Au jour le jour 352

Toute œuvre invente un nouveau monde qui se régénère en elle.

Toutes les exigences de mon corps se fondent en dehors de la parole; je me tais et je suis, mon salut est dans ce tassement

Il y a tant de terreur en moi que je ne sais plus où projeter ce qui me dépasse, et consent à tonifier mon cœur pour des accords ou des élans.

Dans la discrétion des solitudes, le silence apparaît comme la pointe empoisonnée des orgueils, le pic des vanités.

Notre indéniable fonds de décomposition éthère ce suicidé perpétuel que nous sommes, et qui ne s'altère que dans ses liquoreuses vapeurs.

Crier est de l'ordre de l'hémorragie d'un corps dissocié, où le sang atteste qu'on est toujours trop loin de tout, en adhérant en n'importe quoi de l'existence.

Mes replis atteignent à l'agonie quand mon instinct tire vers le néant ses verticalités, virtualités d'un autre moi.

Du lointain à venir où s'élaborent mes vides, je n'ai aucune image, me restent les niaiseries liées au prestige d'y penser avec des métaphores.

Je me suis arrêté entre la réussite et la tentation qu'offre le jeu de ne pas y parvenir, je me suis transformé en générateur de hâte, je me désole aujourd'hui de ne m'être davantage acoquiné à ces virtuosités.

Tout en moi, prête à l'impureté et à l'impunité qui y est associée, nul ne sachant d'où toutes deux sont issues, me voici en possession d'un secret pesant et innommable.de peurs; je m'y suis englouti, reste l'onde pour en dénoncer toutes les noyades.

Et pour ne plus me pencher sur moi, je me suis inventé des lordoses...

Indigent, de tout et en tout, seules me restent les larmes pierreuses de mon corps.

Abandonnant tout et tous, vers quelle ignominie je cours et qui m'agrémente en rien?

De quel esprit endolori et qui circule en moi, naît ma pensée, aussitôt dissoute quand elle se vautre dans mes profondeurs.

Tant de constructions mentales qui s'étagent dans cette même incompatibilité qui fait tragiques les maladies et impossibles leurs guérisons.A trop prier, je suis devenu un parasite de Dieu.

J'accuse le monde de vouloir que je me dérobe à lui.

Malheureux, voilà mon seul présent, faudra t'-il que je vide mes veines pour en goûter l'authenticité ?

Me reste le dérèglement des sens pour m'user désespérément, jusqu'à ne plus pouvoir me servir de mes armes; discernement et raison, pour de grossières évasions à commettre quand je me suis appuyé sur les excès, tous les excès qui mènent à l'impatience et à l'impertinence et qui ne m'ennuient pas.

Un supérieur ennui, pour la plus noble des maladies.

C'est dans une répugnance ininterrompue que je vis, répugnance des êtres, des histoires, des mots, des humaines chiotteries; seule ma santé me permet de ne pas sombrer dans leurs infernales insalubrités, superficialités de ceux qui sont sans mal.