Au jour le jour 339

Aux miroirs des maisons
Les présences extrêmes
Dans l’éclat de la nacre
De l’orgueil soutenu
Vont les visages tristes
Des hommes dont la terre
Fut exquise à leur corps
Sans nulle retenue
Que d’aller s’encombrer
La nuit en des prières
Dans la forme du vent
Du sable des nuées
De la haute fougère
Bleuie ayant souffert
Des averses tremblantes
Et tant de regarder
Son image au témoin
De cette double face
Qu’est l’avenir lointain
Il pense que la  méprise
De vieillir n’est si grande
Que de ne pas souffrir
Dans l’ardente clarté
Qui va de l’homme à l’homme
Quand il n’est pas roué.

Parmi les étoffes bleuies au sang des retardataires et les queues de renard, la définitive animale qui s’essuie le cadavre de l’âme avec des chiffons sales, est mûre comme une qui aurait crépité sous des doigts de faïence, la voilà dans la fierté violacée de ses printemps vitreux, elle s’y élèvera, verra poindre le soleil avec son tablier blanc en jets sur les toits, dans une ville d’ébène et de boue, d’anthracite et de chaux, ses robes seront sollicitées par des mains adroites, sa colonne sera raide, droite pour des avancées nocturnes, elle marchera dans l’exact pas qui n’ira à aucun écueil, ceinte d’une mandorle dorée projetée contre le noyau de mes reproches, celui d’une nature mal élevée et ses baisers auront l’attraction de tous les engloutissements, de ces moments où j’ai trop bougé en elle, voilà que je deviens une traverse métallique, la part rigide d’un balancier, un bloc de granit pour l’expérience du feu, de la coulaison, mes lois vont du regret à l’abandon à trop faible distance des autres qui ne me tenaient pas pour coupable, et c’est ainsi que les suites s’épuisent…


On s’attache à ses rebuts comme pour traîner ses obscurités, ses obscénités , ses stérilités loin des époque où l’on confondait mourir et mûrir, et notre sang s’est répandu dans les orties et l’or des épines aux jours crayeux de devenir, nous sommes venus à bout de nos fins poignets ,en y nouant des cordelettes et des lacets, que des mutilés de naissance se liaient aux genoux pour ne pas choir, et tels autres sont toujours dans le grondement d’un âge où la glaise et la boue ne referment pas les cicatrices, comme ces cataplasmes que nos aïeux s’appliquaient à leurs chairs meurtries, et dans nos visages, nous les hommes pillés d’une tendresse mal entretenue, vient le bourdonnement de la cendre des arbres contre lesquels nous avons gravé le nom de celles qui sont allées trop loin.

 
En murailles d’idées
L’univers se détache
Et la mémoire enclose
Aux nombres des durées
A de sombres revers
Comme des tours jumelles
Où les ombres les livrent
Amassés dans les siècles
Brûlent en plaies infinies
Comme tonne le temps
Ce bout doré de nous
Qui aux larges poitrines
Déploie un monde faste
Large ouvert soutenu
D’indicibles ardeurs
Qui viennent d’honnêtes hommes
Jetés dans le noir souffle
Où les saisons se couchent
Pour y trouver la fin
D’une mesure seconde
Dont la cible est le poids
De nos morts annoncées…
 
Au chagrin où tu défailles
Se veut une autre ardeur
Que vivre humblement
Comme une bête laborieuse
Dans l’alpe aux mouvants âges
Là aussi le rappel
De nos humanités
Ondule de noirceur
De beautés douloureuses
Et chacun à sa vie
Porte la connaissance
Dans l’unique dessein
De ne pas s’obscurcir
D’un autre que lui-même
Qu’il n’aura pas surpris
Dans les remous où bougent
Les vides considérables
La lumière au front bleue
Des antiques merveilles
Qui tantôt chantent l’ordre
Tantôt le fond des lieux
Marins où se déversent
L’origine de vivre
Et celle de recouvrir
Son corps de souvenirs
Plus brûlants que des cierges.


Et Parme nétait pas loin
et Burges était bruyante
à la table des rats
je te voyais fuyante
ma taille n’était pas haute
à tes hautes futaies
et tu fuis regrettable
à mes petits forfaits
tu m’es de belle estime
comme un tison de pierre
mais menteuse submergée
par ses desseins d’hier
moi à toi convenu
tu vins jusqu’à mes bras
pour célébrer ton corps
à d’anciens célibats
tu vis en moi un homme
de regrets de prières
que tu voulais tenir
à tes nobles frontières
or je n’ai ni le poids
ni la carrure entière
de ce que tu recherches
pour de nobles combats
je ne veux pas t’abattre
une pierre à ton front
je ne suis pas David
pas plus caméléon
je veux à ce jour même
célébrer ce seul soir
où tu vins à mes bras
comme en un ostensoir
et à te voir comblée
dans tes ravissements
j’ai cru la terre entière
à tes ressemblements…