Au jour le jour 366

Il est bien des désirs
qui conduisent à l’amour
avec ses trucs ses bintz
et ses manchots
on croit s’y épanouir
c’est panure et prison
les tisonniers d’hier
sont des tripes de raison
on le voudrait serein
on en paye le prix
on est dans son bon sens
il déchire notre note
on lui laisse
pousser les ongles
il déchire notre bouche
c’est apprendre qui le fuit
je pense qu’il faut
le laisser là où il est
dans le corps de cette dame
qui a du ciel à voir
du chien
et tant de chats à nourrir.


La sœur humide et folle
au grand parfum de menthe et de lilas
est de blondeur céleste
avec ses battements
d’ailes  de colibri
plus rapides
qu’un mirage ou qu’un ace masqué
comme elle traverse
toutes les propriétés du ciel
à la vitesse
de la flamme décidée
on ne peut pas l’apercevoir
et sur la pente raide de devenir
c’est une excroissance
qui donne l’illusion
de ne plus nous faire respirer
de ne plus vivre
on se permet alors
quelques déclinaisons
quelques déraisons aussi
moi ma peur de la paix
est cette tisserande
qui ne m’attend pas…


Mon frère aîné
qui a renoncé
à son cerveau
est d’un blanc néant
avec des mains satisfaites
de se retrouver dans la farine
la farine lui monte au nez
elle n’en est pas
son nez s’allonge
prend la forme d’une bite
le voilà qui devient
une bite toute  entière
il s’habille à présent
d’une baleinière
pour aller   voir sa mère
à qui il ne renonce pas
elle a un  tiroir-caisse
vaste comme son immense maladie
comme  il ne manque pas d’air
qu’il y voit encore clair
il prend toute la marchandise
soutient que nous l’avons perdu
de vue nous sa seule famille
puis ouvre un salon de thé
où l’on sert de la poudre d’or…

Mieux qu’une olivette  de flamme
une olivette de femme
avec des axes familiers
et des nichons balais
celui qui la trouve
il la garde  pour lui
il s’encanaille avec elle
elle est son  pavé
son thermomètre
son  cran d’arrêt
son chien de fusil
et si vous tirez
il ira mourir
près d’un vieux téléphone
qu’il a sorti du placard
pour mieux mordre
aux hameçons de la discorde
je me mets dans la peau
de cet homme
c’est un passant
tout comme moi
alors je passe…

Et les pierres ordinaires
sont mises sur nos chemins
qui s’étirent et qui luisent
au soleil du matin
chacun reste dans l’ardente
inertie de derrière
et de  mordre à la vie
c’est comme en cimetière
comme on met en étui
un couteau aiguisé
il tournera cette chair
de peine océanique
de motifs entretenue
par tant d’autres blessures
moi je vous attendrai
dans les livres les mots
aux gradins les plus hauts
je serai calme et
serein en sommeil tiède
et vous direz  alors
cet homme fut de  mon temps
et vous vous souviendrez…


Moi qui ne suis debout
qu’en de sombres effets
j’attends un moindre mal
dans mes obscurités
la repentie d’argent
en  fautes et  en  idées
et la nuit qui me mord
m’est  pourtant destinée
j’avale un  vain progrès
dans le sommeil insane
des maisons de repos
en pourquoi de moi-même
ou d’un nouveau tombeau
et je n’ai de silence
qu’aux mornes Atlantiques
où se sont déversées
nombre de mes suppliques
ces journaux dérisoires
qui sont espaces de nuit
dans un domaine qui meurt
et où je n’ai dormi
qu’aux étoiles incertaines
comme on va au chagrin
et pourtant j’ai le mal
de tous les lendemains…


Luttez pour le grand jeu
des psaumes des Évangiles
vous les brebis charmantes
qui ne se terrent plus
avec vos jambes humaines
vos bouches saugrenues
et sous le ciel convexe
faites danser vos danses
avec vos grâces folles
comme le sont  les outils
les outils s éternels
que des mains ont saisi
pour un bonheur paisible
pour bâtir des autels
aux extrêmes indécences
ces rasoirs du sommeil
en soi-même dissonances
luttez pour mieux crever
dans le doute et  absence
pour tout infect lieu
infesté de lumière
où se sont inclinés
ceux qui donnent la main
pour un baiser mortel
où qui dorment
sur une croche.