Au jour le jour 356

À l’extérieur
tout à l’extérieur
les compromis
au ventre  d’insectes
s’entorsent de bourdons bleus
el les vendeurs de journaux
s’habillent de blanc
c’était au  siècle dernier
siècle inventé d’opium
et d’absinthe
de jours fumables et enfumés
allez ouste
tout ça ne repoussera pas
on a beau renverser les balises
les Argos ont les yeux vieillissants
et les antennes paraboliques
vont aux vendanges de nuages
électriques avec un sarrau de paille
confectionné par des chiens
faiseurs d’aluminium
et pisseurs d’albumine
l’aluminium sert à la confection de  pianos
les pianos
on y bouffe de la merde
la merde court à l’hôtel
avec son chibre mou
sa culotte de cheval
et le monde est optimal…


Pisseurs de bromothymol
arrière à l’agora acide
arrière à la procréation
de cachalot vomitif
arrière avec vos prudences
vos comparaisons
d’infirmes cannibales
aux bonnes heures du jour et de la nuit
je crève d’un foin guerrier
dans le pré carré
qui est un enfer à mon goût
n’arrêtez pas les marées
les chapes de plomb
d’accréditer les lignes
qui portent encore
des extrémités et de la blancheur
et qui s’annoncent
avec du lait en poudre…

.
Est étrange tout ce qui vient de moi et va à votre vie lointaine, mes mots de me protègent pas de votre  souvenir, je passe chaque jour de l’attestation au discrédit de vous, des vibrations de cette terre du moment, à celles qui ne sont que fourmillements,  vous apprendrez encore de beaux jours, et je vous écris dans la plus vaste des solitudes que le temps n’a pas limité ma dépendance, que rien de mon allègre amour n’a disparu, qu’il est disparate , certes mais certain, je l’affirme, il est autant présent les jours bleus ou gris selon les idées du ciel,   il passe en retrait par mes lèvres pour se  développer ailleurs, là où peut être vous vous enveloppez ,moi j’ai peur de chaque lendemain, d’un grain, d’un révolver et d’une corde..

Je me suis prémuni contre toutes les formes d’objectivité qui ont tenu de l’aveuglement et de la misanthropie.


J’ai conscience que la parole ne m’aura servi ni par son humilité ni pour des humiliations, pas plus que par ses expansions.

En fait, il ne s’agit que d’être, le reste n’est que constructions en chaîne et à la traîne.

Le langage se construit entre quelque chose comme le corde et l’échafaud.

Que sont les lois du genre quand le genre est malsain?


Atypique par ce langage dont j’ai été le jouet, je ne veux plus me plier à ses absolutismes sans en avoir éprouvé la logique et le bien fondé.

De sorte que n’ayant plus de sujets à aborder, je me noie dans le contenu de cet abandon.

Je ne prétends à rien d’autre que de vivre en le sachant.

Nous sommes tous des incidents techniques dans le grand exercice de l’univers.

Tout ce qui est mis en œuvre m’écœure, et son fondement même m’apparaît comme la trace suspecte que veut laisser l’homme comme après avoir reçu une correction.
 
La fondation même de l’être se confond avec la suffisance d’un dieu qui a traité la matière avec l’inattention d’un infatué.

Toutes les transitions avec leurs couches délitées m’apparaissent comme une limite à mes dérangements.

Où que j’aille, du terrestre avec son débraillé de failles et mes renoncements.

Vivre quotidiennement avec la gueule d’un employé !

Ne me faites pas croire que toutes les nuits blanches se passent dans un sous-sol !

Je ne parviens pas à faire réellement faillite, il faudra que cela figure sur mon épitaphe.

J’aurais mieux aimé que la vérité n’ait rien à voir avec nos viscères.

Est-ce que tout ce qui inconçu nous donne toujours le sentiment d’être en état d’ébriété ?

J’éprouve, et déjà j’enfreins.

