises ,je suis l’ivrogne né pour verser des balivernes à ces chères dames éprises d’un cacochyme qui remue ses talons aiguilles , voire  même dans la glu, à toutes je dis un salut avec   mes apprêts rouges, avec mes argiles, mes mots insoupçonnés, ne venez  plus à mon encontre, dans mes décombres ,à mes lèvres verser dans votre sale désespoir, restez dans vos impunités, quand la nuit tombe comme un  coma salutaire, ne  vous déshabillez plus pour moi en chairs ténues, ternes et terreuses, selon que vous soyez dans la quarantaine, la cinquantaine ou dans l’éternité, allez voir vers des centimètres plus hauts…