Au jour le jour 344


Laissez-moi
au désir de l’autre
avec sa neutralité
et son mercure froid
je souligne le gris 
qui  est au fond de mes poches
d’un octobre faillible
les mots me font courir
vers les faits et les bois
la fronde des saisons
s’étale mes papiers
dans cette ligne de savoir compter
les jours sont en  éventail
dans  les mains de ces femmes
qui avaient une mouche au front
une autre à l’épaule droite
la cent vingt septième
et venue me voir
avec son aigrette
dans sa demi-lune bleutée
j’ai cru à un chantage
j’ai refermé ma porte
et je me suis mis à mal.


L’âme faible veut dormir
au cul léger
de l’aveugle amour
ce sauvetage
aux lorgnons de solitaire
avec ses vieilles sculptures
comme du cartilage
moi mon dieu
me colle à la peau
comme un chien ratatiné
et me savonne le dos
à grands coups
 de becs de falaises
derrière chaque cervelle
il y a un engloutissement
moi j’attends les dimanches
qu’un bateau se mette à quai
dans la tristesse
de ses nerfs merveilleux
j’y mettrai mes rumeurs
les cormorans que j’utilise
pour chouriner le cœur
de celle  qui veut
se rappeler l’antienne
sont de mauvais augures…


Cette même qui est assise
sur les genoux de mon impudeur
elle a le ventre dévoré
d’un feu à ratatiner les moulins
comme un carillon
au sexe de foin séchant
merci de partout
 dans mon pays on construit
des corvettes des corvées
des pilules de cent  mètres de long
merci une fois encore
pour les suppôts
de ce Satan transitoire
et pour la vache folle
qui crève avec ses vastes plis
sous le contrôle d’un vétérinaire
vétéran d’une guerre sans nom
son pantalon humide
sèche dans  la cuisine
je suis né déchiré
du côté de la molette
et de mon funeste frère.


Les pendules de l’existence
le sont moins pour le sexe
billet d’infatuage
Antigone est
à l’idéologie
dans l’ après-midi de s’agrandir
en cale sèche d’inutilité
mon toubib fait des miracles
il rafistole les seins
des souris pathogènes
danseuses d’opérettes
de façon hygiénique
ceux qui sont nés sur une île
pissent bleu et dru
ils fument des pipes à l’envers
leur biroute
fait le tour du monde
de mauvaise humeur
en une heure de temps
puis revient sur le canapé
avec un air de marin
dans une cervelle savon.

Nom de Dieu
jetez moi au  visage
des sacs des ceintures
des bretelles d’étranglement
j’en ferai
des cartilages pointus
que je vendrai
à ceux qui se réchauffent
sur les chantiers
j’aime le coup de grâce
du kilowatt
il me survolte
je pense  aussitôt
à cette amertume
tube de grandeur
qui demande l’heure
à la manière d’un horloger disert
qui a bouffé du rat
dans la colère de la guerre
moi je reste dans mon pelage roux
je change ma  montre de poignet
et je vous dis qu’il est temps
d’allez vous faire foutre…


La relativité des choses
a une tête de hibou
le hibou gesticule
comme un vieux cerf-volant
dans un ciel malade
d’être en couches
disert nerveux
l’air est semencé de chiures
et certain que je connais
l’apprend dans le travail anormal
oui j’ai vu des vaches maigrelettes
aux ceintures vertes et jaunes
dans d’autres propagandes
au pied du pentagone
piliers de bar ossus
avec des ventres d’aérostat
certaines automobiles
les écraseront
et je rirai
parce que le rire est un
fruit sur et mûr
et ce sera la naissance
d’un nouveau dégoût
quant à vous chère petite armatrice
j’aimerais qu’un monstre marin
vienne  dans votre vie
et vous emmène dans ses profondeurs.


En souvenir de ceux
qui sont partis pour l’ouest
je couds à mes paupières
un rire d’ange et d’onagre
qui fait sa valise
et je vais violoner
dans les parties basses et sylvestres
là où l’amour
est la partie de la punition gauchère
de notre civilisation
d’ambrassadeurs et de nains
inutile d’ajouter
que j’apprends le sommeil
dans l’aumône du célibat
je n’ai encore abattu personne
mais ça viendra
avec une nouvelle aspiration
j’entendrai l’eau et ses sourdines
à la respiration
de ce petit monde
qui ne m’a pas laissé nourrir
mes singes et mes perroquets
et ma petite chérie
dira que j’ai bien fait.


Me sens tu me vois tu
au vol d’essai
toi mon ancienne amoureuse
au printemps épanoui
avec  tes seins de savon bleu
qui étaient couleur  de feu
de vent de contre-allées
à mes mains automnales
les arbres s’étranglaient
derrière les mêmes qu’eux
et nous partions droits
dans les forêts
ta chienne était en tête
avait nom de poème
n’avait plus d’odorat
perdait à même vue
ses poils et sa carrière
elle s’endort enroulée
sur un tapis de feutre
et je la regardais
comme on regarde l’autre
avec mes yeux de paille
au visage de l’aimer.


À mille lieues d’ici
je vous le fais savoir
je vais déraisonner
pour du  déguisement
j’excelle dans l’avenir
qui décidera pour vous
vos sabots seront sabotés
vos paumes pommées
vous poires auront
la tête d’un roi mort
mais pas décapité
on verra sur les billets de banque
les nichons de la belle épousée
à qui on a donné
d’excellents conseils
à l’inverse de ces écolières
aux oreilles de vent
qui vont à la confesse
averties de leur vertige
au sarrau bleu
moi mon style correspond
à celui d’un  insecte blanc
qui  bouffe le temps présent.


Moi je peux vous aider
à vider votre bidet
à éloigner le vent
la flamme pétrolifère
le son du téléphone
la terre avec ses grandes
portes à trou unique
et porter votre religion
je peux vous aider
mais vous m’aiderez vous
à ne pas m’époumoner
pour ces mortes amours
qui sont venues de vous
au nombre de ma vanité
cette variété du sentiment
qui schlingue le capitanat
oui j’écris sur les murs
votre rire renouvelé
et vous dès lors
que faites-vous de mieux
dans vos années de répartie
que de prendre chambre
dans un autre  cœur
de branle et sans chambranle
balayez votre cour
et moi je payerai la  note.