Comme il est aisé de tout discréditer lorsqu’on a rien placé de haut.

La douleur aussi entêtante soit elle est le seul tête à tête qui soit tolérable.

Ayant passé ma vie à élaborer des foutaises et des énormités, je me demande comment j’ai fait pour n’être pas plus fourbu !

Les convictions sont les formes hideuses des bréviaires de notre idéal.

Je ne m’indigne pas qu’il n’y ait plus rien à créer de beau, je m’indigne encore d' y croire exagérément.

Si je n’ai plus de goût à rien, je le dois autant à mes déficiences d’homme, qu’à la carrière que j’y fis.

Tout ce qui paraît d’éclat a souvent un profil de visiteur.

Que l’on développe la peine des inconsolations !

Que celui qui m’approche le fasse à plat afin qu’il me donne le sentiment que je pourrais ramper jusqu’à lui dans la position d’un tireur couché qui ne viserait à aucun sommet.

La réalité et le ridicule n’en finissent pas avec leurs intentions.

Aveuli, cette évidence je la dois autant à tout ce que j’ai conçu de superflu qu’à mes versions de portefaix.

De l’autre côté de la vie, peut-être quelque chose à creuser ?

Toutes les époques ont eu des crétins couronnés.

Mes mouvements quand ils m’inclinent sont les seuls gestes que je considère comme efficients.

Le sérieux entre parfois dans la connaissance par la porte du mystère et en ressort par celle de l’esclavage.

Ma curiosité date d’un autre âge, de celui on l’on se consternait de la plus petite de ses anomalies.

Combien je déteste toutes ces performances qui ne sont pas nées dans l’après coup d’une misère céleste.

Faire carrière dans la déception, et redouter ce qu’il y a de pénible dans l’insulte.


S’humilier en écrivant comme un enragé du verbe, qui compatit mais n’émerge pas.


L’heure est à la performance du cliché.

Nous réussissons si bien dans l’erreur et le faux que nous pourrions en faire une recette.

Entre les vertiges que provoquent les trouvailles, et la douleur d’y laisser des nuits, de l’étonnement et du leurre.

Mon indécence n’est singulière que dans l’imitation et l’émerveillement.

J’ai beau multiplier mes gestes, ce sont toujours des coups d’essai.

Il y a des jours où je m’épuise à ne rien faire d’autre que mon sauvetage.

Toutes les passions ont ceci d’exemplaire qu’elles conduisent au martyre.

Aussi présent et patient qu’un décharné sur un lit d’hôpital et qui pousse le cynisme jusqu’au regret de n’être plus anémié encore.

Humeur d’ancêtre dégénéré, de souverain gâteux, gâché par la douleur, difficile de mieux s’acoquiner au monde.

Le sérieux est à mon sens la forme exagérée d’un surmoi.

Ciel gris, lourd je remâche ces nuits où le ciel était bas et où je fermais les yeux pour ne pas me concevoir en esclave.

A chaque mot couvert correspond un texte grinçant, une épitaphe, de quoi nous compromettre, où simplement une déception appliquée.


Malheur à celui qui se croit sauvé et s’infecte de cette réalisation en la désignant comme périlleuse.

Invariable jusqu’à en faire du symptôme, le plus bas de mon existence, je dois à cette fidélité de m’être dépourvu d’illusions.

Dans cette trentaine pour laquelle je n’ai pas d’égard, je me signale par des reculades et une consternante sincérité.

La lettre nous sert-elle à des accommodements ?

Sans imagination, je dois à mes ébriétés d’avoir levé en moi quelque espoir, de quoi rêver, mais petitement.

Mon malheur est un malheur normal, c’est cela qui doit m’emmerder !

Mon incompétence à la vie aura été mon obsession la plus justifiée mais la moins quantifiable.

Je ne veux me sauver de rien, je m’applique pourtant à n’avoir pas l’air de ce suspect qui a élaboré des systèmes d’obscurcissements.